Patrick Boucheron, Conjurer la peur
Paris: Editions du Seuil
24 oct. 2013
288 p. — 33 euros
Vous ne connaissez peut-être pas son nom mais vous l’avez déjà vue. On l’appelle « fresque du Bon gouvernement ». Ambrogio Lorenzetti l’a peinte dans le palais communal de Sienne en 1338, dix ans avant que la Peste noire ne le précipite dans la mort. Elle captive aujourd’hui encore par le foisonnement de ses détails et la force de ses allégories. Mais comment rendre compte de son mouvement d’ensemble ? Sur le mur nord siègent les figures allégoriques du « Bon gouvernement ». À l’ouest, une longue paroi étale sa réplique funeste, la cour des vices, et une cité en proie aux flammes de la haine sociale. À l’est, au contraire, se déploie une peinture majestueuse de la ville en paix et de ses campagnes.
En rendant l’œuvre au climat d’urgence qui l’a suscitée et qui lui donne sens, Patrick Boucheron lui restitue sa fraîcheur et sa puissance, son sens politique et son actualité. Dans les années 1330, la commune de Sienne est menacée par la seigneurie c’est-à-dire par cette forme de gouvernement personnel qui subvertit les principes républicains de la cité. Comment résister à la tyrannie, éteindre le brasier de la guerre et réapprendre l’art de bien vivre ensemble ? Pour survivre dans son intégrité politique, la commune doit persuader de sa légitimité, et surtout de ses bienfaits. Car ce qui fait le bon gouvernement n’est pas la sagesse des principes qui l’inspirent ou la vertu des hommes qui l’exercent. Mais ses effets concrets, visibles et tangibles sur la vie de chacun. La fresque de Lorenzetti est le récit fiévreux d’un combat politique jamais gagné d’avance, toujours à recommencer.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage…
Sur laviedesidees.fr :
"Donner à voir le gouvernement libre?", par J.-F. Spitz
Comment interpréter la fresque « Du bon gouvernement » peinte par Lorenzetti en 1138 dans le palais communal de Sienne ? Fait-elle l’éloge de la loi qui garantit la concorde dans la cité et protège les individus, ou de la sagesse qui dirige naturellement les hommes vers le bien commun ?
Et sur le site nonfiction.fr:
"De l'inquitéude démocratique (au Moyen Âge)".
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Du même auteur:
L'Entretemps, Lagrasse, Verdier, 2012
Léonard et Machiavel, Lagrasse, Verdier, 2008
Avec Sylvain Venayre, L'Histoire au conditionnel, Paris, Mille et une nuits, 2012
Avec Nicolas Delalande, Pour une histoire-monde, Paris, Seuil, 2013
Direction d'ouvrages collectifs:
Avec Vincent Azoulay, Le Mot qui tue, une histoire des violences intellectuelles de l'Antiquité à nos jours, Seyssel, Champ vallon, 2009
Avec Nicolas Offenstadt, L'Espace public au Moyen Age, débats autour de J. Habermas, Paris, PUF, coll. "Le Noeud gordien", 2011
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