Parmi les genres pratiqués par Apollinaire, à côté de la poésie, du récit, ou même de la critique et de l’écriture journalistique, le théâtre est sans doute le moins pris en compte par la critique. S’il en est ainsi, c’est peut-être que le poète n’a voué une ambition certaine à cet art que sur le tard, essentiellement durant la guerre, avec ses trois pièces rassemblées dans les Poésies complètes de 1956 : Les Mamelles de Tirésias, Couleur du temps et Casanova, pièces d’esprit et de statuts très différents.
Le contenu et la forme de la première ont produit un effet de scandale qui peut se prolonger, mais ils se sont substantiellement signalés aux yeux de la critique. Ainsi a-t-il existé très tôt un numéro de la série Apollinaire de la Revue des lettres modernes (n° 4, « Autour des Mamelles de Tirésias », 1965) et l’on rappellera l’ouvrage de Peter Read, Apollinaire et les Mamelles de Tirésias. La revanche d’Éros, 2000.
Le reste de l’œuvre théâtrale est moins prisé par la critique. Il y eut certes deux autres livraisons de la même série, plus tardives (n°18, « Casanova », 1991, et n° 20, « Clés pour Couleur du temps », 2000), après un dixième colloque de Stavelot consacré à « Apollinaire et le théâtre » (1980 ; actes dans Berenice, 1981). Mais, en dépit de ces événements distants dans le temps, où, souvent la question n’est abordée que de façon latérale, on ne dispose pas aujourd’hui d’une réflexion globale sur la production théâtrale d’Apollinaire ou sur sa position à l’égard du genre.
Le colloque qui sera organisé en 2014 à Stavelot entend reprendre la question, en appelant à de nouvelles perspectives, en renouvelant les approches, les méthodes et les questionnements. S’il ne s’agit pas d’atteindre d’emblée cette nécessaire synthèse, il conviendrait d’en tracer les prérequis, afin de ne pas maintenir dans une ombre partielle un pan entier d’une œuvre multiforme.
Les pistes et thèmes proposés sont donc multiples : il est loisible d’aborder plusieurs questions :
– embrasser l’ensemble du corpus théâtral (non seulement les trois pièces mentionnées, mais aussi les quelques textes publiés ensuite et qui figurent dans les tomes I et III des Œuvres en prose complètes dans la Pléiade), ou se focaliser sur l’une des pièces ;
– étudier la question de l’émergence du genre chez Apollinaire dans une période bien précise, la guerre ;
– situer comparatistement cette production dans son époque ou dans une tradition ;
– interroger l’unité ou la pluralité de la voix d’Apollinaire dans ce genre ;
– chercher les relations multiples, à divers points de vue, du théâtre apollinarien avec les autres genres, singulièrement la relation génétique, générique ou oppositive du théâtre avec la poésie ou la prose ;
– par exemple, revenir sur la « théâtralité » de sa poésie (dialogue, scène) et de sa prose ou, à l’inverse, sur la poéticité de son théâtre ;
– réexaminer, après plusieurs études existantes, la place du théâtre dans l’œuvre en prose, singulièrement dans Le Poète assassiné, mais aussi ailleurs ;
– enfin aborder la place du théâtre et le discours d’Apollinaire sur ce genre dans l’œuvre critique et la production journalistique.
Le colloque aura lieu au début du mois de septembre 2014, à Stavelot, et durera deux jours. Les dates précises seront fixées ultérieurement.
Les propositions de communications peuvent être adressées avant le 31 décembre 2013, sous la forme d’un résumé d’une demi-page minimum, à :
Gérald.Purnelle@ulg.ac.be ou à daniel.delbreil@univ-paris3.fr
Une organisation de l’université Paris 3 – Sorbonne nouvelle (équipe « Esprit nouveau en poésie »), de l’université de Liège et de l’Association internationale des Amis de Guillaume Apollinaire.