
Une femme invisible
Nathalie Piégay
Éditions du Rocher
Date de parution : 22.08.2018
EAN : 9782268100623
Nombre de pages : 352
« Pourquoi ne pas avoir écrit sur une femme qui a fait oeuvre ? Qui a marqué l'histoire ? Qui a laissé derrière elle autre chose que des bribes et un fils ? Pourquoi m'acharner sur une comparse, sur une figure qui n'apparaît que dans l'ombre que projettent les grands hommes, dans les interstices de leur biographie ? Les feuilles s'entassent sur mon bureau, les livres où je cherche sa trace. Tous parlent de son fils, ou d'Andrieux, le père de l'enfant. Elle n'y apparaît qu'au détour d'une parenthèse, elle est reléguée en note de bas de page… »
Dans ce livre, nourri d'une longue recherche, Nathalie Piégay enquête sur celle qui fut la mère cachée d'Aragon. Elle raconte la vie de cette femme libre et la passion qu'elle entretint pour les deux Louis : Andrieux, le père, grand bourgeois parisien, et Aragon, le fils, à qui elle transmit sa passion des arts et de la littérature. Au fil des pages, cette existence invisible et passionnée finit par ressembler à celle d'une autre. L'auteur de ce récit peut-être.
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Nathalie Piégay, ancienne élève de l'École normale supérieure, enseigne la littérature française moderne et contemporaine à l'Université de Genève. Elle est spécialiste de Louis Aragon (sur lequel elle a publié de nombreux livres et articles), de Claude Simon et de Robert Pinget. Une femme invisible est son premier récit.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage:
"La blessure de Louis Aragon", par Cécile Dutheil.
L’universitaire Nathalie Piégay a signé de nombreux ouvrages sur Louis Aragon. Cette chercheuse tenace a voulu savoir qui était Marguerite Toucas-Massillon, la mère, aimée et fuie, de l’écrivain. Elle apparaît dans son œuvre par intermittences, au fil de détournements et d’allusions que Nathalie Piégay a tâché de repérer, de relier et de compléter.
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Le mot de l'éditeur :
Spécialiste de Louis Aragon, Nathalie Piégay était bien placée pour s’intéresser aussi à sa mère, dont l’histoire s’avère particulièrement riche en péripéties tantôt affligeantes, tantôt sordides, tantôt touchantes.
Issue de la bonne bourgeoisie – son père, Fernand Toucas, a été sous-préfet ; son frère Edmond le sera à son tour – Marguerite s’éprend de Louis Andrieux, ami de Fernand et protecteur d’Edmond. Lorsqu’elle tombe enceinte, elle décide de garder l’enfant, envers et contre la morale de l’époque, résistant même à la pression de son amant qui voudrait la faire avorter.
Entre-temps, Fernand Toucas a perdu son poste (pour corruption) et a quitté sa famille pour ouvrir des salles de jeu à Constantinople. Etant marié, Andrieux ne saurait reconnaître son fils illégitime, le futur écrivain. Pire encore, il prive Marguerite du statut légal de mère. Louis Aragon sera donc élevé en croyant être le fils adoptif de sa grand-mère, Claire, et donc le petit frère de Marguerite. Celle-ci ne lui révélera la vérité qu’en 1917, craignant qu’il ne périsse à la guerre sans savoir qui sont ses vrais parents.
Nathalie Piégay rend compte, de façon très sensible, de tout ce que la condition de Marguerite pouvait avoir de contraignant et de pénible, outre le poids du secret qu’elle a dû porter pendant vingt ans : le fait d’être déclassée depuis la fuite du père, de devoir subir des difficultés matérielles et des avanies dues au caractère difficilement tolérable de sa mère, de n’avoir pas moyen de s’émanciper…
Mais la biographe nous permet aussi de comprendre que malgré tout, l’“invisible“ a trouvé moyen de vivre pendant de longues années une vraie histoire d’amour, et de finir par se transformer en femme de lettres – certes, modeste, et méprisée par son fils en tant qu’auteure de “romans de gare“, mais capable de vivre de sa plume.