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Les états extrêmes du sujet dans le récit à la première personne de la Renaissance aux Lumières (Sorbonne nouvelle)

Les états extrêmes du sujet dans le récit à la première personne de la Renaissance aux Lumières (Sorbonne nouvelle)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Nathalie Kremer)

“Lettres 18”, la composante dix-huitièmiste de l’EA 174 FIRL (Formes et idées de la Renaissance aux Lumières) à l’Université Sorbonne Nouvelle lance à partir de janvier 2024 un nouveau cycle de séminaire de recherche sur

Les états extrêmes du sujet dans le récit à la première personne de la Renaissance aux Lumières

(voir le descriptif ci-après). 

Les séances auront lieu régulièrement les vendredis après-midi, de 14h à 16h30, de janvier 2024 à décembre 2025. 

Toute personne travaillant sur ce sujet et/ou cette période, et intéressée à faire une conférence dans l’une des séances du séminaire, est invitée à soumettre une proposition de sujet d’une page maximum, avec bio-bibliographie succincte, aux organisateurs avant le 15 septembre 2023 :

Marc.Hersant@sorbonne-nouvelle.fr 

Nathalie.Kremer@sorbonne-nouvelle.fr

Erik.Leborgne@sorbonne-nouvelle.fr

Le séminaire de recherches propose d’étudier, dans le récit à la première personne de la période moderne, les « états extrêmes » d’un sujet se décrivant dans les paroxysmes de son existence intérieure : on s’intéressera ainsi aux états d’extase (tels que les décrivent par exemple les mystiques sainte Thérèse ou Mme Guyon), aux moments de révélations (comme la célèbre illumination de Vincennes de Rousseau, racontée dans ses Lettres à Malesherbes puis dans ses Confessions) ou de ravissement (comme celui qui envahit Saint-Simon au Lit de Justice de 1718, décrit comme le moment le plus intense de toute sa vie, ou encore l’extase de Rousseau racontée dans la seconde promenade des Rêveries), aux états émotionnels violents (comme ceux de Monluc à l’issue des rêves qu’il raconte dans ses Commentaires), aux états suicidaires (comme celui-que décrit Cleveland au moment de la fuite de son épouse) ou de détresse extrême, aux moments où le sujet est entre la vie et la mort (comme ceux que décrivent Montaigne ou, dans ses Rêveries encore, Rousseau), aux moments d’exaltation créatrice ou de folie (comme ceux que dépeint Hölderlin dans plusieurs lettres autobiographiques), aux points culminants de la jouissance sexuelle (comme ceux qui sont décrits par les narrateurs des romans-Mémoires libertins, dans l’Histoire de Juliette ou dans bien d’autres récits érotiques ou pornographiques), etc. 

L’attention se portera tout particulièrement sur la manière dont le « narrateur » rend compte d’états extrêmes ayant affecté son « moi » passé et sur le sens qu’il donne à ces moments de son existence au moment de son écriture, dans le retour réflexif qu’il porte sur eux, pour analyser notamment les similitudes et les différences qui apparaissent entre des états « extrêmes » de nature religieuse, sexuelle, sentimentale ou politique, sur le type de rapport au temps induit par ces états extrêmes, sur les moments où le paroxysme émotionnel coïncide au moins en partie avec l’écriture elle-même, etc. On se demandera également si les types d’expériences décrits sont de la même espèce dans le champ du récit fictionnel et dans celui du récit non fictionnel. Des interventions sur de grands modèles autobiographiques antérieurs (comme les Confessions de saint Augustin ou la Divine comédie) ou sur des textes étrangers (les mystiques espagnols ou les romans picaresques) pourront enrichir la réflexion collective. D’autres pourront ouvrir des perspectives sur l’avenir de la littérature, comme les hallucinations nervaliennes, les différents épisodes de « mémoire involontaire » chez Proust ou encore les « instants merveilleux » de Musil – à condition de les situer dans un temps long du témoignage de l’être humain sur les moments paroxysmes de sa vie psychique. On se demandera, enfin, à travers quels déplacements (ou détournements) certains motifs fondamentaux de la littérature de la première modernité (celui de l’extase, entre autres) se sont progressivement affranchis de leur ancrage religieux initial pour susciter tout un imaginaire de l’« extase profane ».



“Lettres 18”, la composante dix-huitièmiste de l’EA 174 FIRL (Formes et idées de la Renaissance aux Lumières), propose un séminaire de recherches régulier sur le récit à la première personne du XVIe au XVIIIe siècle (avec des extensions possibles à la fin du Moyen Âge et à la période romantique), fidèle à une tradition ouverte par les travaux de René Démoris à l’Université Sorbonne Nouvelle, et intéressé à étudier le récit à la première personne dans toutes ses réalisations, fictionnelles ou non : Mémoires, roman-Mémoires, récit de voyage, récit spirituel et mystique, autobiographie… 

Le premier cycle de séminaire, conduit de 2020 à 2023 (avec une interruption en 2020-21), portait sur « Le travail de la mémoire » dans les récits à la première personne de la modernité. Les interventions feront l’objet d’une publication.