Compte rendu publié dans le dossier critique d'Acta fabula "Aux listes et caetera" (mai 2013, Vol. 14, n° 4) :
"Théorie des amours possibles" par Florian Pennanech.
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Jacques Dubois, Figures du désir. Pour une critique amoureuse
Bruxelles : Les Impressions nouvelles, coll. "Réflexions faites", 2011
EAN 9782874491184. — 18 EUR
Réalités psychiques, les personnages des romans vivent en nous avec plus ou moins d’intensité. À quelques-uns, nous réservons un accueil si particulier que nous aimerions nous introduire dans leur vie et leur univers. C’est bien ce que fait ici l’auteur en donnant vie à quelques figures, avec lesquelles il a noué des relations de vive affection. Il leur confère une autonomie particulière, allant jusqu’à infléchir, au gré d’une interprétation des oeuvres correspondantes, leurs destins. C’est pour lui façon de rendre justice à des personnages que leurs créateurs ont injustement traités, depuis la Valérie Marneffe de Balzac jusqu’à la Marie de Jean-Philippe Toussaint.
Augustine, Marie, Valérie, Marie-Noire… Beaux prénoms de femmes qui n’existent finalement que dans l’esprit de leurs auteurs. Mais comme tous les personnages de roman elles prennent vie d’une étrange façon ; elles n’existent pas et pourtant elles rentrent dans nos vies. Qui n’a pas, le livre refermé, imaginé une suite, transformé la fiction pour en inventer une autre, où les personnages seraient plus heureux, où les choses se passeraient mieux ? Jacques Dubois donne toute leur place aux héroïnes de roman qu’il a rencontré et dont il est tombé « amoureux », leur inventant pour nous d’autres destinées. Toute-puissance du lecteur, beauté infinie de la littérature, Figures du désir nous invite à la découverte ou à la redécouverte de neuf grandes œuvres romanesques.
Professeur de l’université de Liège, Jacques Dubois est spécialiste du roman français des XIXe et XXe siècles et se réclame de la critique-fiction. Il est notamment l’auteur de Le Roman policier ou la modernité (Armand Colin, 1996), Pour Albertine. Proust et le sens du social (Seuil, 1997), Les Romanciers du réel (Points Seuil, 2000), Stendhal. Une sociologie romanesque (La Découverte, 2007). Il a édité avec Benoît Denis trois volumes de romans de Simenon dans la bibliothèque de la Pléiade. En collaboration avec Nancy Delhalle et Jean-Marie Klinkenberg, il a dirigé l’ouvrage collectif Le Tournant des années 1970. Liège en effervescence (Les Impressions Nouvelles, 2010).
Sommaire :
Préface
1. Albertine plus vive que morte (Albertine Simonet, qui vient de mourir) – Marcel Proust, Albertine disparue
2. Marie naïade de style (Marie de Montalte, styliste et maîtresse du narrateur) – Jean-Philippe Toussaint, Faire l’amour, Fuir et La Vérité sur Marie
3. Valérie femme comme il en faudrait (Valérie Marneffe, petite bourgeoise devenue courtisane) – Honoré de Balzac, La cousine Bette
4. L’autre Christine via Charly (Christine, narratrice des deux romans) – Christine Angot, Le marché des amants et Les Petits
5. Séverine Méduse ménagère (Séverine Roubaud, maîtresse de Jacques Lantier) – Émile Zola, La Bête humaine
6. Anna agent du Komintern (Anna Kupper, réfugiée politique, fuyant l’invasion allemande) – Georges Simenon, Le Train
7. Augustine maîtresse vacante (Augustine Grandet, bourgeoise riche et ambitieuse) – Stendhal, Lucien Leuwen
8. Marie-Noire petite fille moderne (Marie Noire, dite Marie-Noire, jeune fille de 1965) – Louis Aragon, Blanche ou l’oubli
9. Charlus/Saint-Loup avec les hommes (Baron de Charlus et Robert de Saint-Loup, aristos et homosexuels) – Marcel Proust, Le temps retrouvé
Le mot de la fin