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Penser le fragment littéraire contemporain

Penser le fragment littéraire contemporain

Publié le par Marion Moreau (Source : Thomas Carrier-Lafleur)

Penser le fragment littéraire contemporain

Colloque étudiant 

Québec, 4 mai 2012

 

La résurgence de la pratique de l'écriture fragmentaire, à laquelle nous assistons depuis près de trois décennies, et qui coïncide avec l'avènement du poststructuralisme, a entraîné un certain déplacement de la problématique du fragment, mais sans en diminuer pour autant la complexité. Inscrit dans le sillage d'une quadruple crise – oeuvre, totalité, généricité, sujet – que nous pouvons identifier à la modernité, le fragment semble se placer sous le signe d'une idéologie de l'incapacité et de la démission.

Ainsi Maurice Blanchot parle-t-il de l'exigence fragmentaire en tant qu'esthétique nécessaire devant un monde, un temps, où les certitudes sont révolues. Le fragmentaire apparaît comme un langage autre associé au N(n)eutre, qui ouvre la parole à une autre temporalité et qui déroge du logos : « Neutre serait l'acte littéraire qui n'est ni d'affirmation, ni de négation et […] libère le sens comme fantôme, hantise, simulacre de sens, comme si le propre de la littérature serait d'être spectacle » (1969 : 448-449). Ni positive, ni négative, l'écriture fragmentaire fait le « pas au-delà », le pas vers la mort qui, dans la suspension de l'acte, ouvre au dialogue et à la parole plurielle. Chez Roland Barthes, le fragmentaire s'impose comme forme devant ce Monstre de la totalité que constitue le livre, « le grand livre dont [il est] incapable […] un livre de savoir et d'écriture, à la fois système parfait et dérision de tout système, une somme d'intelligence et de plaisir » (1975 : 176). Renonçant à la maîtrise d'un système, le fragment invente un nouvel espace d'écriture et de lecture, un espace « ouvert » pour produire le pluriel. Penser le fragment convoque simultanément de nombreuses réflexions, de nature théorique, esthétique, historique, intermédiatique et interdisciplinaire.

De tels questionnements seront amenés à être développés dans le cadre du colloque étudiant « Penser le fragment littéraire contemporain », qui aura lieu au Département des littératures de l'Université Laval (Québec, Canada), le vendredi 4 mai 2012, au local 3244 du pavillon Charles-De Koninck. Vous êtes invités à nous faire parvenir une proposition de 250-300 mots (problématique, corpus, méthodologie) ainsi qu'une courte notice biobibliographique (coordonnées, affiliation, sujet de recherche de mémoire ou de thèse), avant le 15 octobre 2011, aux adresses suivantes : thomas.carrier-lafleur.1@ulaval.ca, julia.hains.1@ulaval.ca.

 

 

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Ne seront pas priorisées les propositions visant à étudier le rôle du fragment dans une oeuvre littéraire donnée, mais bien celles qui centreront leur réflexion esthétique et poétique autour du thème du fragment en lui-même et pour lui-même. Les communications seront de 20 minutes. Des demandes de subventions seront déposées, mais les participants doivent s'attendre à s'acquitter eux-mêmes des frais de déplacement et de séjour.

 

Bibliographie sélective :

BARTHES, Roland, Roland Barthes par Roland Barthes, Paris, Seuil, 1975.

BLANCHOT, Maurice, L'écriture du désastre, Paris, Gallimard, 1980.

BLANCHOT, Maurice, L'entretien infini, Paris, Gallimard, 1969.

COMPAGNON, Antoine, La seconde main ou le travail de la citation, Paris, Seuil, 1979.

GALAY, Jean-Louis, « Problèmes de l'oeuvre fragmentale : Valéry », dans Poétique, n31(septembre 1977), p. 337-367.

GOLDMANN, Lucien, « Le tout et les parties », dans Le Dieu caché, Paris, Gallimard, p. 13-31.

LACOUE-LABARTHES, Philippe et Jean-Luc NANCY, L'absolu littéraire. Théorie du romantisme allemand, Paris, Seuil, 1978.

LAVOIE, Carlo, Lire du fragment. Analyses et procédés littéraires, Montréal, Éditions Nota bene, 2008.

LORIN, Claude, L'inachevé. Peinture. Sculpture. Littérature, Paris, Bernard Grasset, 1984.

MICHAUD, Ginette, Lire le fragment. Transfert et théorie de la lecture chez Roland Barthes, Montréal, Hurtubise HMH, 1989.

QUIGNARD, Pascal, Une gêne technique à l'égard des fragments, St-Clément-la-Rivière, Fata Morgana, 1986.

RIPOLL, Ricard, L'écriture fragmentaire. Théories et pratiques, Actes du 1er Congrès International du Groupe de Recherches sur les Écritures Subversives (GRES), Perpignan, Presses Universitaires de Perpignan, 2002.

SUSINI-ANASTOPOULOS, Françoise, L'écriture fragmentaire. Définitions et enjeux, Paris, Presses Universitaires de France, 1997.

 

Comité d'organisation

Thomas Carrier-Lafleur

Julia Hains

 

Comité scientifique

René Audet

Benoit Doyon-Gosselin

Julia Hains

Marie-Hélène Voyer