éditoriaux

Michaux en blouse blanche

Michaux en blouse blanche

"Sauvages" des Lumières

La revue bordelaise Lumières ! publie le second volet d'un dyptique consacré à la figure du "Sauvage" au siècle des Lumières, sous la direction de Blaise Bachofen, Leonardo Moreira, Stéphanie Roza, et le parrainage de la Société Française d'Etude du Dix-Huitième Siècle (SFEDS). Après un premier sommaire consacré aux "enjeux anthropologiques", le second volet vient de paraître sous le titre "Les sauvages des Lumières : enjeux politiques". En donnant à voir la variabilité des conventions, donc leur caractère contingent, l’étude des peuples lointains oblige à reconsidérer les évidences ancrées dans la familiarité du monde connu , et à élargir l'ordre de la normalité.

Les anecdotes de Kleist

Les anecdotes de Kleist

Le 1er octobre 1810, à Berlin paraissait un journal d’un genre nouveau, les Berliner Abendblätter, “Journaux du soir berlinois”. L’écrivain, poète et dramaturge Heinrich von Kleist en était le rédacteur en chef et l’artisan principal. Sa ligne éditoriale : divertir le public, mais de façon raisonnable. Un mélange de littérature, de critiques, de chiens écrasés, de notes sur l’économie et de signalements d’incendie, entre journal généraliste et presse à sensation. Le ton était neuf, le succès fut considérable.Mais la censure d’une monarchie prussienne aux abois, les polémiques, la concurrence malveillante et une gestion aventureuse auront raison du Berliner Abendblätter après six mois d’existence. De cette dernière tentative pour se faire un nom, von Kleist ressort endetté, humilié et privé de soutiens. Il se suicide le 21 novembre 1811, à 34 ans. Régis Quatresous entraîne le public français sur ce versant méconnu de l'œuvre du dramaturge, qu'affectionnait Kafka : trente-quatre Anecdotes, tour à tour fantasques, cocasses ou caustiques.

Paraît dans le même temps dans la GF-Flammarion une édition de La Marquise d'O et autres nouvelles, procurée par Antonia Fonyi. Fabula vous invite à feuilleter l'ouvrage…

La séduction du trait

La séduction du trait

Il y a des mots qui tuent… du moins dans l’univers balzacien. Dans ce monde postrévolutionnaire, où chacun cherche à conquérir ou défendre une place, le pouvoir du langage peut être aussi bien spectaculaire qu’éphémère. Décoché comme une flèche, le trait d’esprit se doit de faire effet, d’atteindre sa cible, de ravir son public, sous peine de se retourner contre celui ou celle qui l'a lancé. Laélia Véron a fait un livre de sa thèse, sous le titre  Le Mot fatal. Langage, pouvoir et trait d’esprit dans La Comédie humaine de Balzac (Classiques Garnier). Elle montre que le romancier représente le trait d'esprit comme une performance négociée entre un locuteur et un groupe social, qui va valider ou non l’effet du trait selon des critères esthétiques et idéologiques : "le trait d’esprit pose alors la question d’un style romanesque, mais aussi d’un style social et politique". Fabula vous invite à en lire le Prologue: La dangereuse séduction du trait d'esprit, aussi bien que l'Avant-Propos: La stylistique du trait d’esprit, de Balzac à Radio Nova, en passant par France Inter…

Qui eût cru que Balzac inspirerait un jour un EP de blues ? C'est Actualitte.com qui nous l'apprend, mais la nouvelle ne tombera pas dans l'oreille de sourds : la vocaliste Christina Goh vient de sortir Rue Fortunée – 175, un hommage en trois titres au romancier de La Comédie humaine

(Illustr. Balzac entomologiste par Gustave Doré, 1855)

Jameson en France

Jameson en France

En septembre 2024 disparaissait l'un des maîtres de la théorie critique dans le monde anglo-saxon : Fredric Jameson. Un colloque lui rendra hommage les 9 & 10 septembre prochain en Sorbonne, sous l'intitulé : "Jameson en France, la France en Jameson : du XIXe siècle à nos jours".

Rappelons qu'on peut lire dans Acta fabula un compte rendu de l'un de ses livres majeurs, L’Inconscient politique. Le récit comme acte socialement symbolique dont la version française était parue en 2012 aux Questions théoriques : "L’Histoire comme inconscient de la théorie" par Guillaume Peureux. Mais aussi la réédition aux éditions Amsterdam d'Archéologies du futur. Le Désir nommé utopie et autres sciences fictions d'abord paru aux Prairies ordinaires dans une traduction de Nicolas Viellescazes. Fabula en donne toujours à lire un extrait…

Venir à Conakry

Venir à Conakry

Il y a quelques mois, Elara Bertho consacrait un essai à Un couple panafricain. Miriam Makeba et Stokely Carmichael en Guinée, dont Fabula donnait à lire l’introduction : Un couple à Conakry… et dont Chloé Chaudet a récemment rendu compte pour Acta fabula : "Amour, gloire et panafricanisme". Elara Bertho publie aujourd'hui aux éditions du CNRS : Conakry. Une utopie panafricaine. Récits et contre-récits 1958-1984, qui raconte comment les récits ont structuré la Révolution guinéenne, autrement dit comment l’État guinéen a construit une machine narrative pour asseoir son utopie politique panafricaine et anticoloniale. Trouvant son point d’ancrage mythique dans le "non" adressé par Sékou Touré au Général de Gaulle lors du référendum de 1958 appelant à la création d’une nouvelle "Communauté" franco-africaine, ce régime a d’abord suscité beaucoup d’enthousiasme, rassemblant un temps à Conakry de grands intellectuels et artistes du monde entier tels que Miriam Makeba, Maryse Condé, Stokely Carmichael, Djibril Tamsir Niane et Fodéba Keïta. Le livre décrit également l’envers du décor : dans les cahiers intimes, dans des bribes de poèmes, dans des carnets de notes se racontent, au quotidien, d’autres récits, ceux de la propagande, de la répression et des purges politiques, de l’atmosphère de terreur et de l’arbitraire du pouvoir. Aucune de ces deux faces, l’endroit, l’envers, n’est plus vraie ou plus fausse : elles fonctionnent ensemble.

(Illustr. : 2 octobre 1958, la Guinée de Sékou Touré proclame son indépendance)

813

813

La collection Folio classique fait sa rentrée en gants blancs : Arsène Lupin est de retour pour la plus grandiose, mais aussi la plus sombre de ses aventures. Le diamantaire Kesselbach est assassiné dans sa chambre d’hôtel, bientôt suivi de deux autres victimes. Les indices tendent à incriminer Lupin ; mais, on le sait, Lupin ne tue jamais… Tout au long de cette intrigue haletante, il se démènera pour percer le secret de Kesselbach, qui repose sur deux formules mystérieuses : « APOON » et « 813 ». Les déchiffrer pourrait bien lui servir l’Europe sur un plateau… Fini les cambriolages destinés à enrichir ses collections : héros aux multiples visages, il joue désormais dans la cour des grands de ce monde. Manipulant son entourage sans aucun scrupule, il ira partout où l’entraînera sa folie des grandeurs, sans toutefois semer l’ignoble meurtrier, qui met à mal, pour la première fois, son assurance légendaire. Adrien Goetz donne une nouvelle édition illustrée de ce roman paru en 1910, où Leblanc brosse un portrait nuancé du gentleman-cambrioleur, charmeur toujours au bord du précipice

Lire aussi les éditos de la rubrique Questions de société…

Et les éditos de la rubrique Web littéraire…

Suite