Référence bibliographique : A. Epelboin, A. Kovriguina, La littérature des ravins. Écrire sur la Shoah en URSS, R. Laffont, 2013.
Compte rendu publié dans le dossier critique d'Acta fabula "L'aire du témoin" (Juin-Juillet 2013, Vol. 14, n° 5) : "L’autre mémoire de la Shoah : témoigner en URSS" par Claire Laloyaux.
Voir également sur Fabula l'article de Claude Mouchard dans le collloque Témoigner sur la Shoah en URSS.
On peut lire également sur le site laviedesidees.fr un article de J.-Y. Potel: "La poésie du goufre".
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Annie Epelboin & Assia Kovriguina, La Littérature des ravins. Écrire sur la Shoah en URSS
Catherine Coquio (Préfacier)
Paris : Robert Laffont, 2013.
EAN 9782221127094
294 p.
Présentation de l'éditeur :
Des oeuvres ont été rédigées, souvent d’une force poignante : nombreux sont ceux qui, face aux ravins ou aux ruines des ghettos, ont voulu que l’extermination des Juifs par les nazis puisse rester en mémoire. Mais ces textes, manipulés ou étouffés par la censure, n’ont pas permis qu’advienne "l’ère du témoin" que connaît l’Occident. Ce livre éclaire les raisons qui ont amené les autorités soviétiques à les faire disparaître, comme ils ont fait disparaître les ravins, où toute la population juive a été assassinée par les nazis.
La mémoire de substitution, très vite imposée en URSS, gommant la spécificité de ce qu’ont enduré les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, a effacé les traces du génocide une seconde fois. Les problèmes liés à la collaboration avec les nazis d’une partie de la population soviétique ont été refoulés et demeurent une gêne majeure. Pourtant, confrontés à l’assassinat sans pouvoir réagir, certains témoins avaient très tôt décidé d’écrire.
Nombreux également ont été les soldats et correspondants de guerre, écrivains jeunes ou expérimentés comme Vassili Grossman ou Ilia Ehrenbourg qui, arrivés sur les lieux lors de la reconquête, n’ont pu se soustraire à la réalité des multiples charniers à ciel ouvert, bien avant de découvrir les camps d’extermination. Le livre révèle cette "littérature des ravins" qui devrait infléchir notre réflexion sur le témoignage, centrée jusque-là sur l’expérience occidentale de l’extermination dans les camps.
Le paradigme du témoin rescapé, revenant à la fin de la guerre de lieux très éloignés, n’est plus désormais la seule référence. Écrites sous l’oppression soviétique, censurées, mutilées ou cachées, ces oeuvres sont un appel à la mémoire bafouée à deux reprises. Elles font entendre des voix qui, face à la menace et au désespoir, ont tenté au fil des décennies d’atteindre leur public. Leur rendre justice aujourd’hui, c’est aussi nous permettre de comprendre la Shoah dans toute son étendue.
Sommaire:
LE FACONNEMENT DE LA MEMOIRE
Une guerre d'extermination
Une histoire sans la Shoah
Le mythe de la grande guerre patriotique
ECRIRE MALGRE TOUT
Survivre
Dire la souffrance des autres
Les découvreurs de traces
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Sur liberation.fr, on pouvait lire en date du 9/5/13 cet article de M. Semo