Fictions et inventions philosophiques
Appel à communication
Université Laval, 6-10 mai 2013
La philosophie invente et la fiction pense. Telles sont les bases thématiques sur lesquelles aimerait reposer la réflexion que nous nous proposons de mener au cours du présent colloque, événement scientifique organisé dans le cadre du Congrès 2013 de la Société de Philosophie du Québec.
Si l’on en croit une certaine doxa, la philosophie, sans être nécessairement éternelle, n’aurait que très peu de choses à voir avec l’invention, tandis que la fiction ne penserait qu’indirectement, par biographie d’auteur interposée, ou encore seulement que du point de vue de ses effets sur le lecteur. À cet égard, rares semblent être les institutions qui reconnaissent et mettent en oeuvre le droit à la philosophie de fabuler, et le potentiel qu’a la fiction de réfléchir de façon intrinsèque ses formes et ses idées.
D’une manière plus positive, il nous paraît important de mettre en question les « catégories » du savoir en général et de la pensée philosophique en particulier, ce qui revient à interroger la forme et la pratique de la philosophie, à la comprendre comme un commencement inventif et non pas comme une quête de solution définitive. La fiction et l’invention, selon le point de vue que nous souhaitons défendre, révèlent ce dont la philosophie, et particulièrement la philosophie dite moderne, est capable.
Évidemment, il ne suffit pas de dire à qui veut bien l’entendre que la philosophie, au moins depuis Descartes et ses fables métaphysiques, si ce n’est depuis Platon et ses dialogues, pense et invente à partir de la fiction. Encore faut-il le prouver en pratiquant les diverses formes que peut prendre cette dimension inventive du discours philosophique. Pour y arriver, plusieurs questions méritent d’être soulevées, dont celles-ci, que nous proposons à titre exploratoire :
- Qu’est-ce qu’inventer un système philosophique ?
- Dans quelle mesure peut-on parler d’invention au sein d’un système philosophique ?
- Y aurait-il un mode de fiction propre à la philosophie ?
- En philosophie, quel rapport y a-t-il entre la fiction et l’invention conceptuelle ?
- Dans quelle mesure une forme d’expression fictionnelle peut-elle avoir une incidence sur la nature de la pratique philosophique ?
- La pratique philosophique offre-t-elle de nouvelles avenues à emprunter afin de mieux comprendre notre rapport à la fiction ?
- Quel est le rôle de la fiction en matière de transformation de nos idées et émotions ?
Par l’entremise de ce colloque « Fictions et inventions philosophiques », nous souhaiterions ainsi mettre l’accent sur le rapport bidirectionnel qui existe entre la philosophie et la fiction, et comprendre en quoi la première peut aider à (re)définir la seconde, et vice versa. Aussi, dans le dessein d’organiser un événement libre et indisciplinaire, nous encourageons les conférenciers à élargir leurs horizons au-delà des fictions philosophiques et littéraires, en s’intéressant aux moyens qu’ont d’autres formes d’art – comme le cinéma, le théâtre et la peinture – ou d’autres médiums – tel Internet et les technologies du numérique – pour réfléchir et pour inventer « philosophiquement ». Nous proposons toutefois une restriction temporelle dans le corpus à l’étude, à savoir que les conférenciers devront dans la mesure du possible se limiter à l’espace-temps de la modernité philosophique, des Essais ou des Méditations jusqu’à Qu’est-ce que la philosophie ? ou L’insoutenable légèreté de l’être, sans oublier les Miettes de Kierkegaard et les Fictions de Borges.
Les propositions de communication (300-500 mots, comprenant problématique, sujet et corpus envisagé), accompagnées d’une courte notice biobibliographique doivent parvenir au plus tard le 20 novembre 2012 aux adresses suivantes : thomas.carrier-lafleur.1@ulaval.ca, mdivi052@uottawa.ca.
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Ne seront pas priorisées les propositions visant à étudier le rôle de la fiction ou de l’invention dans une oeuvre littéraire ou philosophique donnée, mais bien celles qui centreront leur réflexion conceptuelle et poétique autour du thème de la fiction et de l’invention en elles-mêmes et pour elles-mêmes. Les communications seront d’une durée de 20-30 minutes, suivies d’une période de discussion. Bien que des demandes de subventions seront déposées afin d’assurer le bon déroulement du colloque, les participants devront adhérer à l’ACFAS, ainsi qu’à la SPQ, de laquelle ils pourront obtenir un financement partiel ou complet de leur déplacement. À noter que l’adhésion à l’ACFAS doit être faite par le participant avant le 28 novembre 2012 (acfas.ca). Quant à la SPQ, la date limite d’inscription est le 5 décembre, que le participant fera aussi sur son site web (spq.uqam.ca). La sélection des propositions sera faite dans un délai de cinq jours, les conférenciers choisis auront donc trois jours pour confirmer leur participation en s’inscrivant au 81e congrès de l’ACFAS.
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Bibliographie suggérée
BOSS, Gilbert, Explorations et inventions
BOSS, Gilbert, Jeux de concepts
BRUNO, Giordano, L'infini, l'univers et les mondes
CASSOU-NOGUÈS, Pierre, Mon zombie et moi. La philosophie comme fiction
CITTON, Yves, Lire, interpréter, actualiser. Pourquoi les études littéraires ?
DELEUZE, Gilles et Félix GUATTARI, Qu’est-ce que la philosophie ?
DESCOMBES, Vincent, Proust. Philosophie du roman
FONTENELLE, Entretiens sur la pluralité des mondes
GENETTE, Gérard, Fiction et diction
GROYS, Boris, Introduction to Antiphilosophy
HESSE, Herman, Le jeu des perles de verre
LANDY, Joshua, How to do Things with Fiction
LEIBNIZ, Essais de théodicée
MACHEREY, Pierre, À quoi pense la littérature ? Exercices de philosophie littéraire
MACHEREY Pierre, De l’utopie !
NIETZSCHE, Friedrich, Ainsi parlait Zarathoustra
RANCIÈRE, Jacques, La fable cinématographique
SIMONDON, Gilbert, Imagination et invention (1965-1966)
SOURIAU, Étienne, L’instauration philosophique
STAQUET, Anne, L’utopie ou les fictions subversives
WITTGENSTEIN, Ludwig, Recherches philosophiques
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Comité scientifique
Thomas Carrier-Lafleur, Michaël Di Vita, Francis Levasseur, Mitia Rioux-Beaulne.