
Georges Didi-Huberman
Imaginer recommencer. Ce qui nous soulève, 2
Minuit, oct. 2021
De quoi procèdent nos gestes de soulèvement ? D’une certaine puissance à en finir avec quelque chose. Mais, aussi, à imaginer que quelque chose d’autre est en train de recommencer. Ce livre propose les éléments d’une anthropologie de l’imagination politique dont on s’apercevra, très vite, qu’elle ne va pas sans une philosophie du temps et de l’histoire.
À la structure tous azimuts du premier volume de cette enquête répond ici un propos concentré sur le moment politique, intellectuel et artistique lié au soulèvement spartakiste de 1918-1919 en Allemagne. Que se passe-t-il lorsqu’une révolution, ayant chez beaucoup fait lever l’espoir, se trouve écrasée dans le sang ? Que reste-t-il de cet espoir ? On découvre qu’à partir du Malgré tout ! lancé par Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg à la veille de leur assassinat, c’est toute la pensée moderne du temps et de l’histoire qui se sera trouvée remise en chantier, « recommencée » : notamment par Ernst Bloch et Walter Benjamin, les deux personnages principaux de ce livre (qui s’opposèrent à la pensée du temps mise en place, à la même époque, par Martin Heidegger).
C’est toute une constellation qui gravite ici autour de Bloch et de Benjamin. Elle compte des penseurs tels que Hannah Arendt ou Theodor Adorno, Martin Buber ou Gershom Scholem ; mais aussi des écrivains tels que Franz Kafka ou Kurt Tucholsky ; des dramaturges tels que Bertolt Brecht ou Erwin Piscator ; des artistes visuels tels que George Grosz ou John Heartfield, Käthe Kollwitz ou Willy Römer.
La leçon que nous proposent ces survivants d’une « révolution trahie » est considérable. Elle innerve toute la pensée contemporaine à travers le prisme de l’imagination politique. Elle nous incite à repenser l’utopie à l’aune d’un certain rapport entre désir et mémoire : ce que Bloch nommait des images-désirs et Benjamin des images dialectiques. Elle nous aide, ce faisant, à ouvrir la porte et à faire le pas.
Feuilleter l'ouvrage…
Voir le livre sur le site de l'éditeur…
*
Table des matières
Il est grand temps (devant la perte) . .
Suspendre l’histoire : Spartakus . . . . .
Mais... dans quelle inactualité ?. . . . .
Prendre le temps à la racine ?. . . . . . .
Bondir depuis les tourbillons. . . . . . .
Pour commencer, pensons au pluriel
« J’étais, je suis, je serai... malgré tout ». . . . .
Barricades de papier, pour lire et relier les temps. . . . . . . . 167
... Et pour rire sans trop pleurer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
« Allons-nous donc renoncer à être romantiques ? » . . . . . 211
Romantisme, ambiguïté, politique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
Savoir espérer : les possibles reprennent couleur . . . . . . . 253
Phénoménologie de l’esprit utopique . . . . . . . . . . . . . . . . 269
Rêves rouges surgis de poussières soulevées . . . . . . . . . . . 281
Le monde expérimenté dans ses images-désirs . . . . . . . . . 305
« Il y aura une fois... », ou la tempestas poetica . . . . . . . . . 327
L’imagination, notre Commune. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 343
L’œil de la chouette et l’imagination radicale . . . . . . . . . . 375
Historicité, imaginaire, institution. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 395
Modes d’existence et façons de recommencer . . . . . . . . . 419
Mondes sens dessus dessous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 439
L’éternel retour des constellations utopiques . . . . . . . . . . 465
L’histoire chahutée par ses anachronismes . . . . . . . . . . . . 483
N’ai-je pas déjà vu ce futur quelque part? . . . . . . . . . . . . 505
Résister, par rythmes et contretemps. . . . . . . . . . . . . . . . . 525
Les bonds de tigre des damnés de l’histoire . . . . . . . . . . . 539
Réinventer nos filiations de révolte . . . . . . . . . . . . . . . . . . 557
Pour témoigner de l’advenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 591
Prophètes profanes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 619
Il est grand temps (devant la porte). . . . . . . . . . . . . . . . . . 639