Samuel Kunkel, L'orphisme et le roman post-romantique. Édouard Schuré, Joséphin Péladan, Arthur Machen, Algernon Blackwood
Couramment employé comme synonyme de « mysticisme », l’orphisme désigne une expression artistique caractérisée par la vision surnaturelle de l’artiste, qui surgit souvent en période de crise spirituelle. Dans le cas des quatre romanciers français et britanniques qui font l’objet de cet ouvrage – Édouard Schuré, Joséphin Péladan, Arthur Machen, et Algernon Blackwood – la crise découle d’un climat de décadence qui s’abat sur le continent européen à la fin du XIXe siècle, provoquant une laïcisation de la société et une sécularisation de l’art.
Face à cette atmosphère de déclin, ces romanciers entreprennent de composer des œuvres de fiction dont les enjeux reposent sur une philosophie spirituelle complexe, mais néanmoins facile d’accès au lecteur néophyte susceptible de tirer bénéfice de la quête gnostique dépeinte sous leur plume.
Or, parler d’un orphisme romanesque c’est aussi parler d’un paradoxe, dans la mesure où le texte cherche désormais, sous une forme simplifiée, à transmettre au plus grand nombre un savoir ésotérique traditionnellement réservé aux initiés. Pour faire face à un monde en pleine évolution, ces écrivains doivent donc explorer non seulement les limites de leur foi, mais aussi celles de l’expression littéraire.
Samuel Kunkel est docteur en littérature comparée et travaille également comme traducteur. Il a publié récemment un recueil d’œuvres en prose de Schuré et est rédacteur de « Faunus », le journal d’études de la Société d’amis d’Arthur Machen.