De lingua Latina. Revue de Linguistique Latine du Centre Alfred Ernout.
ISSN 1760-6322
Premier numéro - décembre 2008 : La négation en latin
Table des matières
- MULLER, Claude : « La négation, opérateur transversal dans la construction des énoncés »
- TOURATIER, Christian : « La portée de la négation ? »
- TOURATIER, Christian : « “Négation de phrase” vs “Négation deconstituant”, d'après l'article d'Edward S. Klima, Negation in English »
- FRUYT, Michèle : « Négation et grammaticalisation en latin »
- FRUYT, Michèle : « Origine de la négation nē dans lat. nē ... quidem, nēquam, nēquīquam »
- FLECK, Frédérique : « Interrogation sur la manière, interrogation surla cause et négation : existe-t-il des interrogations négatives portantsur la manière ? »
- ORLANDINI, Anna & POCCETTI, Paolo « Quel statut pour le latin quisquam et l'osque pídum ? »
Présentation du numéro 1
La négation est un phénomène complexe qui ne se laisse enfermer dans aucune grille de lecture unique : elle relève à la fois du domaine morphologique (morphème autonome ou lié), du domaine logique (la négation opérateur logique inverseur de vérité), du domaine syntaxique ou sémantico-syntaxique (portée et incidence de la négation, négation de phrase, de proposition, de SV, de constituant), du domaine énonciatif et pragmatique (négation polémique vs. négation descriptive). Il s'avère donc fructueux d'y jeter un regard « transversal ».
C'est dans cette approche multiple que se situent les travaux publiés dans ce numéro de la revue qui représentent les actes de l'atelier n°7 du GDR 2650 et du centre A. Ernout « La négation en latin » qui s'est tenu le 6 octobre 2007 à l'Université Paris IV – Sorbonne : les études qui suivent se proposent de transcender clivages et cloisonnements, d'adopter simultanément ou successivement plusieurs points de vue et de suivre la continuité temporelle de certains comportements linguistiques.
Adoptant une perspective typologique, Claude Muller établit, à travers des comportements similaires dans diverses langues (gascon, breton, basque) que la négation occupe une place intermédiaire et variable entre niveau propositionnel et niveau énonciatif : l'opérateur négatif n'est pas le symétrique énonciatif d'une particule affirmative ; au contraire il a tendance à neutraliser ou occulter la diversité des marquages énonciatifs. Michèle Fruyt dresse deux tableaux complémentaires : le premier illustre le phénomène de la grammaticalisation à travers la constitution de négations complexes dans les langues indo-européennes et en particulier en latin : non, nemo, nihil etc. La seconde étude porte sur la négation ne, laquelle apparaît renforcée de diverses manières, notamment sous les formes ne … quidem, nequam ou nequiquam. C'est la place et le jeu des divers constituants par rapport au noyau prédicatif (en l'espèce négation, interrogation, circonstanciels de cause et de manière) qui est au centre de l'étude de Frédérique Fleck. Anna Orlandini & Paolo Poccetti, dans une visée à la fois contrastive à l'intérieur des langues italiques (latin et osque), et diachronique en aval du latin, détectent, à partir d'une étude des quantifieurs indéfinis à négation incorporée ou à polarité négative, les prémices, en osque et en latin parlé et tardif, de l'évolution qui conduira à la généralisation des énoncés à double négation cumulative qui est de règle dans les langues romanes.
Présentation de la revue
Il s'agissait d'abord de combler un vide : l'absence de revue française spécifiquement consacrée à la linguistique latine et la rareté générale de telles publications à l'étranger. Cette revue répond surtout à un besoin et à un souhait : la diffusion des travaux menés au sein de nombreuses équipes françaises et étrangères. Une communauté scientifique s'est, en effet, constituée au fil des dernières décennies à l'occasion de nombreuses rencontres de linguistique latine qui ont eu lieu dans l'Europe entière. En outre, le Centre Alfred Ernout a constitué depuis trente ans un point de ralliement de ces chercheurs, en organisant des cycles de conférences, des journées d'études et des colloques biennaux. La présente revue se veut le reflet de ces rencontres et collaborations européennes et américaines. Seuls, jusqu'à présent, avaient été publiés, parmi les travaux du centre Alfred Ernout, les actes des colloques biennaux et de tables rondes dans la collection "Lingua Latina" aux P.U.P.S. Il restait à publier les ateliers et les conférences. Outre la publication des travaux du centre Alfred Ernout, la revue se propose de diffuser des articles scientifiques de haut niveau à la pointe de la recherche en linguistique latine, de faire des mises au point sur des questions délicates en actualisant le débat, et, de manière plus générale, d'assurer la formation des étudiants et des jeunes chercheurs. Elle cherchera aussi à donner à ces derniers un espace pour la publication de leurs travaux.
La présente revue s'ouvre à toutes les orientations théoriques, à tous les domaines et elle accueille des articles dans toutes les langues.
Les autres langues anciennes ou modernes trouveront également leur place dans une confrontation avec le latin et les langues italiques: cette revue souhaite, en effet, être un espace d'échange et apporter sa contribution à la recherche linguistique en général.
La périodicité sera de deux numéros par an, auxquels viendront s'ajouter des numéros thématiques.