Essai
Nouvelle parution
A.-M. Smith-Di Biasio, Virginia Woolf, la hantise de l'écriture

A.-M. Smith-Di Biasio, Virginia Woolf, la hantise de l'écriture

Publié le par Pierre-Louis Fort (Source : Anne-Marie Smith)

Compte rendu publié dans Acta fabula : "Lire, traduire Virginia Woolf" par Anne-Laure Rigeade.

Anne-Marie Smith-Di Biasio, Virginia Woolf, la hantise de l'écriture

Paris : Indigo & Côté-femmes, 2010.

194 p.

Prix 21EUR
EAN 9782352600677
Présentation de l'éditeur :
C'est dans cet espace de flottement entre deux langues où surgit l"image, et se dénouent les refoulements ordinaires du langage révélant les tracés mémoriels qui hantent l'écriture, qu'Anne-Marie Smith-Di Biasio, tel un "passeur", lit et interprète le texte de la langue-mère qu'elle partage avec Virginia Woolf; et, comme dans le chuchotement d'une conversation ininterrompue et intemporelle avec Woolf, elle re-traduit et re-questionne à l'infini en les découpant et les déconstruisant avec sa palette à elle des extraits : Ondes, Au phare, La Chambre de Jacob, Une Ebauche du passé.

C'est ainsi que La hantise de l'écriture propose un retour aux origines sensorielles et obsédantes de l'imaginaire woolfien, un retour aux gestes, visages, voix recélés dans l'écriture, à sa mémoire de l'infantile. Ainsi s'agit-il dans cette attention portée sur les traits visibles et invisibles de l'écrit de lire et de traduire des tracés de la parole, du regard, du corps - d'entendre et de faire entendre rythme, mouvement, sonorité, image.

Comme celle de l'épitaphe , cette écriture est hantée par la qualité fragmentaire et énigmatique de l'inscription silencieuse renvoyant tel un miroir la parole de l'écriture woolfienne à ce qui la hante. Et pourtant, c'est d'un lien avec la vie qui ne peut pas se défaire que cette obsession troublante semblerait - comme dans le rêve - émaner. Car il y a un va et vient constant entre l'intériorité hallucinatoire de la parole woolfienne et son regard vers les tonalités changeantes du monde extérieur.

L'image pense. Celles formées par cette rupture du réel qu'ouvre le deuil de l'être aimé sont aussi la figure d'un engagement intime et féminin dans les discontinuités de l'histoire du vingtième siècle. Virginia Woolf écrit l'oreille tendue; elle ramasse les survivances d'une langue et d'une culture anglaise traversée par l'étrange dans un geste immémorial et moderniste qui fonde sa vision au présent et l'inscrit définitivement dans la modernité.



Anne-Marie Smith-Di Biasio, professeur de littérature moderniste et de traduction littéraire à l'Institut catholique de Paris et au Centre Européen de Traduction Littéraire, est essayiste et traductrice. Elle est vice-présidente de la Société des Etudes Woolfiennes. Elle a publié Julia Kristeva, Speaking the Unspeakable (Pluto Press 1998) et collabore actuellement au Dictionnaire Freud, A présent, à paraître chez Larousse en 2010.