GROUPE DE RECHERCHES THÉORIQUES
(2006-2007)
Organisé par l’Ecole Doctorale de Littératures française et comparée de l’Université Paris-Sorbonne
et l’Institut de Recherche et d’Innovation du Centre Georges Pompidou
Direction du programme :
Denis Guénoun (Paris-Sorbonne).
Coordination :
Johann Holland (Compiègne, CNRS).
Prochaine conférence:
24 octobre
(en Sorbonne, Amphi Milne Edwards)
Marcello Vitali Rosati (Pise)
Réflexions pour une resémantisation du concept de virtuel
Une grande partie de la philosophie du XXème siècle s'est efforcée de libérer la "pensée" de l'abstraction qui la caractérisait depuis Descartes.
L'opposition entre corps et pensée semble avoir été le premier obstacle à dépasser pour ne pas tomber dans l'erreur que Merleau-Ponty appellait "pensée de survol", à savoir: une pensée qui, se prétendant omnisciente, finirait par glisser sur le monde sans en saisir la signification la plus profonde.
Pour éviter cet écueil, plusieurs philosophes ont essayé de rendre la pensée concrète en la replaçant dans le monde. C'est notamment l'idée heideggerienne d'Être-là.
Mais comment envisager ce retour au monde après le surprenant développement de ce qu'on appelle "le virtuel"?
Ce concept semble avoir causé une crise de l'idée même d'être-là à cause de sa force déterritorialisante.
Avec le virtuel, on ne peut plus être-là, on est toujours "hors-là", comme Michel Serres le montre de façon très convaincante.
Voilà pourquoi une interrogation radicale sur le sens du concept de virtuel s'avère de plus en plus nécessaire et urgente.
Comprendre la signification profonde du terme ne sera pas seulement un moyen fondamental pour interpréter notre quotidien après le changement engendré par la naissance et la diffusion des nouvelles technologies, mais sera surtout un passage obligé pour revenir à la question du rapport entre corps et pensée, entre activité et passivité, entre sujet et objet.