Le Jeu de Robin et de Marion. Discographie commentée (ordre chronologique)
11. Des musikhistorischen Studios der deutschen Grammophon Gesellschaft. II. Forschungsbereich. Das zentral Mittelalter. Serie A : Troubadoure, Trouvere, Minnesänger, par Pro Musica Antiqua, dir. Safford Cape (Archiv Produktion, enr. 1953, 33 t. et 45 t.).
2Plage 1 : Adam de la Halle, Le jeu de Robin et Marion (durée : 7’23). Aucun dialogue parlé. Presque toutes les mélodies sont chantées a cappella.
32. Weltliche Musik um 1300: Robin et Marion - Llibre Vermell et autres, par Studio der frühen Musik, dir. Thomas Binkley (Telefunken "Das Alte Werk", R/Teldec"Das Alte Werk", 1967, enr. 1966, 33 t.).
4Plage 10 : Le jeu de Robin et Marion (environ 12 minutes). Extraits des dialogues dits par une narratrice (probablement Andrea von Ramm chantant aussi le rôle de Marion) qui change les intonations de sa voix pour imiter différents personnages. Trois mélodies ne sont pas chantées. Quelques estampies (danses médiévales) sont jouées pendant la narration.
53. The World of Adam de la Halle - Minstrel Music of the 12th and 13th Centuries, par The Cambridge Consort, dir. Joel Cohen (Vox "Turnabout" et Candide VOX, enr. 1972 ou avant).
6Plage 1 (sur 26) : Le Jeu de Robin et Marion. Durée totale du disque 37’23. Non consulté.
74. Adam de la Halle: Le Jeu de Robin et Marion - The Play of Robin and Marion, par la Schola Cantorum Basiliensis, dir. Thomas Binkley (Focus, enr. 1987, disque vinyle réédité sous forme de disque compact en 1992).
8Quelques extraits dialogués. Non consulté.
95. Adam de la Halle: Le Jeu de Robin et Marion, par l’ensemble Perceval, dir. Guy Robert (Arion, 1981, R/1991, enr. 1980)
10La quasi intégralité des dialogues en ancien français est interprétée par les différents personnages. Cet enregistrement s’inscrit à la suite de nombreuses représentations scéniques du Jeu par l’ensemble Perceval et l’aspect dramatique est très bien restitué.
11Toutes les mélodies sont chantées, d’autres compositions du XIIIe siècle sont ajoutées — chansons, motets et plain-chants liturgiques — mais aucune n’est d’Adam de la Halle. Péronnelle interprète ici une chanson de toile (Bele Doette) alors qu’elle ne chante pas dans le Jeu médiéval. Ces insertions modernes s’inspirent de la pratique inaugurée par Adam de la Halle. La même démarche sera ensuite reprise par les musiciens qui réalisèrent d’autres versions du Jeu en ajoutant toujours des compositions médiévales exogènes.
126. Le jeu de Robin et Marion & autres oeuvres, Adam de la Halle (ca 1250 - 1306 ?), par l’ensemble Micrologus (Zig-Zag Territoires, 2004, enr. juin 2003)
13Bien que cet enregistrement, comme le suivant, soit lié à des restitutions musicales et théâtrales représentées plusieurs fois, il ne comporte aucun dialogue parlé. En contrepartie, les mélodies du Jeu de Robin et Marion sont répétées, reliées musicalement et arrangées (préludes instrumentaux par exemple). Les nombreuses pièces vocales et instrumentales insérées sont des œuvres d’Adam (chansons monodiques, motets et rondeaux polyphoniques) ou de contemporains anonymes (motets et estampies). Les musiciens ne cherchent pas à évoquer l’ambiance dramatique mais ils créent un objet indépendant des représentations qui doit pouvoir être écouté plusieurs fois par des mélomanes comme tout autre disque de musique classique.
147. Le chant de Robin et Marion–The World of Robin and Marion – Chansons et motets au temps d’Adam de la Halle (1240-1287)–Songs and Motets from the time of Adam de la Halle, par l’ensemble Anonymus, dir. Claude Bernatchez (Analekta, 2005, enr. janvier 2004).
15Comme le titre l’indique, le Jeu médiéval n’est pas le sujet de cet enregistrement, il en est le prétexte. Toutes les mélodies sont chantées mais aucun dialogue n’est inclus. Outre un rondeau d’Adam et des danses anonymes, dix-sept motets des XIIIe et XIVe siècles ont été sélectionnés pour leur concordances thématiques avec le Jeu : leurs textes sont des pastourelles mentionnant ou non les protagonistes Marion et Robin. Deux motets anonymes à trois voix contiennent d’ailleurs la mélodie et le texte de deux chansons du Jeu de Robin et Marion : Mout me fut grief/Robin m'aime/Portare et En mai quant rosier/L'autre jour/Hé resveille toi Robin. Ils font très souvent parties des pièces ajoutées dans les autres disques.
16Ce disque fournit donc un riche matériau complémentaire pour comprendre le contexte poético-musical de la pastourelle dramatisée par le trouvère arrageois.
178. Le Jeu de Robin et Marion, par l’ensemble Tonus Peregrinus, dir. Anthony Pitts (Naxos, 2006, enr. oct. 2003 et sept. 2004)
18Bien qu’il ne semble pas associé à quelque tentative de représentation scénique, cet enregistrement donne à entendre une partie des dialogues sous deux formes : un narrateur énonce les vers en ancien français, tandis que, plus ou moins simultanément, des acteurs les déclament en anglais moderne. Le résultat est vite lassant. Le drame médiéval est découpé en sept « scènes » ponctuées par des pièces polyphoniques. Toutes sont des compositions d’Adam à l’exception du motet anonyme signalé plus haut Mout me fut grief/Robin m'aime/Portare qui est entendu à trois reprises. Ces ajouts n’ont rien d’original car ils sont semblables à ceux déjà utilisés dans les enregistrements antérieurs. L’ensemble paraît très artificiel.
19Aucun enregistrement ne s’en tient strictement au matériau musical tel qu’il se présente dans les manuscrits. Au minimum, même dans le cas le plus ancien qui est aussi le plus sobre (Pro Musica Antiqua 1953), les musiciens répètent plusieurs fois les mélodies et les accompagnent avec des instruments. Quelques uns sont mentionnés dans le texte dramatique — cornemuse (chevrette, muse ou musette), flûte de Robin, cornes, galoubet (flûte et tabour) mais rien dans la notation musicale médiévale n’indique qu’ils interviennent dans la représentation. Cette apparente « carence » dans les sources n’est pas une preuve car c’est bien plus tard dans l’histoire de la musique occidentale que la présence des instruments devient explicite dans les partitions.
20L’instrumentarium réuni par les interprètes actuels est souvent composite. En général, sont rassemblés des instruments « anciens » (chalemie, luth, vièle, diverses flûtes, cornemuse…) dont la facture actuelle s’inspire de sources organologiques médiévales et des instruments « exotiques » contemporains (ud, zorna, zarb, darbouka….) provenant essentiellement du Maghreb et du Proche-Orient. C’est pourquoi la musique médiévale est souvent perçue comme « orientale ». Le Jeu de Robin et Marion semble doublement étrange et poétique, venu d’un monde qui nous est lointain dans le temps et l’espace.