Colloque : Le « silenced'or » des poètes surréalistes
Paris-Sorbonne (Paris-IV), 9 et 10 juin 2011
La musique n'aurait pas, dit-on,la faculté d'exprimer un message en dehors d'elle-même. Ce qui justifierait laprovocatrice exclusion posée en 1925 par André Breton : « que la nuittombe sur l'orchestre ». S'appuyant sur les théories esthétiqueshégéliennes, celui-ci considère la musique comme un art confusionnel, ence qu'elle est désavantagée par rapport à la poésie en ce qui concerne lacommunication d'un contenu concret. Néanmoins, ce que la musique perd enmatière de dénotation, elle le gagne en expressivité. La musique a à voir avecdes expériences si fondamentales qu'un poète ne peut s'en détourner sans quecela tire à conséquence.
Ce colloque se veut uneinterrogation sur les raisons de la possible défaveur de la musique auprès despoètes, sur les raisons de tenir à distance un art au plus près des perceptionsimmédiates et sur les pas qu'il reste à parcourir aux musiciens autant qu'auxpoètes afin de partager « un peu de terre sonore et vierge ». Ons'interrogera d'une part sur l'expérience de la musique dans lesurréalisme. Est-ce que la musique a la même place que la poésie dansl'appréhension du monde ? Quid de la musique dans l'appréhension dela poésie ? Est-ce que la musique peut avoir la même fonction que lapoésie ? Afin d'éclaircir la place de la musique dans le surréalisme, ils'agira de définir en quoi celle-ci a été exclue ou incluse dans lesurréalisme, et d'analyser les débats que cette inclusion ou cette exclusion aprovoqués.
D'autre part, il s'agira de sedemander en quoi la musique continue de constituer une source d'inspirationpour les poètes. On explorera donc les phénomènes de rencontresmusico-littéraires dans les textes surréalistes. On interrogera ainsi lesdifférentes modalités de présence de la musique dans le texte :l'évocation de musique comme thème, la mise en valeur des qualités acoustiquesdes mots, mais aussi les mises en musique. La réunification de la poésie et dela musique dépassant leur antagonisme était-elle possible et mêmesouhaitable ? En quoi, en définitive, le rejet surréaliste de la musique,loin d'être seulement une question factuelle, est la conséquence d'une crise dela poésie dans ses formes, la poésie devenant le lieu d'une réflexion critique,qui trouve son origine bien avant le surréalisme et se prolonge bien aprèslui ?
Comité scientifique
Henri Béhar – Yves Bonnefoy – Pierre Brunel – Sébastien Arfouilloux
Les propositions de communication seront reçues par lesorganisateurs jusqu'au 15 octobre 2010. Elles sont à envoyer à :sebastien.arfouilloux@paris.iufm.fr.