Lydie Parisse, La Parole trouée : Beckett, Tardieu, Novarina
Lettres Modernes Minard, collection Archives, N°292, 2008, 170 p.
EAN : 9782256904882 17 €
Présentation de l'éditeur :
Héritiers du théâtre symboliste mais aussi du primitivisme littéraire présent chez Lautréamont, Rimbaud, Jarry et Artaud, ces trois auteurs, chacun dans leur approche singulière, ressentent le théâtre comme le lieu de la parole, en tant qu'elle reflète une lacune, une inquiétude qui s'exprime ailleurs, dans leurs essais, dans leurs poèmes. Tous trois sont des poètes, et fondent leur théâtre sur le sentiment d'étrangeté dans la langue. Tous trois pensent l'espace scénique à partir de la peinture, de son regard radicalement autre, de son langage radicalement autre. Tous trois sont attachés à la figure de la singularité, tous trois ont leur double, qu'il se nomme Jean, Froeppel, ou toutes ces créatures de vieillards-enfants qui finissent par n'en faire qu'une chez Beckett. Tous trois ont leur part d'enfance. Tous trois, au fondement de l'écriture, revendiquent l'expérience de sortie de soi, tout en étant résolument athées. Tous trois interrogent sur scène les limites du représentable. Tous trois fondent l'acte théâtral sur la pratique — et non pas seulement l'idée — de dépossession.
C'est en explorant les liens qui unissent création poétique et vocabulaire scénique que nous cherchons à nommer un rapport au langage et au réel, selon trois déclinaisons très différentes. Le théâtre de Samuel Beckett, dans sa radicalité qui le rapproche de la théologie négative, met en scène le langage, le regard, la figure du dépossédé. Le théâtre de Jean Tardieu, parce qu'il est impossible, rend compte des obsessions du poète à approcher l'insaisissable. Enfin, le théâtre de Valère Novarina, placé sous le signe de la « manducation de l'invisible », développe une théâtralité paradoxale fondée sur l'aporie du dire, et empruntant au vocabulaire pictural et mystique.