Essai
Nouvelle parution
J. Derrida, Le Calcul des langues (ca. 1973, inédit)

J. Derrida, Le Calcul des langues (ca. 1973, inédit)

Publié le par Marc Escola

Compte rendu publié dans Acta Fabula (Décembre 2020, vol. 21, n° 11) : Jacques Derrida ou l’art d’écrire sur deux colonnes par Stéphane Massonet

 

 

Le Calcul des langues

Jacques Derrida

Seuil, coll. Bibliothèque Derrida
Date de parution 18/06/2020
108 p. — EAN 9782021455823

 

Texte énigmatique et entièrement inédit, Le Calcul des langues marque la première tentative de Jacques Derrida d’écrire un livre en deux colonnes. Annoncé comme « à paraître » sur la quatrième de couverture de l’Archéologie du frivole (1973) mais jamais publié du vivant de l’auteur, le tapuscrit de ce projet inachevé fut retrouvé chez Derrida après son décès. La publication posthume de ce texte fort original met au jour un véritable laboratoire typographique où, avant l’écriture de l’un de ses textes les plus célèbres, Glas (1974), Derrida ose couper la page en deux en vue de repenser la relation entre philosophie et écriture.

Poursuivant une réflexion sur les sciences du langage au XVIIIe siècle entamée avec De la grammatologie (1967), Derrida propose ici une lecture en partie double de L’Art d’écrire de Condillac. Mais à la différence de Glas, dont les deux colonnes confrontent un philosophe (Hegel) à un auteur littéraire (Genet), Le Calcul des langues confronte Condillac à lui-même. Si la colonne de gauche propose une exégèse plutôt conventionnelle et méthodologique de L’Art d’écrire, celle de droite divague sans cesse, multipliant les digressions en direction de Freud et d’autres penseurs, à la recherche d’un plaisir de l’écriture qui échapperait à la philosophie.

Lecture de Condillac en deux colonnes, donc, mais aussi en « deux styles » comme l’indique le sous-titre (« Distyle »), cet ouvrage tout à fait singulier dans le corpus derridien donne à lire l’une des plus belles expérimentations de l’écriture déconstructrice.

Le texte a été établi par Geoffrey Bennington et Katie Chenoweth.

Voir le livre sur le site de l'éditeur…

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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Archéologie du vertige", par Richard Figuier (en ligne le 12 août 2020)

Lors de l’année universitaire 1971-1972, Jacques Derrida met au programme de son séminaire le thème « Philosophie et rhétorique au XVIIIe siècle : Condillac et Rousseau ». Le premier de ces auteurs est déjà un vieux compagnon, le second davantage encore. On rencontre Condillac (1714-1780) dans l’œuvre de Derrida dès 1967 et De la grammatologie, mais aussi dans Marges de la philosophie en 1972. En 1973 paraîtra L’archéologie du frivole, entièrement consacré à une lecture du philosophe empiriste français, fruit certain du séminaire. Et aujourd’hui surgit ce texte, Le calcul des langues, lui aussi sans doute issu des travaux préparatoires aux séances du séminaire, que le philosophe destinait probablement à un livre.