Figures historiques et mémoire(s) collective(s). De l'usage des héros en contexte colonial et postcolonial (JE doctorale)
Dans les romans, dans les chants, à la radio, au cinéma, ou même dans les séries télévisées ou sur internet, les figures héroïques constituent un thème privilégié des productions culturelles du contemporain. Dans quel régime d’historicité ces œuvres et ces récits s’inscrivent-ils ? De quels imaginaires collectifs sont-ils le reflet, et en retour, comment ces textes au sens large structurent-ils les représentations du passé ?
Cette journée d’études doctorales s’inscrit donc dans une perspective résolument transdisciplinaire (histoire, histoire de l’art, littérature, anthropologie…), et vise à éclairer l’articulation entre le récit historique et la construction identitaire. Prenant acte qu’il n’est de communautés qu’« imaginées » (Benedict Anderson), il s’agira d’analyser la part de rhétorique inhérente à ces imaginaires. Dès lors, l’enjeu est de démêler les relations qui se tissent entre mise en fiction, mémoire historique et représentations collectives. La question n’est pas de jauger le degré de véridicité de ces récits, mais plutôt de souligner l’efficacité pragmatique de leur pouvoir performatif ainsi que leur réinvestissement symbolique.
Nous nous intéresserons à des figures issues de sociétés coloniales et postcoloniales (Antilles, Afriques, Asie). Par figures, nous entendons les « héros nationaux », grands ancêtres ou pères de la nation, qu’il s’agisse par exemple de conquérants ou d’empereurs précoloniaux, de résistants à la colonisation, d’acteurs des indépendances, ou des « hommes – et des femmes – illustres » des sociétés postcoloniales. Les producteurs de cette mémoire en action sont pour le moins divers, depuis les hommes politiques et les leaders d’opinion, jusqu’aux acteurs subalternes, en passant par les artistes, les détenteurs des savoirs locaux, et les intellectuels. Dès lors, les discours eux-mêmes appartiennent à divers registres, tantôt officiels, tantôt informels, et font l’objet de différents usages et modes d’appropriation qui transcendent les catégories binaires de « populaire » et d’« élite ». Seront particulièrement appréciées les communications portant sur une figure particulière, ou sur un « panthéon mémoriel » dans un pays ou une région donnée. Les communications plus transversales ou théoriques, portant sur le lien entre la construction des discours historiques et les usages du passé, seront également examinées.
9h-9h30
Accueil des participants et présentation de la journée (Florent Piton et Elara Bertho)
9h30-11h
Pères de la patrie et héros nationaux
Hoang Thi Hong Ha (Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative, Université Paris Ouest) : Le culte du héros Tran Hung Dao et le rôle du héros dans la société vietnamienne
Milunda Kombila (Ecritures, Université de Lorraine) : Figures historiques et mémoire collective : le cas de Barthélémy Boganda
Otata Hance Wilfried (Ecritures, Université de Lorraine) : Les figures historiques dans la fiction contemporaine camerounaise : le cas de Ruben Um Nyobè dans Remember Ruben de Mongo Beti
11h-11h15 : pause
11h15-12h15
L'Emir Abdelkader : une figure historique et ses mémoires plurielles
Laure Demougin (Université Paul Valéry Montpellier 3, Université de Laval) : La figure héroïque d'Abd-el-Kader, entre la presse coloniale du dix-neuvième siècle et La Dernière nuit de l'émir d'Abdelkader Djemaï
Kaoutar Harchi (CERLIS, Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle) : Figurations littéraires de l'héroïsme national en situation coloniale et post-coloniale. L'Emir Abdelkader dans l'œuvre littéraire de Kateb Yacine
12h15-14h : déjeuner
14h-15h30
Des mémoires nationales aux mémoires transnationales
Lorenzo Mari (Thalim, LabEx TransferS) : Entre "mullah fous" et mullah faux. Représentations de Sayyid Maxamed Cabdille Xasan après la décolonisation de la Somalie
Marine Cellier (CIELAM, Université Aix-Marseille) : Un Marron pour ancêtre. Makandal, figure de la résistance noire et héros caribéen : l'exemple de Las metamorfosis de Makandal, de Manuel Rueda
Fernanda Vilar (Centre de recherches en Littérature et Poétique comparées, Université Paris Ouest) : La reine Ginga, ou comment les Africains ont aussi construit le monde
15h30-15h45 : pause
15h45-16h45
Mémoires visuelles : les héros en image(s)
Armelle Chandellier (CESSMA, Inalco) : La représentation de Mao Zedong dans l'art contemporain chinois ou le symptôme d'un malaise national
Mathias De Groof (University of Antwerp) : Raoul Peck et l'iconographie de Lumumba
16h45-17h30 : Clôture de la journée
Comité scientifique
Xavier Garnier, Professeur de littérature, Thalim, Université Sorbonne Nouvelle
Odile Goerg, Professeure d’histoire, CESSMA, Université Paris 7 – Denis Diderot
Pierre Halen, Professeur de littérature comparée, Ecritures, Université de Lorraine
Dominique Ranaivoson, Maître de conférences HDR, Ecritures, Université de Lorraine