Le génocide des Arméniens 1915-2015
Discours et représentations
Colloque international organisé à l’université Paul-Valéry,
5 et 6 février 2015.
Manifestation co-organisée par le RIRRA 21 et l’EA C.R.I.S.E.S.
Pour marquer la commémoration du centenaire du génocide des Arméniens perpétré en 1915 sous le gouvernement des Jeunes-Turcs, le RIRRA 21 et le laboratoire C.R.I.S.E.S. organisent un colloque intitulé « Le génocide des Arméniens 1915-2015. Discours et représentations ».
L’enjeu de ce colloque est de considérer le génocide des Arméniens dans son rapport avec les textes et les images qu'il a produits et qui ont pérennisé son actualité et sa mémoire, en résistance à la volonté d'anéantissement du bourreau.
L'une des particularités du génocide arménien est que cent ans après les faits, il n’est toujours pas reconnu par la Turquie, héritière de l'Empire ottoman. Devenu au cours de l’Histoire un enjeu politique, le génocide est, dans le cas arménien, non seulement un objet d’Histoire mais aussi un objet politisé, ce qui influence les formes de ses représentations et les discours historiographiques.
Si dans un passage célèbre de sa Poétique, Aristote distinguait le poète de l'historien, ce dernier rapportant fidèlement le passé quand le poète, lui, s’élevait à un plus haut niveau de généralité, donc de philosophie, depuis le XXème siècle, qui a ouvert l’ère des génocides, cette distinction est amenée à être repensée. En effet, les frontières entre le travail historiographique et la création littéraire tendent de plus en plus à se brouiller : les romanciers et les artistes déclenchent à présent des controverses lorsqu’ils fictionnalisent trop l’Histoire. On pensera ainsi aux polémiques soulevées par La Vie est belle de Roberto Benigni et par Les Bienveillantes de Jonathan Little. Le document, le témoignage, l’archive servent ainsi souvent de soubassement à la création littéraire alors que, dans le même temps, l’historiographie s’offre de plus en plus comme écriture.
Dans le cadre de ce colloque, il s’agira de cerner les rapports entre l’événement historique, et les textes et les images qui le constituent comme tel.
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Dans la lignée des travaux menés sur les lieux de mémoire, il s’agira d’étudier les lieux de mémoire du génocide des Arméniens. Comment les musées mettent-ils en scène l’événement ? Que dire des monuments commémoratifs ou, inversement, de leur absence ?
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D'autre part, il s'agira d'établir la part de subjectivité ou d'idéologie dans le discours historiographique portant sur le génocide des Arméniens. Le discours des historiens peut en effet être dicté par le discours officiel d'un État ou influencé par des sensibilités plus personnelles, relevant de la tendance religieuse ou politique. De la même façon, la représentation (ou l’absence de représentation) du génocide des Arméniens dans les manuels scolaires de différents états pourra être interrogée : enseigne-t-on le génocide des Arméniens de la même façon en France, aux États-Unis, en Russie, en Turquie et en Arménie et pourquoi ?
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Enfin, le colloque explorera les représentations littéraires et artistiques de l’événement. Il amènera à s’interroger sur le statut du document et sur la part de fictionnalisation, la charge émotionnelle et traumatique des œuvres. Une confrontation entre œuvres littéraires et artistiques arméniennes et turques paraît également s’imposer. Comment l’événement est-il perçu d’un côté et de l’autre de la frontière ? Comment les diasporas arméniennes perpétuent-elles la mémoire arménienne dans la littérature et l’art ? Quelles lacunes persistent en matière d’écriture et de création ?
Cette rencontre repose essentiellement sur le croisement et le dialogue entre différents domaines disciplinaires. Elle donnera lieu à une publication : les contributions des participants devront être rendues au Comité scientifique dans les semaines qui suivent le colloque.
Les propositions de communication doivent parvenir au Comité scientifique organisant la manifestation le 15 septembre 2014 au plus tard.
Contact : montpelliercolloque2015@yahoo.fr
Organisation : Patrick Louvier, Annick Asso, Héléna Demirdjian.
Comité scientifique : Gérard Dédéyan, Frédéric Rousseau, Vincent Duclert, Patrick Louvier, Corinne Saminadayar, Annick Asso, Marie-Eve Thérenty, Marie-Christine Rochmann, Héléna Demirdjian.