Compte rendu publié dans Acta Fabula (mai 2022, vol. 23, n° 5) : "Splendeurs & misères de la mollesse : renégocier l’idéal viril au XVIe siècle" par Vincent Quindos
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Daniel Maira (dir.)
Mollesses renaissantes. Défaillances et assouplissement du masculin
Librairie Droz
collection "Cahiers d'Humanisme et Renaissance"
EAN13 : 9782600062381.
59,00 CHF
PRÉSENTATION
Dans Il Libro del Cortegiano de Baldassare Castiglione, le personnage du comte Louis de Canossa s’en prend aux courtisans mous et efféminés qui se crêpent les cheveux, s’épilent les sourcils et se fardent comme les femmes les plus lascives. Tout risque d’avilissement d’une plénitude virile est ainsi à exécrer. La virilité réclame au XVIe siècle une posture éthique, physique et rhétorique à laquelle tous les hommes sont appelés à se conformer. Cette injonction à un idéal de virilitas génère toutefois des masculinités jugées ratées et défaillantes. Les contributions de ce volume abordent les discours sur la mollesse masculine à la Renaissance, leurs enjeux idéologiques et leurs usages métaphoriques dans des domaines variés comme les traités de poétique, la médecine, le droit, la religion, ou la fiction. Toutes ces incarnations d’une masculinité perçue comme déviante et insuffisante interagissent avec l’idéal dominant de virilité pour le confirmer, mais aussi - et c’est l’objet de ce volume - pour l’assouplir et façonner un idéal qui va au-delà de l’opposition entre le dur et le mol.
SOMMAIRE
INTRODUCTION
Daniel Maira, Mol et féminin : la fabrique du vir effeminatus dans la première modernité
Craig Williams, Sémantique de la mollesse dans la poésie de Properce
I. MOLLESSE PHYSIOLOGIQUE ET TRANSFORMATIONS CORPORELLES
Roberto Poma, La nature ambiguë de la mollities. Médecine et philosophie au XVIe siècle
Jean-Marie Le Gall, Barbes et mollesses à l’époque moderne en Europe
Sofina Dembruk, Paradoxes de la mollesse et le cas de Spurina : pour une laideur virile ?
Jérôme Laubner, La « chair molle » de la vérole : réflexions sur une virilité vérolée
Dominique Brancher, Corps « tendre » et esprit « mousse ». Gymnastique et relaxation chez Montaigne
II. HANTISE DE LA MOLLESSE ET EFFÉMINEMENT DU MASCULIN
Guillaume Berthon, Ferme amour contre le mol fils de Vénus : l’oeuvre de Clément Marot et la peur de l’amollissement
Marianne Closson, L’eau émasculante : lectures du mythe de Salmacis et Hermaphrodite à la Renaissance
Daniel Maira, Mollesse amollissante et virilité assouplie : Montaigne et l’audace de dire l’impuissance
Louise Dehondt, « Mol comme laine » mais viril ? Mollesse phallique et virilité dans la poésie satirique
Nina Hugot, Alexandre et Darius « effemin©s » ? Le masculin dans les deux tragédies de Jacques de La Taille
III. MOLLESSES RHÉTORIQUES ET ESTHÉTIQUES
Nadia Cernogora, Le style mou et efféminé : « genre » et imaginaire du style dans la poétique de la Renaissance
Daniel Fliege, L’efeminatio dans la Sepmaine de Guillaume de Saluste Du Bartas
Freya Baur, « Et le français changea de robe » : langue et mollesse dans la réflexion poético-rhétorique de la Renaissance
Teodoro Patera, « La molle flamme de l’amour » : narration, compassion, amollissement dans L’amant resuscité de la mort d’amour de Théodose Valentinian
Irène Salas, Un cas particulier de mollesse : la morbidezza
IV. LA MOLLESSE DE L’AUTRE : MODÈLES DE MASCULINITÉS EN CONFRONTATION
Kathleen Long, La mollesse cultivée dans L’Isle des Hermaphrodites
Juliette Morice, La mollesse de Télémaque : le voyage d’éducation comme expérience virile
Nicolas Lombart, Être un homme au nouveau monde : mollesse européenne et virilité indienne dans l’Histoire notable de la Floride de René de Laudonnière
Gary Ferguson, « Licence Grecque », hardiesse et mollesse dans les Essais de Montaigne
Index Nominum