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Les langues non naturelles - Fiction et langues inventées, le cas de J.R.R. Tolkien (Clelia 2014)

Les langues non naturelles - Fiction et langues inventées, le cas de J.R.R. Tolkien (Clelia 2014)

Publié le par Bérenger Boulay

SESSION DE LINGUISTIQUE ET DE LITTÉRATURE

DE L’ASSOCIATION CLELIA
Évian-les-Bains, 25-29 août 2014

[Actes parus en 2015: Lalies n° 35 (Les langues non naturelles - Fiction et langues inventées)]

 

La session de linguistique et de littérature organisée par l’Association CLELIA aura lieu du lundi 25 août 2014 au matin (8h30) au vendredi 29 août 2014 au soir (16h : départ possible le lendemain matin, samedi 30 août) au Centre « Ethic Etapes - Côté Lac Évian » à Évian-les-Bains. L’accueil des participants se fera le dimanche 24 août à partir de 16h. Cette session est ouverte aux étudiants, aux chercheurs et aux enseignants du secondaire et du supérieur.

         Date limite d’inscription : 20 juin 2014.

 

PROGRAMME


Les séances des trois séries de conférences principales ont une durée d’une heure trente chacune, à l’exception de la première de chaque série dont la durée est d’une heure.
Cette année, les séries de conférences 1 et 2 portent sur les langues non naturelles et articulent les approches linguistique (dominante de la première série) et littéraire (dominante de la deuxième série).


1. LES LANGUES NON-NATURELLES, conférences coordonnées par NICOLE GUILLEUX (Université de Caen) et DANIEL PETIT (École normale supérieure).
1. Présentation générale (Nicole Guilleux, Caen). 2. Les langues universelles (Nicole Guilleux, Caen). 3. Deux langages confus : le grommelot et la glossolalie (Alessandra Pozzo, EHESS/Brest). 4. Victor Henry et Le langage martien (Daniel Petit, Paris). 5. Les langues planifiées : espéranto, ido, volapük, etc. (Sébastien Moret, Lausanne).


2. FICTION ET LANGUES INVENTEES, LE CAS DE J.R.R. TOLKIEN, conférences coordonnées par VINCENT FERRE (Université Paris-Est Créteil).
1. Présentation générale (Vincent Ferré, Créteil). 2. Philologie, critique et fiction (Vincent Ferré, Créteil). 3. La philologie prise au pied de la lettre : Tolkien et l’amour des mots (Leo Carruthers, Paris Sorbonne). 4. L'évolution des langues elfiques chez Tolkien : histoire fictive et réelle, histoire et linguistique fictionnelles (Damien Bador, Toulouse). 5. Phonologie et déclinaisons : les langues elfiques (Damien Bador, Toulouse).


3. PRESENTATION DE LA LANGUE ROUMAINE, par MARTIN MAIDEN (University of Oxford).
1. Le roumain : structure, histoire et répartition dialectale 2. La morphologie du verbe roumain 3. Morphologie et syntaxe de la phrase nominale en roumain. 4. Structures synthétiques et structures analytiques dans le verbe roumain. 5. Supin, infinitif (et subjonctif) en roumain.


4.VARIA : Quelques séances seront réservées à des exposés proposés par des participants, sous
réserve d’acceptation par le bureau. Les sujets de ces exposés sont libres et la durée de chacun est d’une heure, comprenant un temps de discussion d’environ un quart d’heure.

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Les Langues non-naturelles

Conférences par Nicole Guilleux et Daniel Petit

Cette série de cinq conférences a pour objet de présenter la question des langues non-naturelles, qu’il s’agisse de langues construites à des fins littéraires (grommelots, jargons, argots, langues littéraires fictives), de langues planifiées (espéranto, volapük, etc.) ou de langues pathologiques (langues créées par des aliénés).

1. Présentation générale (Nicole Guilleux, Caen)

Outre des définitions et une typologie des langues non-naturelles, seront abordés quelques cas concrets de jargons, argots et sabirs. Les exemples seront pris à des textes littéraires, théâtraux ou non (Un mot pour un autre de Jean Tardieu ou Le Saperleau de Gildas Bourdet, pièces de Valère Novarina, poèmes de Michaux, etc.), ainsi qu’aux dialogues en lingua franca qui sont réunis à la fin du Dictionnaire de la langue franque ou petit mauresque (Marseille, 1831).

2. Les langues universelles (Nicole Guilleux, Caen)

La création de langues universelles a fait l'objet d'un large débat au xviie siècle parmi les philosophes européens. Umberto Eco en a donné une excellente description dans deux de ses ouvrages, À la recherche de la langue parfaite (Paris, 1994) et De l'arbre au labyrinthe (Paris, 2003), et il a explicité les enjeux de ce débat, plus philosophiques que linguistiques. Dans le cadre de fictions utopiques de la même époque, Gabriel de Foigny et Denis Vairasse ont inventé deux parodies de langues universelles : la langue des habitants de la Terre Australe et le sévarambe, qui feront l'objet d'une présentation.

3. Deux langages confus : le grommelot et la glossolalie (Alessandra Pozzo, EHESS/ Brest)

Le phénomène de la glossalie (un langage inspiré, non articulé en mots), qui ne se limite pas au « parler en langues » du Nouveau Testament, a pris des formes diverses au cours de l’histoire. Alessandra Pozzo, titulaire d'une laurea de sémiotique dirigée par Umberto Eco et consacrée aux grommelots (Il grammelot : invenzione e interpretazione = Le grommelot : invention et interprétation), a ensuite rédigé une thèse sur les glossolalies sous la direction de Jacques Roubaud (EHESS), dont elle a tiré un livre, La glossolalie en Occident (Paris, 2013). La conférence d'Alessandra Pozzo sera centrée sur la forme de l'expression et les modalités de communication de ces deux langages confus.
 

4. Victor Henry et Le langage martien (Daniel Petit, Paris)

 Le linguiste et comparatiste Victor Henry (1850-1907), professeur de sanskrit et de grammaire comparée à la Faculté des Lettres de Paris, a consacré un ouvrage, Le langage martien (1901), à la médium suisse Hélène Smith, rendue célèbre pour avoir produit dans des crises de somnambulisme un corpus de textes en langage martien. L’objet de la conférence est de montrer comment un linguiste au début du XXe siècle applique les méthodes des Néo-Grammairiens à l’analyse d’une langue construite.

5. Les langues planifiées : espéranto, ido, volapük, etc. (Sébastien Moret, Lausanne)

 Les langues construites à vocation universaliste sont nombreuses ; la plus importante et la plus diffusée est l’espéranto. Sébastien Moret, historien de la linguistique (russe), a publié plusieurs articles sur ces langues, notamment sur l’espéranto, qu’il a replacé dans le contexte de la linguistique slave de la fin du XIXe siècle. Après avoir présenté les caractéristiques générales des langues planifiées, Sébastien Moret abordera le cas particulier de l’accusatif dans ces langues.

 

Littérature et linguistique : fiction et langues inventées,

le cas de J.R.R. Tolkien

Conférences coordonnées par Vincent Ferré

Ce cycle de 5 conférences envisage le lien entre philologie et invention fictionnelle, à partir du cas du médiéviste J.R.R. Tolkien, à travers des interventions de Leo Carruthers (Professeur de langue et littérature médiévales à la Sorbonne), de Damien Bador (contributeur du Dictionnaire Tolkien, CNRS Ed., 2012, sur les langues imaginaires), de Vincent Ferré (Professeur de littérature générale et comparée à Paris Est Créteil, traducteur et responsable des éditions de Tolkien en France, pour les éditions Bourgois).

1. Présentation générale (Vincent Ferré, UPEC)

L’œuvre du britannique J.R.R. Tolkien (1892-1973) se situe au carrefour entre littérature et linguistique, ou « litt. » et « ling. » comme il l’explique dans son Discours d’adieu (1959) à Oxford, université où il a enseigné pendant 35 ans le vieil et le moyen anglais, le vieil islandais, ou encore le gallois médiéval. Spécialiste de philologie anglaise et germanique, connu pour ses éditions de textes médiévaux et ses traductions, Tolkien a en effet lié littérature et linguistique aussi bien dans ses travaux universitaires que dans sa création fictionnelle. La première séance permettra de présenter son œuvre, en particulier les éditions posthumes que l’on doit à son fils Christopher Tolkien, depuis le milieu des années 1970 jusqu’à la récente édition de Beowulf (mai 2014).

2.  Philologie, critique et fiction (Vincent Ferré, UPEC)

On examinera ensuite la méthode critique de Tolkien, consistant à partir de la lettre du texte, à « extraire tout le suc d’une seule phrase ou […] approfondir les implications d’un seul mot », pour développer une analyse prenant à contrepied les interprétations courantes – en partant de la conférence de Tolkien sur Beowulf (1936). En second lieu, on montrera comment la naissance de son œuvre littéraire, d’abord poétique puis fictionnelle, est liée à la langue, que Tolkien parte de termes existants (comme les ents), qu’il resémantise des termes au sens obscur, ou qu’il développe une rêverie sur les noms propres, à l’image de Earendel, emprunté au « Christ » de Cynewulf (VIIIe siècle), ou encore de Númenor, imaginé par lui.

3. La philologie prise au pied de la lettre : Tolkien et l’amour des mots (Leo Carruthers, Paris Sorbonne)

Il s’agira ici de réfléchir à l’attrait des langues médiévales (germaniques, celtiques, sans oublier le finnois), pour le jeune philologue mythographe, attiré par l’étrangeté de langues qui l’ont amené à devenir l’un des grands « inventeurs » de langues au XXe siècle : une douzaine d’entre elles (dont les plus connues sont les langues « elfiques » : le sindarin et le quenya) comportent des milliers de mots, des grammaires, une phonologie, une généalogie et une évolution « historique », qui doivent en partie à des modèles qui seront ici évoqués.

  4. L'évolution des langues elfiques chez Tolkien : histoire fictive et réelle, histoire et linguistique fictionnelles (Damien Bador, Toulouse)

L’évolution des langues elfiques fait intervenir la diachronie au sein du monde fictionnel autant qu’à l’échelle de l’œuvre de Tolkien. En prenant appui sur Le Schibboleth de Fëanor, on mettra en lumière l'interaction entre les événements du Légendaire de Tolkien et l’évolution des langues (et écritures) elfiques.

  5. Phonologie et déclinaisons : les langues elfiques (Damien Bador, Toulouse)

Deux aspects seront ici privilégiés : l’évolution phonologique du quendien primitif au quenya classique (1960-1970) ; les conceptions successives des déclinaisons du nom en qenya puis en quenya, de 1915 à 1973.

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            Prière de remplir le bulletin d’inscription (page 4) et de l'envoyer à :

            CLELIA c/o Bérenger Boulay, 147 avenue Jean Jaurès, F-75019 Paris.

Date limite d’inscription : 20 juin 2014.