Compte rendu publié dans Acta fabula : "La fabrication du chef-d’œuvre" par Yona Hanhart Marmor.
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Georges Didi-Huberman, Blancs soucis
Paris : Les Éditions de Minuit, coll. "Fables du temps", 2013.
128 p., 20 illustrations in-texte
12,50 €
EAN 9782707322838
Présentation de l'éditeur :
L’artiste est inventeur de temps. Il façonne, il donne chair à des durées jusqu’alors impossibles ou impensables : apories, fables chroniques.
Un petit film de Sarkis intitulé Au commencement, l’apparition donne ici l’occasion de réfléchir – historiquement et anthropologiquement – sur l’étrange figure composée du lait et de la mort.
Entre l’écoute et la parole, une installation d’Esther Shalev-Gerz, permet quant à elle de reposer à nouveaux frais la question du témoignage historique et de ses « blancs », de ses événements de silence.
Question qui ne peut être traitée de haut puisqu’elle met en cause notre langage lui-même, et qui cherche son propre phrasé à l’écoute de la littérature, qu’il s’agisse d’un poème de Mallarmé, d’une fable hassidique ou d’un récit de Georges Perec.
TABLE DES MATIÈRES
LE LAIT DE LA MORT
Sarkis : Au commencement, l’apparition, 2005 (4). — Lettre, bol, lait, rai, tact : langage, fond, milieu, visibilité, corps (6). — La peinture et le lait, le bol d’Arménie (9). — Figurabilité : quand les images travaillent le langage au corps. Écrire le lait : Michelet, Bachelard. Voir et boire (12). — Voir et toucher. Impureté du lait, sexualité et parenté (16). — Rites et tabous du lait. Lait qui tourne et mauvais œil (20). — Délicatesse mémorative. L’artiste comme immigré. Rendre les choses déplacées (24). — Quand la main se creuse. Ouvrir et présenter (28). — Geste, contre-effectuation, symbolisme. Mystiques du lait (30). — Face à Grünewald. Dramatiser la couleur. Onction et profanation (33). — Montrer : altérer, ouvrir. Lait, lai, legs (37). — Mettre le doigt dans la plaie et former un lieu de mémoire. Le lait de la mort (40).
BLANCS SOUCIS DE NOTRE HISTOIRE
Esther Shalev-Gerz : Entre l’écoute et la parole, 2005. Regarder va et vient (44). — Écouter va et vient. « Le blanc souci de notre toile » (45). Exposer la parole des témoins : donner une forme au bien commun. Singulier-pluriel. Le montage des silences dans la parole (47). — Une parabole hassidique. Du monument enterré (gestes de plomb) au monument en suspens (gestes d’air) (50). — Les silences du témoin : Abraham Bomba dans Shoah de Claude Lanzmann. Paradigmes éthiques et esthétiques, de Lessing à Roland Barthes (53). — Les silences comme événements. Communautés de la fêlure. La notion de souci : dysfonctionnement, tourment et sollicitude. La beauté, le blanc, le montage (57). — En-deça des paradigmes : symptômes, rythmes, conflits au cœur de chaque silence (62). — Silence et souci de l’autre. Georges Perec : une forme pour écrire avec ses « blancs soucis » (66). — Quand l’histoire passe malgré tout : le conteur, selon Walter Benjamin, comme figure du juste (69). — Le visage et sa dépouille, la parole et son silence. Ralenti, gros plan, tempo du montage. Émotion et construction. À l’écoute des silences de l’histoire (72).