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Le paysage algérien dans la littérature algérienne francophone(1962-2015)

Le paysage algérien dans la littérature algérienne francophone(1962-2015)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Chihab Besra)

Le paysage algérien dans la littérature algérienne francophone (1962-2015)

Université de Médéa

Appel à communications :

Date limite : 15 janvier 2015

         Depuis quelques années, nous assistons à un changement de perspective par rapport au lien entre le paysage et le texte littéraire. Ce revirement, étayé par de nombreuses études géocritiques et sémiologiques, vient inciter à une réévaluation des incidences du lieu sur le système de représentations chez l'écrivain. C'est ainsi que les aspects paysagers au sein d'une œuvre quittent leur statut de simple cadre de l'univers fictionnel pour susciter de multiples interrogations sur le rôle qui leur est attribué ainsi que sur les différentes interactions qu'ils déclenchent lors du processus de l'écriture.

       Le texte algérien d'expression française, notamment celui d'après l'indépendance, ne fait pas exception. Il se trouve structuré par un système spatial qui non seulement lui assure sa teinte réaliste mais lui permet de véhiculer une variété de significations complexes et de discours spécifiques, relatifs au contexte où il est écrit.

En effet, la description des lieux et ce qu'elle suppose comme pluralité de codes et de signes révélateurs du mode de vie que mène la société algérienne, des moments marquants de son histoire mouvementée et des faits déterminant son avenir, permettent au lecteur de construire du sens à partir d'un va-et-vient entre le réel qu'évoque le lieu et la fiction romanesque que cette évocation déclenche.

 

       Le choix du paysage à représenter et les significations dont il se charge diffèrent d'un texte à l'autre,  en fonction du projet que l'écrivain lui assigne :

 

      L'apparition d'un lieu dans une œuvre peut relever d'une expérience de soi dans la mesure où c'est à partir du rapport entre la description des lieux extérieurs - où il n'est pas exclusivement question de la dimension visuelle - et celle de sa conscience que l'auteur construit et se construit. Cela se traduit par, des moments de réflexion, des rêveries ou des instants que l'individu semble ravir à la vie pour savourer sa solitude salvatrice. C'est le cas dans Qui se souvient de la mer de Mohamed Dib où la ville déclenche de multiples questionnements sur le destin de l'homme dans certaines situations extrêmes. Une lecture attentive du texte nous fait constater que le discours émis par l'écrivain dépasse le cadre narratif pour atteindre la réflexion philosophique que suscite l'observation des différents aspects de la vie urbaine.

Un paysage est susceptible d'amorcer des pensées ou des méditations sur l’écoulement implacable du temps, sur la nature qui résiste encore au mal généré par les humains. Il peut inciter à un repli sur soi qui prélude aux rêves infinis comme le fait le désert dans La Traversée de Mouloud Mammeri où une multitude d'images désertiques extrait l'observateur à l'exiguïté du vécu ainsi qu'à la crise profonde de sa pensée pour le projeter dans des visions prémonitoires et utopiques.

 

      Le paysage peut être abordé comme un critère pertinent d'identité : c'est à partir de ce fragment de nature que des liens étroits se tissent entre les sociétés et leur territoi­re. Ce constat mène souvent le politique à instrumentaliser les caractéristiques paysagères d'un pays en les insérant dans un système de valeurs pour canaliser les opinions vers un discours quelconque et modeler une vision unifiée de l'unité et l'identité nationales.

Le paysage s'aperçoit aussi comme ce contexte socio-culturel dans lequel l'œuvre littéraire s'écrit. En effet, la sémiologie paysagère et la géocritique ont montré que, outre son aspect matériel, un paysage revêt une importance symbolique considérable dans la mesure où toute société élabore un ensemble de liens particuliers avec l'espace où elle vit. La (dé)valorisation et la dénomina­tion des lieux, à titre d'exemple, se fait toujours à partir des critères où la tradition, l'affectif, l'éthique, l'ethnique, le mythique, l'esthétique, le sacré sont présents.

       En dépit de son apparence immuable, un paysage est loin d'être passif. C'est le lieu où les différentes couches temporelles viennent s'accumuler.  En effet, les arbres, les montagnes, les mers, les pierres, les collines, les ruines, les dunes, les quartiers et les villes…sont chargés de signification historique. A travers la complexité de ces aspects paysagers et leur variété, on peut lire l'origine et les caractéristiques de chaque période constituant le passé profond d'un territoire. On peut identifier les racines des habitants et constater l'ensemble de leurs actions pour s'enraciner dans un lieu et préserver son unité face aux menaces externes. Par le biais de leur fonction d'intermédiaires, on peut savoir comment les différents aspects d'un paysage peuvent être les jalons d'une histoire nationale et constituer les fragments d'une mémoire collective. C'est le rôle qu'assigne Yasmina Khadra à la Casbah, dans A quoi rêvent les loups, où Nafa Walid, le personnage principal, retourne systématiquement pour se ressourcer. Cela se traduit aussi à travers le regard porté sur le maquis, symbole de la dignité algérienne pendant la révolution, qui se transforme en lieu sacrilège, synonyme de terrorisme lors des années 90. 

       L'évocation du paysage peut s'appréhender comme étant une revendication d'une appartenance spacio-identitaire. L'attachement à l'espace local peut refléter une forme de résistance au processus de désintégration qu'une immixtion étrangère risque d'opérer au sein d'une société pour l'extraire à sa force de cohésion. Cette attitude nous renseigne aussi sur la résistance des individus à la modernité et à toutes formes de pouvoir susceptibles de les transformer en « statues de pierre », selon Rachid Mimouni, décrivant des paysans rendus méconnaissables par des politiques immorales, dans Le fleuve détourné.

L'espace local peut paraître comme étant ce lieu dans lequel on (re)vient re(découvrir) ses racines après des années d' errance, cette strate particulière et indispensable dans un processus de construction dans lequel s'engage un individu en quête des différentes composantes de son identité. C'est le cas des personnages de Boualem Sansal dans Le village de Allemand où les deux frères Schiller ont dû se lancer dans un long périple pour se rendre à Ain Deb, un petit village à Sétif, afin de renouer avec leurs origines et leur histoire et par conséquent concilier les fragments de leur identité éparpillée entre l'Algérie, la France et l'Allemagne.

         Lors de notre colloque, il sera question de montrer comment les images paysagères, riches en significations, s’agencent dans et par le texte. Les différentes communications auront pour objet de faire constater la diversité des regards et la richesse des interpréta­tions qu'inspire le rapport paysage/écriture dans la littérature algérienne francophone d'après l'indépendance.

Axes d'intervention :

-La description du paysage comme expérience de soi.

-Paysage et identité.

- Paysage et culture.

-Paysage et histoire / Le paysage comme lieu de mémoire.

-De la vision coloniale à la vision nationale du paysage algérien.

-Refus du pittoresque orientaliste et prise de possession d'un espace libéré dans l'Algérie d'après 1962.

- Dé-territorialisation et re-construction de l'espace conceptuel comme refus de l'assignation dans un lieu qui serait seul à pouvoir définir l'identité.

-Le Machrek dans la littérature algérienne francophone.
-L'espace de l'émigration et son ambivalence : fascination ou rejet.

-La description du paysage comme résistance aux flux de la mondialisation.

-La conception du paysage dans le domaine éducatif.

 

Proposition de participation :

Les propositions de communication comportant un titre, un résumé d'environ 500 mots (en Times New Romans 12, interligne 1.5, format Word) et une courte notice bio-bibliographique devront être adressés avant le 15 janvier 2015 à :   paysagealgerien@univ-medea.dz

-L'envoi des propositions au comité scientifique se fera en aveugle.

Publication des actes :

La publication d'une sélection d'articles est prévue dans la revue Didactiques du Laboratoire de Didactique de la Langue et des Textes (LDLT) de l'Université de Médéa.

Comité scientifique :

Abdelouahab Dakhia              (PR, Université de Biskra)

Agnès Spiquel                        (PR, Université de Valenciennes)

Amina Bekkat                        (PR, Université de Blida)

Assia Kacedali                       (PR, Université Alger 2)

Catherine Brun                       (MCF, Université Paris 03)

Charles Bonn                         (PR, Université Lumière-Lyon 2)

Denise Brahimi-Chapuis      (PR, Université Paris VII)

Faouzia Bendjelid                 (PR, Université d'Oran)

Fatima Goual                         (MCA, Université de Ouargla)

Fatima  Grine-Medjad          (MCA, Université d'Oran)

Françoise Simonet-Tenant   (PR, Université de Rouen)

Guy Dugas                             (PR, Université Paul Valery-Montpellier 3)

Hadj Miliani                          (PR, Université de Mostaganem)

Hamid Nacer-Khodja           (MCA, Université de Djelfa)

Hédia Abdelkefi                   (PR, Université de Tunis El Manar)

Sadek Aouadi                        (PR, Université de Annaba)

 

Président :

PR.  Djamel Kadik, Université de Médéa

Comité d'organisation :

Ameur Naib - Chafia Ammi - Djelloul Haboul - Farid Azizane - Imane Benimam - Kamel Ghettas - Leila Kerboubi - Mohamed Rafik Benaouda - Sid Ahmed Tassist - Amouri Nourelhouda.

Responsable:

Chihab Besra

 Calendrier :

- 15 janvier 2015 : Date limite d'envoi des propositions.

- 15 février 2015 : Notification aux auteurs.

- 25 mars 2015 : Date limite d'envoi des textes retenus.

- 21-22 avril 2015 : La tenue du colloque.