Héritages d'Ursula Le Guin. Science, fiction et éthique pour l'Anthropocène
Conférence internationale à Paris · Juin 19 – 21, 2019
École polytechnique / Sorbonne Nouvelle
Tout pouvoir humain est sujet à résistance et à changement par les êtres humains. Résistance et changement prennent souvent leur source dans l'art, et très souvent dans notre art, l'art des mots.
–Ursula K. Le Guin
Ethique et esthétique planétaires, communautés inter-espèces, sociétés anarchistes et post-genre, savoir indigène, intelligence végétale… les chemins qu’Ursula K. Le Guin a ouverts à nos imaginaires sont autant de voies possibles pour mieux habiter le 21e siècle. Essayiste visionnaire et styliste hors-pair, Ursula K. Le Guin nous a quittés le 22 janvier dernier, laissant derrière elle une œuvre substantielle de fiction et d’essais dont le contenu parait tous les jours plus essentiel.
Le colloque international Héritages d'Ursula Le Guin traitera de cette œuvre de part une multiplicité de perspectives, dessinant ses ramifications littéraires, écologiques, philosophiques, socio-économiques et anthropologiques et évaluant son potentiel à re-imaginer le monde dans lequel nous vivons. Ce colloque fait suite à des événements récents inspirés par son œuvre, telles que les journées portes ouvertes de la Cité internationale des arts, Nous ne sommes pas le nombre que nous croyons être (Paris, printemps 2018). Se nourrissant de ces événements, Héritages d'Ursula Le Guin réunira artistes, scientifiques et écrivains pour des tables rondes qui compléteront nos discussions universitaires.
Dans sa construction de mondes et de mythes alternatifs, Le Guin allie sciences et littérature, et propose ainsi de nouvelles méthodologies pour l'entrelacement et le partage du savoir. Rompue aux arcanes de l’anthropologie par son père Alfred Kroeber, l’un des anthropologues les plus importants du 20e siècle, elle a su mettre à profit cette connaissance mais ne s’est pas arrêtée à cette discipline. Le Guin a en effet puisé avec pertinence dans d’autres sciences sociales (sociologie, sciences politiques, linguistique), mais aussi dans les sciences de la matière (physique, biologie, écologie), ainsi que dans la théorie littéraire, la philosophie, l’historiographie, la théologie et la mythologie.
Bien au-delà de la simple caution intellectuelle, ces niveaux épistémiques structurent en profondeur la fiction de Le Guin. Mais si son œuvre fait preuve d’une grande complexité de pensée, c'est autant par l'affect et le corps sensible que par la raison que la lectrice entre dans les visions de cette auteure, portée par l'élégance et la fluidité de son style et par sa fine maîtrise du récit. À ce niveau d’exigence épistémique correspond chez Le Guin une exigence morale. Ecrivaine engagée, elle aura pensé l'anarchisme, le féminisme, le racisme, la diversité linguistique et culturelle, l’écologie, le droit des animaux, le désarmement. Son œuvre nous enjoint à redéfinir ce qu’être humain signifie en décentrant une vision traditionnelle potentiellement genrée et racialisée de l’humain pour placer celui-ci dans un continuum qui inclut les animaux, la technologie, et plus généralement l’environnement.
Conférence plénière par :
Isabelle Stengers (Université Libre de Bruxelles)
Les présentations pourront être données en français ou en anglais, et avoir trait aux domaines suivants :
- études animales
- écologie profonde
- écriture de la crise écologique
- questions de genre et politiques reproductives, bio-politique
- théorie et pratique queer
- post-humanisme
- anarchisme, capitalisme, industrialisme, post-colonialisme
- design environnemental et imaginaire de l'infrastructure
- utopie et dystopie
- philosophies orientales
- études indigènes et native-américaines
- l’anthropologie comme méthodologie littéraire
- sciences et littérature (incluant science sociales), épistémocritique
- le langage et le monde matériel
- transmédialité
- éthique et esthétique de la science fiction et de la fantasy
- la science fiction comme genre littéraire
- traduire Le Guin
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Les propositions (250-500 mots), accompagnées d’une courte biographie, doivent être envoyées à :
- christopher.robinson@polytechnique.edu
- sarah.bouttier@polytechnique.edu
- pierre-louis.patoine@sorbonne-nouvelle.fr
La date limite d’envoi des propositions est fixée au 15 novembre 2018.
Les propositions seront soumises à une évaluation en double aveugle par le comité scientifique, et les auteurs seront notifiés du résultat de leur candidature avant le 15 décembre 2018.
Comité d’organisation
- Christopher Robinson (École polytechnique)
- Sarah Bouttier (École polytechnique)
- Pierre-Louis Patoine (Université Sorbonne Nouvelle)
Ce colloque est une initiative commune de l’École polytechnique (Département des Langues et Cultures, en association avec la Chaire Art et Sciences) et de la Sorbonne Nouvelle (EA 4398 PRISME – Groupe 19-21 Modernités critiques & TRACT).
Comité scientifique
- Danièle André (Université de La Rochelle, présidente de Stella Incognita)
- Stephanie Burt (Harvard University)
- Marie-Pier Boucher (MIT)
- Mathieu Duplay (Université Paris Diderot)
- Gaïd Girard (Université de Bretagne Occidentale)
- Veronica Hollinger (Trent University, Canada)
- Irène Langlet (Université de Limoges)
- Hélène Machinal (Université de Bretagne Occidentale)
- Marc Porée (ENS Ulm / Sorbonne Nouvelle)
- Anne Simon (CNRS)
- Natacha Vas-Deyres (Université Bordeaux Montaigne)