Référence bibliographique : Paul van Ostaijen, Jazz métaphysique (Metafiziese Jazz), 2017.
Jazz métaphysique / Metafiziese Jazz. Poème de Paul van Ostaijen issu du recueil 1918-1921, De Feesten van Angst en Pijn (Les Fêtes d’angoisse et de douleur). Collection : Bauhaus-21, Granville, 2017.
Livre d'artiste bilingue, traduction française inédite par Jan H. Mysjkin, avec l’œil complice de Pierre Gallissaires. Conception, infographie, dessins à l’encre de Chine et au pastel par Serge Chamchinov. Polices de caractère Haettenschweiler. Format : 33,2 x 33,2 cm, papier Fabriano 225 g/m², construction leporello. Fait chez l'artiste à 12 variantes différenciées.
Bien avant le glorieux Jazz (1947), de Henri Matisse - livre qui marque l’apogée du lien entre la musique, l’écriture et l’art plastique -, un poème peu connu, Jazz métaphysique, dédié à Fritz Stuckenberg, a été écrit par le poète flamand Paul van Ostaijen à Berlin en 1918. C’est un des premiers textes littéraires dédiés au jazz. Pourtant oublié, caché, presque exilé, ce chef-d’œuvre surprenant prend la forme d’un livre d’artiste aujourd’hui. Le livre Jazz métaphysique, sorti dans les collections du MELA, visualise un des dix-huit poèmes du manuscrit De Feesten van Angst en Pijn (« Les Fêtes d’angoisse et de douleur », 1918-1921). Celui-ci contient une centaine de pages d’un manuscrit jamais traduit en français. Cent ans après sa création, le Jazz métaphysique apparaît en France sous la forme d’un livre d’artiste de la main de Serge Chamchinov. La conception du livre suit l’esprit mixte de la musique de jazz. Les mots sont presque insaisissables, puisqu’ils sont dispersés parmi les signes dessinés. Cet ouvrage suscite une explosion d’émotions et un écho de souvenirs, ainsi qu’un réel intérêt pour l’art synthétique, celui du livre d’artiste. Toujours fidèle aux interprétations typographiques (voir sa méthode de la typographique analytique), cette fois, l’artiste Serge Chamchinov nous invite à une aventure poétique. Il la met à l’intérieur de ses Figures mécaniques, dessinées à l’encre de Chine et au pastel sur une bande en papier d’une dizaine de mètres. Chaque page de son livre leporello représente pratiquement un rébus, pour lequel le lecteur doit entreprendre une recherche intellectuelle propre à déchiffrer des énigmes visuelles. Cette expérience, liée aux avant-gardistes des années 1910-1920, hérite donc de ses meilleurs procédés, mais propose une vision nouvelle sur le système de relations entre ce qui est écrit et ce qui est dessiné. Dans l’espace du livre – la troisième dimension s’ajoute aux deux dimensions de la page carrée 33 x 33 cm, car le volume est composé en leporello –, l’artiste nous montre vingt séquences d’un court-métrage. Et voilà une partition graphique, une variation des formes-rythmes, une combinaison des couleurs (blanc, noir, bleu, or), un jazz-band visuel, une danse des lettres, où l’on ressent la pluie des sons et où l’on perçoit le mouvement des personnages-instruments…
Paul van Ostaijen (1896-1928) est un poète belge d’expression flamande. Son œuvre avant-gardiste est très peu connue en France. Le Jazz métaphysique présente pour la première fois la traduction française du poème qui fait partie du recueil De Feesten van Angst en Pijn (« Les Fêtes d’angoisse et de douleur »). Dans la perspective, ce volume sera suivi de dix-sept autres ouvrages composant ainsi l’ensemble des livres d’artiste. Cet ensemble mettra en scène les textes issus de De Feesten van Angst en Pijn (« Les Fêtes d’angoisse et de douleur ») et sa première traduction intégrale en français. Par ce projet l'artiste veut célébrer le centenaire de ce recueil de Paul van Ostaijen.