Compte rendu publié dans Acta fabula (octobre 2019, vol. 20, n°8) : Grégoire Tavernier, M. Crouzet & la psychanalyse : un cheval de Troie
Michel Crouzet
Psychanalyse & culture littéraire
Précédé d'un entretien de Michel Crouzet avec Thierry Ozwald
Paris, Eurédit, 2019.
112 p.
ISBN : 978-2-84830-236-2
34 €
PRÉSENTATION
« Si la psychanalyse peut rejoindre sur une ligne de parcours commun l’activité du critique, c’est à coup sûr par une première analogie de destin : tout autant que l’analyste avec son patient, le critique a avec l’œuvre littéraire des relations de sujet à sujet ; à lui de savoir ce qu’il demande à la littérature, à lui de se situer relativement à elle. Le premier gain singulier de la psychanalyse en ce domaine ne serait-il pas de permettre de donner au critique, au moi-critique, sa place et de le situer ? La question posée d’une manière permanente, qu’est-ce que la littérature ou que peut la littérature ? si elle était traitée avec sérieux et franchise, c’est-à-dire posée à des consciences, ou des inconscients singuliers, devrait se muer en celle-ci, qui est le problème du critique, que peut la littérature pour moi ? En quoi m’importe-t-elle dans ma problématique personnelle ? “Nous avons entendu quand nous faisons partie de ce qui est dit”, a déclaré Heidegger. En fait, psychanalyse et littérature sont des champs de relations de nous-mêmes à nous-mêmes, et de nous à autrui, où ce qui est dit nous contient, ou nous tient, parce que nous y sommes contenus, et qu’il n’est pas d’autre position d’écoute que cette appartenance subjective.
Aussi croyons-nous que le problème de la critique est celui du critique : on ne choisit pas sa “méthode” au fond de son cabinet, ou en consultant l’ample panoplie des “sciences humaines” sans lesquelles, à en croire la presse à grand tirage ou la radio, il est vain d’espérer être de son temps. Le choix méthodologique n’est ni arbitraire ni scientifique. Il est personnel et induit un mode de relations avec la littérature. S’il s’agit surtout de la psychanalyse, il pose tout le problème de la “chose” analytique. »