Appel à contribution pour un numéro spécial des Cahiers Octave Mirbeau
Dans son roman Dingo, Octave Mirbeau adopte le point de vue d’un chien sauvage aujourd’hui en voie de disparition pour faire le portrait féroce d’un microcosme social, une petite ville de province et ses habitants. Il déteste tout ce qui porte un uniforme et pense bas, les puissants et les égoïstes. Il soutient les faibles et les victimes de la société, même si son instinct de chasseur, auquel il tient, le pousse à dévorer les poules et les moutons. Il est aussi d’une fidélité à toute épreuve, et meurt d’une jaunisse, pour ne pas abandonner sa maîtresse victime d’un grave accident.
Ce roman va bien au-delà des valeurs que le naturalisme associe habituellement à l’animal. Il en fait le vecteur d’une satire sociale sans concession. Et, à travers elle, d’une réflexion de fond sur la place de l’homme dans le monde : « J'avais tort de vouloir inculquer à Dingo des notions humaines, des habitudes de vie humaine, comme s'il n'y eût que des hommes dans l'univers et qu'une même sensibilité animât indifféremment les plantes, les insectes, les oiseaux, tous les animaux et nous-mêmes. »
Mirbeau est-il seul à se poser ce genre de question ? À la suite du Dictionnaire du roman de mœurs, qui donne un inventaire déjà très complet des animaux mobilisés par les romanciers réalistes et naturalistes, il est en effet permis de croire que la seconde moitié du 19e siècle a inventé une relation nouvelle entre les bêtes et les hommes qui rend leurs souffrances indissociables et parallèles. Si l’on en juge à l’aune de la sensibilité qui se développe chez nos contemporains, c’est là un aspect de la modernité du naturalisme qui n’a sans doute pas assez été mis en lumière. Le présent collectif vise à interroger les usages symboliques, politiques et écologiques de l’animal naturaliste.
Les Cahiers Mirbeau souhaitent publier un volume spécialement consacré à ces questions dans le courant de l’année 2018. En fonction des budgets disponibles, ce volume sera imprimé ou publié sur le net. Sauf cas motivé, on souhaite éviter les analyses trop monographiques (« le cheval de mine dans Germinal ») et privilégier un propos transversal, centré sur une figure animale.
Les propositions de collaboration, avec un bref résumé, sont à envoyer à Paul Aron et Clara Sadoun-Edouard pour décembre 2016.
Les articles, de max. 20000 signes, seront envoyés pour l’été 2017.