Actes de la journée d’étude du vendredi 28 novembre 2014
sur le Discours de la servitude volontaire
d’Étienne de La Boétie
Université Paris Diderot (Paris 7) - EA CERILAC
1« L’homme au sac d’écus et ses flatteurs »1 : l’image peut faire sourire ou choquer. On peut être sensible à son côté Charlie-Hebdo avant la lettre. Elle est du moins parlante. Cette étrange estampe de Brueghel illustre bien parfaitement à nos yeux le ton et l’objet même de la journée d’étude que nous avons organisée autour du Discours de la servitude volontaire d’Etienne de La Boétie. Porteuse d’une critique morale et sociale très violente, l’image suscite d’emblée toute une série de réflexions et d’interrogations dont la plupart recoupent celles auxquelles est confronté le lecteur du Discours.
2L’estampe a justement été imprimée en 1546, l’une des hypothétiques dates de composition du Discours2. Ces deux œuvres nous viennent de la même époque, et d’une même culture humaniste qui dépasse évidemment les frontières nationales. Elles procèdent d’une critique analogue, à l’origine anti-curiale3, visant la flatterie, la cupidité, l’ambition, qui loin de se limiter au sommet du pouvoir s’étendent au reste de la société.
3La gravure appartient à une série de « Proverbes flamands » illustrés. Sur le dos du personnage assis, on lit ce distique d’octosyllabes français (une forme que pratique aussi La Boétie) :
On ne sait comme entrer on veut,
Au trou de cil qui donner peut.
4Une copie de cette estampe, publiée dans les Emblemata secularia de J.-Th. de Bry, porte aussi cet hexamètre,
Tu caligas inflare meas, ego cudere nummos
5que nous serions tentés de traduire :
Si tu flattes mes brodequins,
Je te forgerai des sequins.
6Les convergences thématiques entre les deux œuvres sont évidentes : la critique de la flatterie, les rapports de pouvoir entre grands et petits, entre le « colosse » unique et les hommes ordinaires, le rôle de l’argent dans leur relation, la mystérieuse incorporation des dominés dans le corps même du dominant, la réduction de ces derniers à l’état de « bestes brutes » (ils marchent à quatre pattes)… et surtout cet incompréhensible phénomène de la soumission volontaire (« On ne sait comme entrer on veut »), qui est aussi humiliation au sens étymologique du terme.
7L’estampe comme le discours jouent pareillement de l’antithèse numérique entre un personnage manifestement puissant, qui se signale par son unicité – un « tyran » dans le Discours de la servitude volontaire, un homme à l’air satisfait mais abasourdi pour ce qui est de la gravure – et la multitude des hommes anonymes, sans visages sous le burin de Brueghel, qui s’y inféodent. Brueghel et La Boétie représentent la même disproportion entre les deux types de personnages, petits et grand. Cette non congruence rend impossible des relations autres que d’intérêt, comme cela apparaît dans la gravure également (voir le Discours, p. 124).
8Quelles catégories sociales Brueghel vise-t-il au juste à travers les hommes de petite taille ? La question se pose avec une extrême acuité, et dans les mêmes termes, pour le texte de La Boétie. Le lecteur et le spectateur se confrontent de part et d’autre à la même indétermination, qui se traduit grammaticalement parlant par l’emploi du pronom on, tant dans le distique rimé que dans la Servitude volontaire. Dans les deux cas, c’est l’opération sémantique de référence qui est brouillée. Cette incertitude, qui confère une part de mystère et de virtualité à chacune des deux œuvres, suscite curiosité et réflexion. Elle pose également un problème de positionnement ou d’identification au lecteur ou au spectateur : est-il exempt de toute attitude servile et intéressée ? ou inversement de tout orgueil qui le conduise à jouir d’une situation qui le flatte ? C’est bien à cette introspection, à cette remise en question finale qu’aspire la dernière partie de l’argumentation du Discours. Le castigat ridendo mores que met en œuvre l’estampe repose certainement sur des ressorts similaires.
9Les hommes à terre présentent une certaine indétermination sociale. Les quatre hommes de petite taille apparaissant distinctement sur la gravure (parmi neuf observables), se distinguent légèrement les uns des autres, notamment par leur éventuel couvre-chef : deux n’en portent pas ; un autre semble coiffé de manière assez similaire à celle du grand personnage, du riche marchand ; celui qui referme le rang semble arborer un chapeau de meilleure tenue. Leurs chemises ni leur posture ne les distinguent pas non plus de « cil qui donner peut ».
10Cette indétermination, dans un monde aussi hiérarchisé que celui du seizième siècle, rappelle celle des tiranneaus en tous genres du Discours :
[…] deslors qu’un Roi s’est declaré tiran, tout le mauvais, toute la lie du Roiaume, je ne dis pas un tas de larronneaus et essorillés qui ne peuvent gueres en une republique faire mal ne bien, mais ceus qui sont taschés d’une ardente ambition et d’une notable avarice, s’amassent autour de lui et le soustiennent pour avoir part au butin et estre sous le grand tiran tiranneaus eusmesmes. ainsi sont les grands voleurs et les fameus corsaires ; les uns discourent le pais, les autres chevalent les voiageurs, les uns sont en embusche, les autres au guet, les uns4 massacrent, les autres despouillent […] (p. 119).
11Il est mille et une façons d’entrer « au trou de cil qui donner peut », ou du moins de servir ses intérêts…
[…] et ancore qu’il y ait entr’eus des preeminences et que les uns ne soient que vallets, les autres chefs de l’assemblee, si n’en y a il a la fin pas un qui ne se sente, sinon du principal butin, au moins de la recerche (p. 119).
12En somme, ils se confondent par leur avidité et par leur bassesse. Le corps du tyran, ou bien, chez Brueghel, du riche prodigue, et celui des hommes serviles semblent d’ailleurs ne faire qu’un.
D’où a il pris tant d’yelx dont il vous espie, si vous ne les luy baillés ? comment a il tant de mains pour vous fraper, s’il ne les prend de vous ? les pieds dont il foule vos cités, d’où les a il s’ils ne sont des vostres ? comment a il aucun pouvoir sur vous, que par vous ? Comment vous oseroit il courir sus, s’il n’avoit intelligence avec vous ? que vous pourroit il faire, si vous n’estiés receleurs du larron qui vous pille, complices du meurtrier qui vous tue, et traistres à vous mesmes ? (p. 87)
13En définitive, le Discours a ceci de commun avec l’estampe que la domination prend moins la forme d’une dévoration que d’une participation volontaire, à laquelle chacun trouve son compte. Le tyran n’est pas tant un démovore qu’un profiteur, au même titre que ceux qui se soumettent à lui.
14L’estampe et le Discours illustrent d’autre part un phénomène en quelque sorte cyclique, chronique. De part et d’autre, le processus paraît pérenne : il s’entretient de lui-même. La posture courbée que partagent l’ensemble des personnages (petits et grand) de la gravure laisse à penser que ceux qui se soumettent par cupidité (ou chez La Boétie par ambition) peuvent dans d’autres circonstances être eux-mêmes dans la posture de celui qui dispense argent5 et honneurs. De plus, tout se passe comme si la masse humaine entrant dans le corps du grand personnage contribuait à la fabrique de la monnaie. Le passage que nous venons de lire et d’autres, tels que la pyramide du pouvoir, qui ouvre la troisième partie de l’argumentation du Discours (p. 117-118), font état d’un phénomène fractal, c’est-à-dire se reproduisant à différentes échelles6. La relative abstraction des deux œuvres permet de montrer que le processus se duplique à plusieurs niveaux.
15Enfin c’est assurément le même dessillement que visent la gravure de Brueghel et l’opuscule de La Boétie. Ils invitent à la prise de distance par rapport à un phénomène dont l’aspect le plus surprenant est sa banalité, voire sa normalité. Il ne s’agit pas seulement de blâmer cupidité et ambition, ou de montrer comment le monde tourne, mais aussi de révéler qu’une perte de liberté et de dignité humaines se jouent dans ce comportement grégaire. Ces œuvres assument toutes deux une certaine fonction cathartique et morale, qui n’a rien perdu de sa pertinence aujourd’hui. Qui douterait en effet de l’actualité brûlante et toujours renouvelée du Discours de la Servitude volontaire ?
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17En 2012, le prix du Monde de la recherche universitaire est attribué à Nicolas Chaignot, à l’occasion de la publication de sa thèse La Servitude volontaire. Esclavages et modernité (Paris, Presses universitaires de France, collection « Partage du savoir ») qui propose de repenser le concept de servitude volontaire pour comprendre les formes contemporaines de domination dans le travail et interroger la modernité capitaliste.
18Plus récemment encore, le 26 novembre 2014, le numéro 34 de la revue Le Un, qui propose chaque semaine plusieurs regards sur une même question d’actualité, titrait : « Nous le peuple… Comment reprendre de pouvoir ». A la une, l’annonce d’un entretien avec Daniel Cohn-Bendit plaidant en faveur du scrutin proportionnel, un slogan, « La démocratie n’est pas épuisée, mais il est urgent de la réveiller… », enfin une citation en caractère gras assortie d’une signature :
Pauvres et misérables peuples insensés, nations opiniâtres en votre mal et aveugles en votre bien ! Vous vous laissez emporter devant vous le plus beau et le plus clair de votre revenu, piller vos champs, voler vos maisons et les dépouiller de vos meubles anciens et paternels ! [sic]
ETIENNE DE LA BOETIE
ecrivain
19Ces lignes aussi célèbres qu’accrocheuses servent d’invitation à tourner la page. Sous le titre en capitales « Ne servez plus et vous voilà libres » (on sait que La Boétie avait préféré écrire pour sa part : « Soyez résolus de ne servir plus… », ce qui ne revient pas tout à fait au même), la page 3 présente un montage de quatre extraits du Discours de la servitude volontaire, ou plus exactement de l’adaptation en français moderne qu’en ont publiée en 2008 les éditions Gallimard. Au centre de cette page un curieux dessin de Stéphane Trapier : le portrait présumé de La Boétie arborant une fraise, mais aussi plus bizarrement le collier de l’ordre de Saint-Michel (probablement dérobé à son ami Montaigne ?), et surtout le visage dissimulé par un casque intégral, la visière fermée, à la manière des musiciens de Daft Punk, mais sans qu’on puisse exclure un clin d’œil à quelque autre figure politique s’étant récemment illustrée par le port d’un pareil couvre-chef. La légende commente sobrement : « Etienne de La Boétie (1530-1563). Aucune image de son visage ne nous est parvenue. »
20 Cette illustration combien parlante de la « modernité » de La Boétie n’est-elle pas aussi pour nous une invitation à soulever l’improbable couvre-chef, pour tenter de découvrir, sous le masque intégral d’un La Boétie devenu notre contemporain, la complexe réalité d’un « écrivain » du XVIe siècle (le terme lui-même peut prêter à discussion), en relisant son œuvre la plus fascinante, ce mystérieux « discours » manuscrit diffusé confidentiellement en son temps avant de devenir, avec Le Prince de Machiavel, le best seller des écrits politiques du XVIe siècle ? La présence du Discours de la Servitude volontaire au programme des agrégations de lettres en 2015 aura été pour nous une stimulation non moins pressante pour tenter d’offrir ici notre contribution au déchiffrement de ce texte : non sans revendication d’éclectisme, ce volume entrecroise des approches rhétoriques, historiques, anthropologiques, socio-politiques, etc.
21Voici en effet rassemblées les sept contributions présentées le vendredi 28 novembre 2014 dans le cadre de la journée d’étude que nous avons organisée la « Halle aux Farines » de l’Université Paris Diderot avec le concours de l’équipe CERILAC (axe Thélème : Littérature et sciences humaines de l’Antiquité aux Lumières). Conformément à la tradition initiée naguère par Françoise Charpentier et perpétuée depuis maintenant trente ans par l’UFR STD, puis par sa descendante l’UFR Lettres Arts Cinéma, il s’est agi de réunir, autour de l’œuvre du XVIe siècle au programme des agrégations externes et internes de lettres, quelques-uns des meilleurs spécialistes actuels de La Boétie pour leur permettre de confronter, dans une ambiance à la fois studieuse et amicale, les résultats des recherches les plus récentes sur cet auteur, et d’en débattre avec les agrégatifs et leurs préparateurs, déjà bien avancés dans leur propre étude du Discours de la servitude volontaire.
22Comme à l’accoutumée, le choix des orateurs de cette journée et la diversité des travaux qu’on va lire reflètent le souci des organisateurs de multiplier sur l’œuvre les approches complémentaires, sans exclusive méthodologique ni parti pris idéologique. Loin de tenter d’imposer une doxa sur l’homme et sur son œuvre, dont chacun mesure les zones d’ombre qui continuent de les envelopper, loin de prétendre établir une interprétation univoque, les contributeurs de cette journée ont scrupuleusement répondu à la demande qui leur était faite d’apporter, sur la base de leurs compétences propres, des éclairages à la fois précis et variés, révélant la richesse et la complexité du texte mais aussi ses aspects les plus étranges, voire les plus mystérieux.
23Il a paru indispensable de procéder d’abord à un travail de contextualisation. C’est pourquoi l’historienne bordelaise Anne-Marie Cocula étudie pour commencer l’actualité du Discours de la servitude volontaire… sous Henri II, au beau milieu du XVIe siècle : les enjeux immédiats du Discours s’éclairent d’autant mieux qu’on le replace dans les controverses qui l’ont vu naître, à l’échelle de l’Europe, à l’échelle du royaume de France, à l’échelle enfin de Bordeaux et de son Parlement, où La Boétie est entré en fonction en 1554, quelques années après la tristement célèbre répression de la révolte de la gabelle.
24Deux études abordent ensuite les questions fondamentales de la construction même du discours, de sa dispositio rhétorique. Le jeune parlementaire qu’est La Boétie en 1554 ne saurait ignorer les canons et les usages de l’éloquence, qu’elle soit épidictique, délibérative ou judiciaire : il les connaît et il en joue librement, souvent en virtuose. Olivier Halévy et Michel Magnien s’attachent donc à mettre en valeur, de façon nuancée, les subtilités de l’ossature rhétorique d’un discours faussement improvisé, partagé entre ordre et désordre, tandis que Déborah Knop revient sur l’étrange exorde de La Servitude volontaire pour interroger le sens profond de la citation inaugurale tirée de l’Iliade et la dimension séditieuse de l’œuvre de La Boétie.
25C’est ensuite une approche lexicale qui prévaut : il s’agit de cerner au plus près les concepts de la pensée politique de La Boétie en étudiant précisément quelques-uns des termes les plus caractéristiques de son anthropologie. Des termes qui pourraient passer inaperçus, ou bien qu’on pourrait juger banals, parce que nous les utilisons tous les jours et croyons les bien connaître, à moins de prendre conscience des différences d’usage qui peuvent en faire pour nous de véritables faux-amis. Agnès Rees part du mot éminemment polysémique de vertu dans le Discours de la servitude volontaire, pour montrer qu’il est le vecteur d’une critique de l’accoutumance du peuple, ainsi que de l’intempérance tyrannique ; le pouvoir du tyran s’avère également faire entorse à la vertu de la clarté, et être une pratique vicieuse de la langue.Emmanuel Buron part d’une étude de différents mots – police, façon et entrecongnoistre notamment, mais aussi des notions de monarchie, de tyrannie et de royauté – pour dévoiler la cohérence politique profonde de la Servitude volontaire, peut-être moins anti-monarchiste qu’on a pu le penser. Le Discours de la servitude volontaire est même selon lui une défense de la monarchie française. Les études d’Agnès Rees et d’Emmanuel Buron se rejoignent par l’attention qu’elles portent à la notion de nature et à la métaphore végétale dans le Discours de laservitude volontaire : toutes deux participent à la critique de la lâcheté.
26Reste à savoir si l’usage polémique qui fut fait du Discours après la mort de La Boétie en 1563 répondait aucunement aux intentions qui avaient pu être les siennes à l’origine. La question essentielle de la première réception du Discours est bien posée par Philippe Desan : la notion de liberté – qui n’est pas nécessairement liberté d’action – dans la Servitude volontaire, qui est paradoxalement très proche de la manière dont la présente Luther au début du siècle ; cette conception commune pourrait en partie expliquer la diffusion du texte par les protestants au lendemain de la Saint-Barthélemy.
27Jean Balsamo couronne cette série d’études en valorisant au centre de sa propre analyse les enjeux littéraires, linguistiques et esthétiques, mais aussi politiques : replacer le Discours dans le contexte de l’avènement de la Pléiade, puisque La Boétie, lui-même poète, en fait l’éloge, c’est se donner les moyens de relire le discours comme une brillante et vibrante défense et illustration de la langue française, offrant le modèle de l’orateur françois que Dolet et Du Bellay avaient appelé de leur vœux, mais bien loin de la célébration monarchique des « styles du Palais ».
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29 Les travaux ici réunis font apparaître convergences et divergences, et font émerger certaines tensions qui parcourent plus largement l’ensemble de la critique à propos de ce texte.
30 Une première tendance consiste à focaliser l’attention sur la portée du Discours de la servitude volontaire dans le contexte historique spécifique qui voit son émergence au XVIe siècle. D’un point de vue historique, il est à comprendre en regard de la révolte de la gabelle, de la répression consécutive dirigée par le connétable de Montmorency (A.-M. Cocula). Selon certains critiques, l’œuvre n’a de sens que dans le milieu parlementaire qui la voit naître et auquel elle est destinée (A.-M. Cocula, J. Balsamo). Il est aussi à restituer dans un contexte idéologique précis, qui diffère grandement entre les années de rédaction – les années 1550 – et celles de sa publication – les années 1570 (P. Desan).
31Deux articles questionnent la relation de ce texte au milieu des lettrés, catégorie que pourrait désigner l’expression lesmieulx nés. Fondé sur un éthos aristocratique, le Discours de la servitude volontaire est une défense de la langue vernaculaire. Parallèlement aux initiatives poétiques qu’elle encourage, l’œuvre est une tentative d’illustrer l’ « Eloquence » et la prose françaises (J. Balsamo). Un rapprochement avec l’Institution du prince de Guillaume Budé permet de montrer la distance entre le peuple d’une part et les humanistes et autres gens d’entendement d’autre part, ce qui porte à croire que ces derniers consentent au pouvoir en place sans pour autant croire à des fables essentiellement destinées au peuple (E. Buron).
32Anne-Marie Cocula et Déborah Knop étudient toutes deux, respectivement sous l’angle historique et rhétorique, la dimension séditieuse de l’œuvre – que conteste Emmanuel Buron, selon lequel la Servitude volontaire est une critique de l’adhésion, et non pas de la pratique du pouvoir. Agnès Rees et Jean Balsamo expliquent toutefois à quel point cette œuvre est éloignée du discours encomiastique traditionnel portant sur le pouvoir royal.
33Les approches rhétoriques sont nombreuses, mais n’aboutissent pas nécessairement aux mêmes conclusions. Sans que celles-ci soient incompatibles7, certaines soulignent la portée délibérative de l’œuvre (J. Balsamo et D. Knop), tandis que d’autres mettent davantage l’accent sur sa nature épidictique (O. Halévy et M. Magnien, A. Rees). Ce texte se caractérise également par une dissimulatio artis et une ironie avisées (O. Halévy et M. Magnien).
34Nous espérons que la publication de ces travaux pourra rendre service aux agrégatifs de 2015 et les inspirer dans leur propre approfondissement du texte, mais aussi que ces études pourront demeurer, une fois le concours passé, comme d’utiles références critiques illustrant la fascination que continue d’exercer la Servitude volontaire à la fois par la vivacité de son éloquence et par l’impérissable acuité de son anthropologie politique.