I. Ligier-Degauqe, A. Teulade (dir.), La Mémoire de la blessure au théâtre. Mise en fiction et interrogation du traumatisme de la Renaissance au XXe siècle.
Compte rendu publié dans Acta fabula : Théâtre du traumatisme : une occasion de penser & de guérir"" par Kathryne Fontaine.
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La Mémoire de la blessure au théâtre. Mise en fiction et interrogation du traumatisme de la Renaissance au XXe siècle.
Isabelle Ligier-Degauqe et Anne Teulade (dir.)
Presses Universitaires de Rennes, collection ""Le Spectaculaire"", 2018
EAN13 : 9782753564619
PRESENTATION
Face à l’irruption répétée de la violence dans l’histoire, le théâtre peut-il s’approprier les blessures communes et inventer les formes susceptibles de les saisir ? Cerner les nœuds de la mémoire n’est pas nécessairement les entériner comme des passages obligés du récit collectif. Ce serait faire de l’injonction à se souvenir, au cœur de la réflexion développée par Paul Ricœur dans La Mémoire, l’histoire, l’oubli (2000), une contrainte surdéterminante pour l’individu et la société à laquelle il appartient.
Le livre La Mémoire de la blessure au théâtre interroge ainsi le sentiment d’appartenance à une même histoire qui s’appuie sur des événements douloureux et fondateurs d’une identité commune. Il questionne non seulement le choix des événements traumatiques (quels sont les critères pour ériger des faits au rang de « traumatisme collectif » ?) mais les modalités théâtrales par lesquelles ces événements sont portés à la scène, de la Renaissance au XXIe siècle, sans se limiter au champ de l’Europe.
Représenter sur scène un trauma collectif s’accompagne-t-il nécessairement d'une exigence de réparation ? La mise en fiction ne permettrait-elle pas un examen distancié et lucide des nœuds traumatiques ? Le livre La Mémoire de la blessure au théâtre aborde des questions d’ordre éthique, mais aussi politique et esthétique, et réfléchit à l’aptitude du théâtre à dire la catastrophe et la guerre, de façon distanciée, documentaire et/ou faussement réaliste.
À une époque marquée par la concurrence des mémoires, le livre met en valeur des formes théâtrales très variées et parfois fort éloignées dans le temps mais qui, toutes, montrent comment l’intimation « Souviens-toi » comporte un danger d’instrumentalisation doloriste de l’histoire. Les cinq parties du livre sont autant d'entrées pour questionner ce que l’on pourrait appeler le spectacle de la mémoire. C’est bien le degré de pertinence du théâtre qui est au cœur du livre dès lors que la littérature subit l’épreuve du réel.