Commentaire de la proposition de Marielle Macé
1Un bel exemple de méta-romanesque chez Barthes : « Un homme, une ville », une émission pour France Culture, consacrée à Proust (1978). Barthes et Jean Montalbetti se promènent dans Paris et à Illiers sur les lieux proustiens. Barthes fait part de sa passion pour le « marcellisme » (ensemble des informations concernant Marcel Proust) et pour l’œuvre du grand écrivain. Peu à peu, Barthes parle de son propre désir d’écrire un roman, de réécrire la Recherche du temps perdu, véritable « mythe de notre époque », donc histoire, muthos qui peut se prêter à des réappropriations (comme le mythe d’Œdipe et tant d’autres). Ces réécritures de la Recherche s’appelleront la Chambre claire ou Vita nova, deux œuvres de la quête. Mais à côté de ces textes à venir, on sent que Barthes en mettant ses pas dans les pas de Proust, en proposant une évocation non chronologique de la vie et de l’œuvre de son modèle, cherche à composer une sorte de simulacre de la Recherche. Barthes refait le trajet proustien et reproduit en mineur, et par la seule parole, la démarche créatrice de Proust. Dans une forme très particulière (et assez émouvante) de méta-romanesque imparfait (puisque oral), Barthes se cherche dans la Recherche, parle de lui à mots couverts et rêve du roman sur les pas du romancier.