On peut lire dans Acta fabula un compte rendu de cet ouvrage :
De la méprise à la reconnaissance, par Marielle Macé.
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Le Malentendu. Généalogie du geste herméneutique
Textes réunis par B. Clément & M. Escola
Presses Universitaires de Vincennes, 2003
« La Philosophie hors de soi » (collection dirigée par J. Rancière)
Le présent volume rassemble les actes d'un colloque de théorie littéraire tenu les 7 & 8 février 2002 en Sorbonne et à l'Université de Vincennes-Saint-Denis, à l'initiative de B. Clément & M. Escola. La manifestation associait les équipes de recherches « Littératures françaises du XXe s. » de l'Université de Paris-Sorbonne (Paris-iv, EA 2577, M. Murat, programme de recherches « Théorie littéraire », A. Compagnon) et « Littérature et histoire » de l'Université de Paris-VIII (J. Neefs & B. Didier), avec le soutien des Formations doctorales de l'Université de Paris-Sorbonne & de l'Université Paris-VIII, ainsi que de l'équipe « Fabula ».
Voltaire, entend-on dire, n'a rien compris à Pascal, Sartre s'est mépris sur Baudelaire, Lénine a mal lu Marx, et Poussin a méconnu Caravage.
Dénonçant un malentendu, chacun a pu prétendre redresser la méprise, sexposant, bien sûr, à être à son tour corrigé. Pas de lecture sans malentendu, ni d'interprétation sans dissipation de malentendu. Si, selon une opinion courante, la réception d'une œuvre singulière se confond bien souvent avec la suite des malentendus auxquels elle a donné lieu, c'est peut-être que toute entreprise herméneutique suppose ce « geste » originel qui autorise l'interprète à se camper, à son tour, en interprète recommandable. «Lira bien qui lira le dernier », dit Genette.
Le critique, le philologue, le traducteur, l'historien, le diplomate, le philosophe, l'éditeur même, pour ne rien dire de l'ordinaire lecteur, usent eux aussi, mais comme sans y penser, du malentendu. Les quatorze contributions ici rassemblées s'emploient à penser ce mouvement où se joue l'autorité de l'interprète, qui décide sans doute de la généalogie des interprétations, mais constitue la tache aveugle de toutes les disciplines du sens.
L'herméneutique pourrait bien s'en trouver sensiblement ébranlée. Car, selon l'hypothèse vers laquelle converge ces études, le malentendu n'est pas un obstacle sur le parcours de l'interprète, mais une arme entre ses mains. Et le sens, affaire de stratégie autant que de vérité.
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Sommaire
Bruno Clément & Marc Escola : Présentation
Pratiques théoriques : les lieux du malentendu
Sophie Rabau : « La première était la dernière : datation et réinterprétation dans la philologie classique. Le cas des Suppliantes d'Eschyle »
Luzius Keller : « Les maladresses du traducteur. Mal entendu ou mal compris ? »
Antoine Compagnon : «Tranquillisez-vous, on se retrouve toujours. La Recherche du temps perdu, roman de la reconnaissance »
Christine Noille-Clauzade : « Du malentendu considéré comme vice : pour une morale classique de la lecture »
F. Schuerewegen: «Express yourself (Racine, Bajazet)»
Alain Cantillon : « La vive voix posthume de pascal. Instituer le malentendu en 1670 »
Jean-Michel Delacomptée : « Le malentendu, condition du politique. Une visite aux courtisans »
Le temps du malentendu
Jacques Rancière : « Le malentendu littéraire »
Bruno Clément : « Malentendu et histoire littéraire »
Marc Escola : « Rousseau juge d'Alceste. Généalogie d'un malentendu »
Georges Molinié : « Malentendu et jugement doxique »
Vincent Jouve : « La dénonciation du malentendu. Enquête sur les discours de réfutation »
Michel Deguy : « De la méprise (Quid pro quo ?) »
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