Actualité
Appels à contributions
Centenaire de la publication de Jean Barois de Roger Martin du Gard

Centenaire de la publication de Jean Barois de Roger Martin du Gard

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Hélène Baty-Delalande)

Journée d’études du 15 novembre 2013

Centenaire de la publication de Jean Barois de Roger Martin du Gard

Totalité et fragmentation dans les œuvres romanesques
de Martin du Gard : genres, styles, lectures

 

Organisation : J.-F. Massol (Grenoble 3) et H. Baty-Delalande (Paris 7)

Lieu : Université Stendhal Grenoble 3

 

« Je commencerais : une description ; le récit d’un fait ; une analyse de caractère ; un autre fait ; un dialogue ; un fragment de journal ; un monologue ; un bout de lettre ; d’autres faits ;d’autres analyses ; d’autres dialogues… Des documents, enfin, comprends-tu ? Fini, le récit délayé d’où émergent les morceaux qui font le livre ! »

Roger Martin du Gard réalise le rêve du héros de Devenir ! (1908) dans Jean Barois, qui, en 1913, va véritablement le révéler comme écrivain. Grasset refuse l’ouvrage : « Ce n’est pas un roman, c’est un dossier », mais Gide est enthousiasmé par le gros manuscrit : « Celui qui a écrit cela peut n’être pas un artiste, mais c’est un gaillard ! » Pour cette « biographie minutieuse » qui veut étudier « le conflit entre l'hérédité plus ou moins mystique d'une génération et l'éducation positive, toute chargée de science contemporaine », Martin du Gard a choisi de mettre en œuvre sa « grande idée » du « roman dialogué », et qui consiste dans l'utilisation de scènes de type théâtral. De fait, Jean Barois, roman dialogué et roman d'idées, juxtapose des fragments ressortissant à d’autres genres encore : nombreuses lettres, discours, plaidoyers, pages de journal, testament, mais aussi documents collés, citations diverses. Le roman apparaît ainsi comme un tout irréductiblement hétérogène. Réinventer le roman hors du romanesque, hors de l’aventure, dans un rapport repensé au réalisme (une mimesis cinématographique, des documents collés, des situations abstraites), par la diffraction des genres et des régimes d’écriture, l’éclatement formel, dans la structure maîtrisée du roman d’idées, tel est le pari osé, et réussi, de Martin du Gard pour son vrai coup d’essai. Pari moderne, qui participe de l’effervescence littéraire de 1913.

Pour Les Thibault, Martin du Gard abandonne la « déraisonnable aventure » du roman dialogué, et revient à une poétique romanesque marquée d'un certain classicisme, sans toutefois renoncer aux hybridations génériques et aux jeux de voix, à des échelles diverses. Cette conception de l’hybridité romanesque fait nettement retour dans les réflexions qui viennent s'intégrer dans le vaste projet de roman posthume, « Maumort ». Cet opus ultime comprendra des pages de journal intime, de mémoires, des lettres, au moins une nouvelle et un ensemble de réflexions sur le projet même ou sur le roman en général. La question des relations entre le tout et les parties, celles des genres, des styles, des modes de lecture se pose encore pour cette dernière œuvre, encore compliquée par l’inachèvement programmé du texte, laissé à l’état de manuscrit touffu aux éditeurs potentiels.

Quel sens donner à ce choix de l’hybridation générique, de la juxtaposition et de la fragmentation chez ce romancier qui croit encore à la puissance du roman « réaliste » et « objectif » en ces années 1910-1950 ?

Comment penser ensemble ces déformations du romanesque et les enjeux singuliers des œuvres (la courbe du biographique, pour Jean Barois et « Maumort » ; le discours sur l’histoire ; le rapport au politique ; la hantise de l’inactuel…) ?

 

La journée d'étude organisée à l'université Stendhal de Grenoble le 15 novembre 2013 sera consacrée à cette question de l’hétérogène et du montage chez Martin du Gard, dans ses dimensions génériques et stylistiques, ainsi que dans la perspective des modalités de lecture qu’elle implique. Elle sera aussi l’occasion de réfléchir à la modernité de Jean Barois, et de réinscrire cet ouvrage inclassable, parfois méconnu, dans l’histoire du roman français au XXe siècle.

 

Les propositions de communication, d’une quinzaine de lignes, sont à envoyer à Hélène Baty-Delalande (h.batydelalande@gmail.com) et à Jean-François Massol (j-f.massol@wanadoo.fr) avant le 15 septembre 2013.

 

 

Comité d’organisation :

Hélène Baty-Delalande (U. Paris-Diderot Paris 7)

Jean-François Massol (U. Stendhal Grenoble 3)

 

Comité scientifique :

André Daspre (U. de Nice)

Jean-Louis Jeannelle (U. Paris-Sorbonne)

Aude Leblond (U. Sorbonne nouvelle Paris 3)

Angels Santa (U. Lleida)

Alain Tassel (U. de Nice)