L’écriture experte : enjeux sociaux & scientifiques
Colloque international , Université de Sherbrooke
Campus Sherbrooke, 13 et 14 juin 2013
Campus Longueuil, 15 juin 2013
Argumentaire
Le colloque L’écriture experte : enjeux sociaux et scientifiques est une initiative conjointe de l’Université de Sherbrooke et de l’Université d’Aix-Marseille (AMU-IUFM). L’objectif du colloque est de réunir chercheurs, professeurs et enseignants dont le champ de recherche englobe l’écriture experte, de type universitaire ou professionnel. L’écriture experte se reconnaît à la capacité du scripteur d’exercer un haut degré de contrôle cognitif sur tous les aspects de la production d’un texte/ d’un document : planification du contenu, représentation des objectifs et du contexte, rédaction et révision du contenu et de l’écriture en fonction des buts rhétoriques et pragmatiques (Kellogg, 2008).
L’écriture étant définie, sur le plan cognitif, comme une activité de gestion de contraintes (Plane, Olive & Alamargot, 2010) il est clair que l’écriture experte se manifeste dans des contextes de résolution de problèmes complexes. Par exemple, l’édition du contenu des pages WEB oblige les rédacteurs professionnels à développer de nouvelles compétences en écriture adaptée au profil des lecteurs de textes numériques (saisie d’informations rapide, polyphonie des situations énonciatives sur une même page numérique renvoyant à divers genres, tel le document informatif principal, des pages interactives grâce à Twitter ou Facebook, etc. (Kavanagh, 2007 ; Rey et Beaudet, 2011) Sur un autre plan, la mondialisation des échanges oblige le rédacteur à adopter une position énonciative particulière, neutralisante sur le plan socio-culturel ou encore ouverte sur la diversité par les exemples, la variété de langue utilisée, pour ne pas nuire aux buts rhétoriques et pragmatiques des échanges. Ces deux exemples démontrent la complexité grandissante de l’écriture professionnelle en contexte d’efficacité communicationnelle : le rédacteur se fait médiateur entre le mandant, le texte et son lecteur (Clerc et Beaudet, 2008).
Par ailleurs, si le rédacteur professionnel est conscient de l’importance de relever ce type de défis, du fait des exigences toujours croissantes du marché, il n’en est pas de même des membres des autres professions, toutes disciplines confondues, du fait qu’ils ne reçoivent que peu ou pas de formation en communication écrite (Beaudet et Rey, Scripta, 2012, à paraitre). Pourtant, la plupart des diplômés universitaires se dirigent vers des professions où ils et elles devront rédiger efficacement des documents professionnels complexes et ainsi se qualifier comme rédacteurs fonctionnels dans leur communauté discursive (Labasse, 2006). D’après Schriver (2012: 275), les sondages effectués auprès d’adultes sur le marché du travail révèlent que «les professionnels consacrent en moyenne 24% de leur temps de travail à écrire ». [Notre traduction][1]. Avec les outils numériques, le temps consacré à cette activité n’a cessé d’augmenter. Cela s’explique du fait que la plupart des diplômés universitaires occupent aujourd’hui des emplois associés à la production de connaissances, participant ainsi à l’économie du savoir (Beaufort, 2008; Brandt, 2009). À l’instar de Davidson et Grabill (2011), nous estimons que la société du savoir est essentiellement une société de l’écrit et de l’écriture. Comme les auteurs le spécifient: «Le travail lié à la production de connaissances s’appuie sur l’écrit ou prend forme dans l’écrit. » [Notre traduction][2] Dans ce contexte, comment expliquer, dans le monde francophone, la quasi-absence de formation approfondie en rédaction disciplinaire, menant à une maitrise de l’écriture experte?
Pourtant, la production de textes non littéraires, adaptés à un contexte de réception spécifique, est un enjeu auquel un nombre grandissant de spécialistes s’intéresse. Leurs recherches s’appuient sur de multiples disciplines ou approches analytiques de référence, telles les sciences de l’éducation, la psychologie cognitive, la linguistique appliquée, les sciences de la communication, l’analyse de discours, la génétique textuelle, parmi les principales (Beaudet et Clerc, 2008).
Nous invitons ces spécialistes de la rédaction professionnelle ou universitaire à soumettre des propositions s’inscrivant dans le cadre de trois grands axes de réflexion, que nous exposons de manière très générale pour que notre propos soit le plus inclusif possible :
L’écriture experte des professionnels de la communication écrite : didactique, fondements, savoirs, approches pédagogiques, évaluation, expérimentations. L’écriture universitaire : didactique, fondements, savoirs, progression des apprentissages, évaluation, ancrage disciplinaire, genres et modèles d’écriture experte, expérimentations. La pratique de l’écriture professionnelle ou fonctionnelle : études de cas.Toute proposition contribuant à la compréhension de la nature, de la didactique, de la pédagogie de l’écriture experte et de ses applications sera considérée avec intérêt et soumise pour évaluation à un comité scientifique. Par ailleurs, nous invitons les rédacteurs professionnels et fonctionnels à soumettre des propositions de communication ou de panel portant sur les fondements de leur expertise, sur leurs conditions de travail, sur des études de cas, l’évolution de leur carrière ou tout autre sujet jugé intéressant. Ces séances se tiendront au campus de Longueuil, le samedi 15 juin 2013, avec la participation de la Société québécoise de la rédaction professionnelle.
Grâce à une subvention du Conseil franco-québécois de la coopération universitaire (CFQCU), nous prévoyons la présence de quatre conférenciers/conférencières invités. De plus, le colloque sera suivi de la publication des actes en format imprimé et électronique. Toute personne intéressée à publier un article tiré de sa communication pourra l’acheminer au comité organisateur après la tenue du colloque. Des informations sur le protocole de rédaction seront rendues disponibles en janvier 2013.
Modalités de soumission
Date limite d'envoi des propositions de communication : 15 décembre 2012
Langue du colloque : le français.
Date de réponse du Comité : 30 janvier 2013
Format des propositions : les propositions ne doivent pas dépasser 500 mots, en format Word, 12 points. Vous êtes invités à n’ajouter que les cinq références les plus significatives en relation avec vos travaux et à formuler cinq mots clés.
Faites parvenir votre proposition par courriel aux deux membres du Comité d’organisation :
- Céline Beaudet, Université de Sherbrooke : celine.beaudet@usherbrooke.ca
- Véronique Rey, Aix-Marseille Université: veronique.rey-lafay@univ-amu.fr
Comité scientifique
Christiane Blaser (Université de Sherbrooke). Shirley Carter-Thomas (Institut Mines-Télécom, Télécom École de Management). Martine Cavanagh (Université de l’Alberta, campus Saint-Jean). Christiane Donahue (Dartmouth University, New Hampshire, USA). Stéphanie Fonvielle (IUFM-Aix-Marseille Université). Odette Gagnon (Université du Québec à Chicoutimi). Bernadette Kassi (Université du Québec en Outaouais). Eric Kavanagh (Université Laval). Bertrand Labasse (Université d’Ottawa). Christophe Leblay (Université de Turku, Finlande). André Marquis (Université de Sherbrooke). Marie-Emmanuelle Pereira (IUFM-Aix-Marseille Université). Alain Rabatel (Université Claude-Bernard, Lyon 1). Fanny Rinck (Université Paris Ouest-Nanterre).Références
Beaudet, C. et Clerc, I. (2008). L’enseignement de la rédaction professionnelle au Québec : Quels fondements disciplinaires? Quelle reconnaissance institutionnelle? Actes du colloque De la France au Québec : l’écriture dans tous ses états. Poitiers : Université de Poitiers, 2008. http://www.poitou-charentes.iufm.fr/IMG/pdf/BeaudetClercCONF.pdf.
Beaudet, C. et V. Rey. (2012) De l’écrit universitaire à l’écrit professionnel : comment favoriser le passage de l’écriture heuristique et scientifique à l’écriture professionnelle ? Revue Scripta (PUC Minas, Brésil), no 30, à paraître.
Beaufort, A. “Writing in the Professions”. Handbook of Research on Writing. History, Society, School, Individual, Text. Ed. C. Bazerman. New York: Lawrence Erlbaum Associates, 2008. 221-236.
Brandt D. Literacy and Learning. Reflections on Writing, Reading, and Society, San Francisco: Jossey-Bass, 2009.
Clerc, I. et C. Beaudet (éd.). 2008. Langue, médiation et efficacité communicationnelle, Presse de l’Université Laval, 2008, 228 p. Hart-Davidson, W. & Grabill, J. T., Understanding and Supporting Knowledge work in Schools, Workplaces, and Public Life. Starke-Meyerring, D., Paré, A. Artemeva, N., Horne, M. and Yousoubova, L. Writing in Knowledge Societies. Perspectives on Writing. Fort Collins, Colorado: The WAC Clearinghouse and Parlor Press. Available at http://wac.colostate.edu/books/winks/ Publication Date: November 23, 2011. 161-176.
Kavanagh, É. (2007). «Du papier à la page-écran : principes de l’adaptation Web», dans BISAILLON, J. (dir.), La révision professionnelle : processus, stratégies et pratiques, Québec, Nota bene, p. 139-166.
Kellogg, R. Training Writing Skills: A cognitive Developmental perspective. Journal of Writing Research, 2008, 1(1), 1-26.
Labasse, B. (2006). La communication écrite. Une matière en quête de substance, Éditions Colbert.
Plane, S., T. Olive and D. Alamargot. « Traitement des contraintes de la production d’écrits : aspects linguistiques et psycholinguistiques », Langages 177 (2010) : 83-111.
Rey, V. et C.Beaudet (2011). « Rapport de stagiaires en formation de lettres aux textes virtuels : vers une nouvelle écriture professionnelle », Revue LIDIL de Linguistique et didactique des langues, Laboratoire Lidilem, Université Stendhal, Édition ELLUG, no 43, juin 2011. 103-116.
Schriver, K. “What we know about Expertise in Professional Communication”. Past, Present, and Future Contributions of Cognitive Writing. Ed. V. Berninger. New York: New York Psychology Press, 2012. 275-312.
[1] «Surveys of adults in the workplace suggest that professionals spend on average 24% of their workweek writing.»
[2] «Knowledge work is either supported by writing or embodied as writing».