Mythes d'hier et d'aujourd'hui. De Barthes à Maffesoli / The myths of yesterday and the myths of today. From Barthes to Maffesoli / Miti di ieri e miti di oggi. Da Barthes a Maffesoli
Mythes d’hier et d’aujourd’hui. De Barthes à Maffesoli.
En septembre 1956, Roland Barthes publie son essai Le mythe aujourd’hui, second volet du volume Mythologies, où il définit le mythe comme « un système sémiologique » au sein duquel la chaine signifiant/signifié = signe est doublée : il se constitue à partir d’une chaine préexistante, en utilisant le signe qu’elle génère comme signifiant pour véhiculer en tant que signifié un idéologème qui tente de se dissimuler derrière la familiarité du signe premier, une doxa à travers laquelle la société bourgeoise essaie de former le monde à son image. Le mythe, autrement dit, repose sur « une parole dépolitisée » ou, pour le dire comme Pier Paolo Pasolini, déidéologisée et ontologisée, faite tacitement nature : une parole qu’il faut « lire et déchiffrer » pour tenter de lui rendre son caractère captieux, partisan, idéologique.
La perspective offerte par cette première phase de la réflexion chez Barthes est celle de la démystification et du désenchantement, reposant sur une approche que Paolo Valesio a définie comme ablative, soustractive, déconstructive. Une perspective qui, hier comme aujourd’hui, revendique la nécessité d’une mythologie du monde contemporain, pullulant de messages tendant à se naturaliser, à imposer comme réalité les besoins qu’ils suscitent et la consommation – matérielle ou culturelle – qu’ils déclenchent. Le mythe demande donc à être analysé freudiennement comme une narration manifeste dissimulant un contenu latent.
Ce n’est toutefois pas la seule perspective possible et c’est Barthes lui-même – dans Théorie du texte (1973) – qui passe en peu de temps d’une approche freudienne à une autre, lacanienne, proposant une idée de texte capable de recomprendre toute construction sémantique, y compris la construction mythique. Une conception où le « texte » n’est plus vu comme un « tissu » fini, comme un « voile » derrière lequel – selon les anciennes suggestions d’un autre mythe, celui de la « profondeur » - il faut aller « chercher la vérité, le message réel, bref, le sens » ; mais plutôt comme « tissé, perçu dans sa texture, dans l’entrelacs des codes, des formules, des signifiants ». Pour témoigner de la fécondité de cette approche, il suffirait de rappeler comment la mythocritique la plus récente a produit ses meilleurs résultats – de Pierre Brunel à Harry Levin – en déplaçant progressivement l’attention de la recherche obsessive d’un texte ou d’un récit « originaire » aux métamorphoses perpétuelles à travers lesquelles se manifeste de façon exemplaire la productivité du signifiant. Les mythes actuels commencent ainsi à se configurer non plus comme de simples « messages » ou « énoncés » (autrement dit des produits finis, dont le destin serait clos une fois qu’ils sont transmis) mais bien comme des « productions perpétuelles, des énonciations, à travers lesquelles le sujet continue à se débattre », et ce sujet est aussi bien celui de celui qui produit que celui de ceux qui jouissent du mythe.
Chaque système sémiologique est d’ailleurs, comme le dit Gérard Genette, un «anneau de Mœbius où la face interne et la face externe, face signifiante et face signifiée, face d'écriture et face de lecture, tournent et s'échangent sans trêve, où l'écriture ne cesse de se lire, où la lecture ne cesse de s'écrire et de s'inscrire ». Le mythographe codifie, décodifie et surcodifie à la fois, en d’autres termes il écrit, lit et traverse continuellement la frontière entre l’écriture et la lecture, parachevant, comme le soutient encore Barthes, « quelque chose qui n’est absolument ni l’une ni l’autre, quelque chose d’instable, de fugitif, de prêt à osciller d’un côté ou de l’autre », quelque chose qui unit en soi les caractéristiques de l’interprétation, de la citation et de la transposition. Il ne déchiffre pas seulement, mais il « produit, amoncelle les langages, se laisse infatigablement traverser par eux », devenant lui-même la figure et le lieu de cette « traversée ».
Si l’on suit cette seconde perspective, que Valesio a définie oblative, offertoire, reconstructrice, et si l’on observe les lueurs qui apparaissent à la surface du monde contemporain, l’épuisement définitif des catégories verticales et rationnelles de la modernité classique apparait dorénavant définitif, laissant place à la joyeuse irruption d’un nouveau paradigme horizontal et sensuel. Une philosophie du vécu – déjà anticipée par Michel Maffesoli dans Le temps des tribus (1991) et réaffirmée récemment dans Iconologies. Nos idol@tries postmodernes (2008) - à opposer à l’oppressante philosophie de l’histoire, coupable de contraindre l’individu dans les mailles d’un devoir être éternel. Le postmoderne est donc l’âge de la reliance, du « réenchantement du monde » (G. Ritzer, Enchanting a disenchanted world, 1999), où un sujet, non plus terrifié par son côté obscur, jouit de lui-même et des autres, affrontant la réalité à travers la médiation de la tribu d’appartenance et des mythes qu’elle produit incessamment.
La première et la seconde mythologie de Barthes seront les bases d’une réflexion encore urgente sur la possibilité d’une herméneutique du mythe et sur ses retombées cognitives et culturelles, entre mystification et démystification, enchantement et désenchantement, être et devoir être, communauté et solipsisme.
Parmi les thèmes qui pourront être affrontés :
- Le mythe et le temps (le mythe de la mémoire, le mythe et la mémoire);
- Le mythe et les lieux (communs) ;
- Le mythe, le désir individuel et/ou collectif ;
- Le mythe et les grands paradigmes de l’histoire;
- Le processus de mythopoïèse entre répétition et originalité ;
- Le mythe et l’analyse littéraire (thématologie et mythocritique);
- Le mythe en tant qu’instrument de conscience et de connaissance.
Modalités de participation
Les autres propositions d’étude sur le sujet, avancées par ceux qui entendent collaborer au volume, seront scrupuleusement examinées par le Comité Scientifique, afin d’élargir l’exploration entreprise dans ce numéro de la revue. Les propositions de contributions sont acceptées en italien, en anglais ou en français.
A cette fin, la rédaction propose le calendrier d’échéances suivant, dont le passage préliminaire et essentiel est l’envoi, à l’adresse redazione.polifemo@iulm.it , d’un résumé (min. 10/max. 20 lignes) et d’un bref curriculum vitae du candidat, d’ici le 1er octobre 2015 (dernier délai, ne pourra être prorogé).
La rédaction confirmera aux auteurs l’acceptation de leur contribution avant le 19 octobre 2015. La date d’envoi de la contribution est fixée au 1 février 2016. Toutes les contributions seront soumises à un examen à double insu par des pairs.
Le numéro, sous la direction du Prof. Fabio Vittorini et de M. Andrea Chiurato, sera publié en juin 2016.
The myths of yesterday and the myths of today. From Barthes to Maffesoli.
In September 1956 Roland Barthes published his essay Le mythe, aujourd’hui, the second part of the collection Mythologies, in which he defines myth as “a semiological system” within which the signifier/signified=sign chain is doubled: it is formed from a pre-existing chain, using the sign that is generated as the signifier in order to transmit as a signified an ideologeme that tries to conceal itself behind the familiarity of the initial sign, a doxa through which bourgeois society tries to shape the world in its own image. Hence the myth rests on a “depoliticized word” or, as Pier Paolo Pasolini puts it, de-ideologized and ontologized, tacitly naturalized: a word which has to be “read and decoded” in an attempt to restore its specious, partisan and ideological character.
In this first stage of Barthes’ reflections, the point of view presented is one of demystification and disenchantment, resting on an approach that Paolo Valesio defined as ablative, subtractive and deconstructive. A point of view which today, just as it did yesterday, lays claim to the need for a mythology for the contemporary world, abounding in messages that tend to become naturalized, and to lay down as forms of reality the needs that they arouse, as well as the forms of consumption – material or cultural – that they trigger. Myth, therefore, requires a Freudian analysis like a manifest narration that conceals latent content.
However, this is not the only possible point of view, and it is actually Barthes himself – in Théorie du Texte (1973) – who will leave Freud behind and look towards Lacan, proposing the idea of a text that is capable of encompassing every semantic construction, including that of myth. A concept in which the “text” is no longer considered as a completed “fabric”, as a “veil” behind which – according to the ancient suggestions of another myth, that of “depth” – it is necessary to “go and look for the truth, the real message, in short the meaning”; but rather as a “fabric in its weft, in the intertwining of codes, formulae and signifiers”. As proof of the fecundity of this approach we just have to remember how the most recent mythocritics has produced its best results – from Pierre Brunel to Harry Levin – by progressively transferring our attention from the obsessive search for a text or for an “original” narrative, to the perpetual metamorphoses through which the productivity of the signifier is revealed in an exemplary manner. The myths of today are beginning, therefore, to be configured no longer as simple “messages” or “utterances” (in other words, finished products whose fate has been decided once they have been conveyed), but as “perpetual productions, enunciations, through which the subject continues to struggle with itself”, and this subject belongs both to the person that produces the myth, and to the person who exploits it.
After all, each semiological system, as Gérard Genette puts it, is a “Möbius strip in which the inside surface and the outside surface, the signifier-surface and the signified-surface, the writing-surface and the reading-surface continuously turn and invert, in which the writing never stops being read, in which reading never stops being written and registered”. The mythograph simultaneously encodes, decodes and overcodes, in other words he writes, reads and continually crosses the border between writing and reading, thereby bringing to completion, as Barthes maintains, “something that is neither one nor the other, something unstable, something fleeting, ready to oscillate one way or the other”, something that unites within itself the features of interpretation, citation and transposition. He does not only decode, but also “produces and accumulates languages, and tirelessly lets them cross through him”, thereby becoming himself the figure and the place of this “crossing”.
Following this second perspective, which Valesio defined as oblative, offertorial and reconstructive, and observing the glare from the surface of the contemporary world, the definitive exhaustion of the vertical and rational categories of classic modernity is clearly to be seen, in favour of the joyous irruption of a new horizontal and sensualist paradigm. A philosophy of living experience – already seen in Michel Maffesoli in Le temps des tribus (1991), and more recently reaffirmed in Iconologies. Nos idol@tries postmodernes (2008) – to counterpose against the oppressive philosophy of History, guilty of forcing the individual into the coats of mail made up of the need to be eternal. The post-modern age is therefore that of reliance, of “the re-enchantment of the world” (G. Ritzer, Enchanting a disenchanted world, 1999), where subjects that are no longer afraid of their dark side can take pleasure in themselves and in others, facing reality through the mediation of the tribe to which they belong, and the myths that this tribe continuously produces.
Barthes’ first and second mythologies will be the cornerstones of further essential reflection on the possibility of a hermeneutic for myth, and on its cognitive and cultural repercussions, between mystification and demystification, enchantment and disenchantment, being and having to be, community and solipsism.
The topics that can be presented include:
- Myth and time (the myth of memory, myth and memory);
- Myth and (common)place;
- Myth, individual and/or collective desire;
- Myth and the great paradigms of history;
- The process of mythopoeia between repetition and originality;
- Myth and literary analysis (thematology and mythocriticism);
- Myth as a tool for conscience and knowledge.
Other proposals for study on the subject put forward by those intending to collaborate in the publication will be scrupulously examined by the Scientific Committee, in order to widen the field of exploration undertaken in this issue of the Journal. Proposals for contributions will be accepted in Italian, English and French.
To this end, the Editorial Board propose the following deadlines, with an essential preliminary step being the sending, to redazione.polifemo@iulm.it , of an abstract (min. 10/max. 20 lines) and a short curriculum vitae of the proposer, by and absolutely no later than 1 October 2015.
Authors will receive confirmation from the Editorial Board of acceptance of their contributions by 19 October 2015. Contributions shall be delivered on 1 February 2016. All contributions will be subject to a double blind peer review.
The issue, edited by Prof. Fabio Vittorini and Dr Andrea Chiurato, will be published in June 2016.
Miti di ieri e miti di oggi. Da Barthes a Maffesoli.
Nel settembre del 1956 Roland Barthes pubblica il saggio Le mythe, aujourd’hui, seconda parte del volume Mythologies, in cui definisce il mito «un sistema semiologico» all’interno del quale la catena significante/significato=segno è raddoppiata: esso si costituisce a partire da una catena preesistente, usando il segno da essa generato come significante per veicolare in quanto significato un ideologema che tenta di dissimularsi dietro la familiarità del segno primo, una doxa attraverso cui la società borghese tenta di forgiare il mondo a sua immagine. Il mito poggia insomma su «una parola depoliticizzata» o, dicendola con Pier Paolo Pasolini, deideologizzata e ontologizzata, fatta tacitamente natura: una parola che occorre «leggere e decifrare» nel tentativo di restituirle il suo carattere capzioso, partigiano, ideologico.
La prospettiva offerta in questa prima fase della riflessione barthesiana è quella della demistificazione e del disincanto, riposante su un approccio che Paolo Valesio ha definito ablativo, sottrattivo, decostruttivo. Una prospettiva che, oggi come ieri, rivendica la necessità di una mitologia del mondo contemporaneo, pullulante di messaggi che tendono a naturalizzarsi, a imporre come realtà i bisogni che suscitano e i consumi – materiali o culturali – che innescano. Il mito chiede pertanto di essere analizzato freudianamente come una narrazione manifesta che cela un contenuto latente.
Non è tuttavia l’unica prospettiva possibile, ed è anzi lo stesso Barthes – in Théorie du Texte (1973) – a superare a breve distanza Freud con Lacan, proponendo un’idea di testo in grado di ricomprendere ogni costrutto semantico, compreso quello mitico. Una concezione in cui il “testo” non viene più inteso come un «tessuto» finito, come un «velo» dietro il quale – secondo le antiche suggestioni di un altro mito, quello della “profondità” – occorre «andare a cercare la verità, il messaggio reale, in breve il senso»; quanto piuttosto come «tessuto nella sua tessitura, nell’intreccio dei codici, delle formule, dei significanti». A testimoniare la fecondità di tale approccio basterebbe ricordare come la mitocritica più recente abbia dato i suoi miglior risultati – da Pierre Brunel a Harry Levin – spostando progressivamente l’attenzione dall’ossessiva ricerca di un testo o racconto “originario”, alle perpetue metamorfosi attraverso le quali si manifesta in maniera esemplare la produttività del significante. I miti di oggi iniziano così a configurarsi non più come semplici «messaggi» o «enunciati» (ossia prodotti finiti, il cui destino sarebbe chiuso una volta trasmessi), bensì come «produzioni perpetue, enunciazioni, attraverso le quali il soggetto continua a dibattersi», e questo soggetto è sia quello di chi produce, sia quello di chi fruisce il mito.
Ciascun sistema semiologico è d’altronde, per dirla con Gérard Genette, un «anello di Möbius in cui la faccia interna e la faccia esterna, faccia significante e faccia significata, faccia di scrittura e faccia di lettura girano invertendosi di continuo, in cui la scrittura non cessa di leggersi, in cui la lettura non cessa di scriversi e d’inscriversi». Il mitografo allo stesso tempo codifica, decodifica e surcodifica, cioè scrive, legge e attraversa continuamente la frontiera tra scrittura e lettura, portando a compimento, sostiene ancora Barthes, «qualcosa che non è affatto l’una o l’altra, qualcosa d’instabile, di fuggitivo, pronto a oscillare da una parte o dall’altra», qualcosa che riunisce in sé i tratti dell’interpretazione, della citazione e della trasposizione. Egli non solo decifra, ma «produce, ammucchia linguaggi, si lascia instancabilmente traversare da essi», divenendo egli stesso la figura e il luogo di questo «attraversamento».
Seguendo questa seconda prospettiva, che Valesio ha definito oblativa, offertoria, ricostruttiva, e osservando i bagliori che affiorano sulla superficie del mondo contemporaneo, appare ormai evidente il definitivo esaurimento delle categorie verticali e razionali della modernità classica, in favore della gioiosa irruzione di un nuovo paradigma orizzontale e sensualista. Una filosofia del vissuto – già anticipata da Michel Maffesoli in Le temps des tribus (1991), e recentemente ribadita in Iconologies. Nos idol@tries postmodernes (2008) – da contrapporre all’opprimente filosofia della Storia, colpevole di costringere l’individuo nelle maglie di un dover essere perenne. Il postmoderno è dunque l’età della reliance, del «reincantamento del mondo» (G. Ritzer, Enchanting a disenchanted world, 1999), dove un soggetto non più spaventato dal suo lato oscuro gode di se stesso e degli altri, affrontando la realtà attraverso la mediazione della tribù d’appartenenza e dei miti che essa produce incessantemente.
La prima e la seconda mitologia di Barthes saranno i cardini di una riflessione ancora urgente sulla possibilità di una ermeneutica del mito e sulle sue ricadute cognitive e culturali, tra mistificazione e demistificazione, incanto e disincanto, essere e dover essere, comunità e solipsismo.
Tra i temi che potranno essere affrontati:
- Il mito e il tempo (il mito della memoria, il mito e la memoria);
- Il mito e i luoghi (comuni);
- Il mito, il desiderio individuale e/o collettivo;
- Il mito e i grandi paradigmi della storia;
- Il processo di mitopoiesi tra ripetizione e originalità;
- Il mito e l’analisi letteraria (tematologia e mitocritica);
- Il mito come strumento di coscienza e di conoscenza.
Altre proposte di studio sull’argomento offerte da quanti intendano collaborare al volume verranno scrupolosamente vagliate dal Comitato Scientifico, al fine di ampliare l’esplorazione intrapresa in questo numero della Rivista. Si accettano proposte di contributi in italiano, inglese, francese.
A tal fine, la Redazione propone il seguente calendario di scadenze, cui passaggio preliminare ed essenziale è l’invio, all’indirizzo redazione.polifemo@iulm.it , di un abstract (min. 10/max. 20 righe) e di un breve curriculum vitae del proponente, entro il 1 ottobre 2015 (termine improrogabilmente ultimo).
La Redazione confermerà agli autori l’accettazione dei contributi entro il 19 ottobre 2015. La consegna del contributo è fissata al 1 febbraio 2016. Tutti i contributi saranno sottoposti a double blind peer review.
Il numero, curato dal Prof. Fabio Vittorini e dal Dott. Andrea Chiurato, sarà pubblicato nel giugno 2016.