Compte rendu publié dans Acta fabula (juin 2020, vol. 21, n° 6) : "L’Heptaméron, refuge de méthodes structurales en voie d’extinction" par Pierre-Élie Pichot.
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Philippe de Lajarte, L'Heptaméron de Marguerite de Navarre. "En bien nous mirant"
Paris : Honoré Champion, coll. "Bibliothèque littéraire de la Renaissance", 2019.
354 p.
45,50 €
EAN: 9782745351920
En mettant en scène une société de conteurs-devisants, l’Heptaméron est, de tous les recueils de nouvelles français qui s’inscrivent dans la lignée du Décaméron, le plus proche de son modèle. Il en diffère cependant notablement et constitue une oeuvre éminemment singulière dans son genre. Du fait, d’abord, qu’elle se donne comme issue d’un débat liminaire qui l’inscrit dans une perspective spirituelle. En raison, ensuite et surtout, du rôle central, unique dans le genre, dévolu aux dialogues, pivot dynamique de l’oeuvre porteur de tous les grands thèmes qui sont au cœur de l’oeuvre poétique et dramaturgique de Marguerite. Sous des dehors plus enjoués, l’Heptaméron est en effet habité par la même quête de la Vérité que celle qui sous-tend l’ensemble de l’oeuvre de Marguerite. Mais elle y est plus complexe et plus problématique, devant se frayer une voie dans les replis obscurs des âmes – celles des personnages que les nouvelles mettent en scène – et confiée à un groupe d’hommes et de femmes qui, n’ayant pas été « appelez au conseil privé de Dieu », sont voués à n’entrevoir la Vérité, selon le mot de Paul, que « dans un miroir et de façon confuse ».
Ancien professeur à l’Université de Caen, Philippe de Lajarte est l’auteur de travaux sur l’Humanisme, la littérature française du XVIe siècle et la théorie littéraire.