Marielle Macé, Façons de lire, manières d'être
Paris : Gallimard, coll. "NRf Essais", 2011, 304 p.
EAN 9782070133031 — 18,50EUR
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Une des Lettres de la Magdelaine de Ronald Klapka, que l'on pourra lire ici, s'intéresse notamment à cet ouvrage.
"N'ayez pas peur de vous laisser dominer par la littérature!", Le Monde des livres (31/03/11)
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Marielle Macé a donné une Postface à ce livre lors d'une journée au Collège de France "Dix ans de théorie", à l'initiative d'Antoine Compagnon, dont les actes ont été publié dans Acta fabula.
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La lecture n'est pas une activité séparée, c'est l'une de ces conduites par lesquelles, quotidiennement, nous donnons un aspect, une saveur et même un style à notre existence.
« J'allais rejoindre la vie, la folie dans les livres. (…) La jeune fille s'éprenait de l'explorateurqui lui avait sauvé la vie, tout finissait par un mariage. De ces magazines et de ces livres j'ai tiréma fantasmagorie la plus intime… » Lorsque le jeune Sartre lève ainsi une épée imaginaire et serêve en héros après avoir lu les aventures de Pardaillan, il ne fait rien de très différent de ce quenous faisons tous quand nous lisons, puissamment attirés vers des possibilités d'être et despromesses d'existence.
C'est dans la vie ordinaire que les oeuvres se tiennent, qu'elles déposent leurs traces et exercent leur force. Il n'y a pas d'un côté la littérature, et de l'autre la vie, dans un face-à-face brutal et sans échanges qui rendrait incompréhensible la croyance aux livres, un face-à-face qui ferait par exemple des désirs romanesques de Sartre (ou de la façon dont Emma Bovary se laisse emporter par des modèles) une simple confusion entre la réalité et la fiction, et par conséquent un affaiblissement de la capacité à vivre.
Il y a plutôt, dans la vie elle-même, des formes, des élans, des images et des styles qui circulent entre les sujets et les oeuvres, qui les exposent, les animent, les affectent. Dans l'expérience ordinaire de la littérature, chacun peut ainsi se réapproprier son rapport à soi-même, à son langage, à ses possibles : car les formes littéraires se proposent dans la lecture comme de véritables formes de vie, engageant des conduites, des démarches, des puissances de façonnement et des valeurs existentielles.
Spécialiste de littérature française moderne, Marielle Macé est chercheuse au CNRS. Elle estnotamment l'auteur d'un ouvrage très remarqué et qui fait autorité : Le Temps de l'essai. Histoired'un genre littéraire en France au XXe siècle (Belin, 2006)
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Table des matières :
La lecture, dans la vie
« Dans le style des hirondelles »
Une conduite esthétique
Un moment d'individuation
Maniérisme de l'existence
Infléchir ses perceptions
Se retrancher
Lever les yeux de son livre
Gestualité du sens
Lire dans le train
La contrainte d'un pli mental
Préférences, styles perceptifs
Suivre un nouvel auteur
Voir avec Baudelaire
Trouver son rythme
« Un petit tour dans l'avenir »
Ce qui aurait pu être
Transfusions de temps
Hémorragies de durée
Une histoire à soi, un style à soi
Un lecteur en colère
« La vitesse de mon âme »
Se donner des modèles
Bovarysme des formes
La vie en forme de phrase
« Conduire des conduites »
L'avance des phrases
« Autrement dit »
Triomphe de l'usage ?
Un dandysme des signes
Trouver sa phrase.