Compte rendu publié dans Acta fabula (novembre 2019, vol. 20, n° 9): Christine Jérusalem, "Le fabuleux destin fictionnel du fait divers".
Frédérique Toudoire-Surlapierre
Le Fait divers et ses fictions
Minuit, avril 2019
192 pages
ISBN : 9782707345448
18.00 €
Un livre peut-il nous faire changer d’avis ? Le fait divers nous donne à le croire. En nous interrogeant sur les rôles respectifs de la littérature, de l’écrivain et du lecteur dans la société contemporaine, il nous montre à quel point nos opinions sont malléables, changeantes mais surtout réversibles.
Dans cette rumeur collective que constitue la circulation des opinions, une voix résonne tout particulièrement, celle des faits divers parce qu’ils sont précisément un moment de prédilection du partage et de la manipulation des opinions. Le pouvoir de conviction du fait divers découle de sa puissance intrinsèquement fictionnelle.
Et parce qu’il est un enchaînement, parfois horrible ou sordide mais toujours impressionnant, de péripéties inattendues et spectaculaires, le fait divers est la preuve que le réel est narrativement orchestré et que nous avons bien raison de nous représenter le monde comme une fiction.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"La littérature et les criminels", par Marc Lebiez (en ligne le 18 juin 2019)
Dès lors qu’un écrivain prétend rendre compte du réel, la tentation est grande de se confronter avec ce réel brut qu’est censé constituer un fait divers – c’est-à-dire un crime. Les naïfs diront qu’il a manqué d’imagination ; les instruits feront remarquer que le plus brut des faits divers contient déjà beaucoup de littérature, même si ce n’est peut-être que celle destinée aux pauvres. Entre le réel et le fictif, la frontière manque pour le moins de clarté.