Compte rendu publié dans le dossier critique d'Acta fabula "Écritures du savoir" (avril 2012, Vol. 13, n°4) : "Une étincelle entre deux épées" par Laurence Giavarini.
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Michel Foucault, Leçons sur la volonté de savoir. Cours au Collège de France (1970-1971). Suivi de Le savoir d’OEdipe
Paris : Gallimard/Seuil/Presses de l'EHESS, coll. "Hautes Etudes", 2011
EAN 9782020860246.
336 p.
Prix 23EUR
Présentation de l'éditeur :
Inaugural à plus d’un titre, ce cours réinterroge le sens des savoirs décrits par Michel Foucault.Voici la transcription de la première année des cours de Michel Foucault au Collège de France. Sa publication marquera une date dans la « réception» de Foucault. On ne pourra plus le lire comme avant. On y découvrira la profonde unité du projet qui va de Surveiller et Punir (1975), dominé par les thèmes du pouvoir et de la norme, à L’Usage des plaisirs et Le Souci de soi (1984), consacrés à l’éthique de la subjectivité.
Ces Leçons sur la volonté de savoir rappellent que le travail de Michel Foucault n’a jamais eu qu’un objet : la vérité. Surveiller et Punir achève une enquête sur le rôle des formes juridiques dans la constitution du dire vrai, dont on découvre ici les premiers jalons. La vérité naît dans des conflits, la concurrence des prétentions qui trouvent dans les rituels du jugement judiciaire la possibilité de départager qui a raison et qui a tort. Au sein même de la Grèce antique se succèdent et s’affrontent différentes formes juridiques, différentes manières de partager le vrai et le faux, où viendront bientôt s’inscrire les querelles des sophistes et des philosophes. Sophocle, dans OEdipe roi, met en scène la puissance propre des formes du dire vrai : elles instituent le pouvoir comme elles le destituent. Contre Freud, qui fera d’OEdipe le drame d’un inavouable désir sexuel, Michel Foucault montre que la tragédie articule les rapports de la vérité, du pouvoir et du droit. L’histoire de la vérité est celle de la tragédie. Au-delà de l’irénisme d’Aristote qui plaçait la volonté de vérité dans le désir de connaissance, Michel Foucault approfondit la vision tragique de la vérité inaugurée par Nietzsche, qu’il arrache dans un dialogue souterrain avec Deleuze à la lecture heideggerienne.
Qui osera parler, après ce cours, d’un Foucault sceptique ?