"Thomas Clerc revient sur son livre Poeasy : tout sauf un recueil, puisque les sujets y sont traités à foison, dans une forme qui ne s’embarrasse pas de contraintes autres que celle de la brièveté.
Nonfiction : Pourquoi avoir choisi ce titre, de prime abord étrange, de Poeasy ? Qu’avez-vous voulu signifier à travers les multiples références à la facilité dans vos poèmes ?
Thomas Clerc : C’est une question centrale que ce motif de l’easiness – j’emploie justement un mot anglais car je vois mal comment le traduire en français. L’aisance ? Ou bien il y a un vieux mot, l’aise, au sens de prendre ses aises.
J’ai voulu défendre l’idée d’une certaine facilité, en ce sens que la poésie, en France, a fait historiquement l’objet d’une captation élitiste. Elle est devenue un genre difficile, hermétique, pour faire simple, depuis Mallarmé – hermétisme que je peux apprécier à titre personnel, j’aime beaucoup Mallarmé, mais il est hors de question pour moi d’aller dans ce genre de direction. Je suis précisément contre l’idée d’une secte ; et il est très possible que la poésie médiévale, au contraire, faisait davantage partie du décor quotidien. J’ai profondément la conviction que la poésie est quelque chose à quoi tout le monde a droit, et peut avoir accès. En écrivain Poeasy, j’ai donc cherché une forme d’accès plus aisée au langage poétique.
Pour le dire autrement, j’ai voulu renouer avec une poésie à l’américaine. "