Compte rendu publié dans Acta fabula, dossier critique "Situer la théorie : pensées de la littérature et savoirs situés (féminismes, postcolonialismes)" (octobre 2021, vol. 22, n° 8) : Lola Marcault-D., Lecture psychanalytique ou féministe des textes littéraires ? L’histoire d’un débat manqué.
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Hélène Merlin-Kajman,
La littérature à l'heure de #metoo
Ithaque éd., coll. Theoria incognita, 2020
160 p. — ISBN 978-2-490350-12-4 — 18 €
Parution le 08/10/2020
La littérature se tient-elle au-delà du bien et du mal ? La modernité le proclame depuis les procès de Madame Bovary et des Fleurs du mal. Aujourd’hui, ce droit à la transgression est remis en question au nom de nouvelles valeurs : respect des sensibilités, militantisme culturel, assignation de toute fiction à une expérience vécue.
L’effet du mouvement #MeToo sur la manière dont on lit les œuvres est à cet égard exemplaire. En 2017, des agrégatifs se demandèrent comment lire et enseigner une pastorale du XVIIIe siècle mettant en scène un viol présumé : ce fut l’affaire Chénier. En 2020, l’affaire Matzneff soulevait la question de la valeur littéraire d’actes sexuels pénalement répréhensibles. Aux États-Unis, l’exigence du trigger warning enjoint les universitaires de signaler à leurs publics les textes au programme dont le contenu pourrait raviver chez eux d’éventuels traumatismes.
La Littérature à l’heure de #MeToo explore la complexité des justifications engagées dans ce nouveau régime du jugement esthétique. Loin de le défendre pour son « progressisme » ou de le condamner pour sa bienséance
« politiquement correcte », comme y encourage la polarisation idéologique des débats, il s’agit ici de plaider que la littérature n’agit pas à la lettre et que ce jeu de la lecture nous libère et nous lie.
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