« Après-coup » est la traduction du terme allemand Nachträglichkeit forgé par Sigmund Freud à la toute fin du XIXe siècle. Son hypothèse est alors la suivante : le souvenir refoulé d’une première expérience peut ne se transformer « qu’après-coup (nachträglich) en traumatisme », avec la survenue d’un nouvel événement. L’après-coup permet ainsi de penser le désajustement temporel entre l’événement et sa signification, son éventuelle compréhension ou ses effets. Au XXe siècle, cette pensée inédite de la temporalité et de la causalité s’est déployée en parallèle d’autres modèles qu’elle met en crise ou dont elle permet la critique. Elle a intéressé la psychanalyse, la philosophie mais aussi la littérature.
Quels rapports entretient aujourd’hui la littérature avec l’idée d’après-coup ? De quelle manière la Nachträglichkeit permet-elle d’historiciser et de problématiser le paradigme actuel du trauma ? Pour tenter de répondre à ces questions, le présent ouvrage étudie des textes de Nicole Caligaris, Annie Ernaux, Philippe Forest, Laurent Mauvignier et Patrick Modiano, envisagés comme des pensées et des poétiques originales de l’après-coup. Il retrace, en outre, l’histoire croisée du trauma et de l’après-coup et offre une introduction aux trauma studies, champ d'étude en pleine expansion avec lequel il engage un dialogue critique.
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