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Nouvelle parution
La Revue des Lettres modernes, Série Colette, n° 1 : Colette. Réinventer le métier d’écrire (Guy Ducrey dir.)

La Revue des Lettres modernes, Série Colette, n° 1 : Colette. Réinventer le métier d’écrire (Guy Ducrey dir.)

Publié le par Marc Escola (Source : Classiques Garnier)

La Revue des lettres modernes, Série Colette, n° 1 : Colette. réinventer le métier d’écrire

Paris, Classiques Garnier, La Revue des lettres modernes, 2023

Lancée à l’occasion du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de l’écrivaine (1873), la Série Colette est dirigée par Guy Ducrey, secondé par un Conseil scientifique composé de Flavie Fouchard, Jacques Dupont et Corentin Zurlo-Truche.

Des quelque trente séries consacrées à des écrivains par la prestigieuse Revue des lettres modernes depuis les années 1960, Colette était absente. Le long chemin de sa classicisation, parachevé par son entrée à la Bibliothèque de la Pléiade de 1984 à 2001, en quatre volumes, ne l’avait-il pas, pourtant, qualifiée pour cet honneur ? Les hasards de la recherche institutionnelle, et peut-être aussi l’entreprise, si précieuse et utile, les Cahiers Colette publiés annuellement par la Société des Amis de l’écrivaine, avaient écarté des collections Minard la créatrice des Claudine, l’observatrice hors pair de La Chatte, et l’adoratrice de toute Naissance du jour. Il fallut attendre 2023, et le cent-cinquantième anniversaire de celle qui naquit « Sidonie-Gabrielle Colette » un 28 janvier 1873 à Saint-Sauveur-en Puisaye, pour que cet oubli soit enfin réparé.

Portée par la vague d’intérêt prodigieuse que la vie et l’œuvre de l’écrivaine ont suscitée depuis une trentaine d’années, et dont les woman, queer ou cultural studies anglo-saxonnes ont accéléré l’élan, mais aussi les études environnementales, la critique universitaire colettienne connaît un nouveau dynamisme et se renouvelle en profondeur. Et, cinq ans après le Dictionnaire1 que lui ont consacré quatre-vingt chercheurs répartis sur trois continents, elle a de nouveaux défis scientifiques à relever. Par exemple : comment échapper, pour continuer à étudier Colette, à la tyrannie du tout-biographique, puisque la romancière n’a cessé de transposer, en la déformant par un jeu de cache-cache systématique, sa vie dans son œuvre ? Car si le biographique fait assurément vendre, il expose aussi aux risques de la redite et du poncif celle qui fut tour à tour, et parfois simultanément, romancière, pantomime, exigeante journaliste, chroniqueuse attentive, actrice régulière, 12esthéticienne occasionnelle, poète toujours… Face aux limites du récit de vie, souvent hagiographique (le stock d’anecdotes comme de lettres et documents exhumés n’est pas, après tout, infini…), il faut donc continuer à faire vivre l’œuvre, inépuisable et infinie comme toute grande création d’art.

C’est la tâche à laquelle espère s’atteler notre série, conçue comme un carrefour, à la croisée des discours et des échanges. Elle espère apporter à la connaissance de cette œuvre une richesse de points de vue et d’approches, des tentatives pour en éclairer le sens et la profondeur dont Gaëtan Picon faisait le principe de toute l’écriture colettienne. À un rythme biennal, la série proposera donc un sujet thématique, ou « dossier », suffisamment large pour inciter chercheurs et chercheuses à explorer l’œuvre selon diverses perspectives – thématique ou poétique, génétique ou mémorielle, féministe ou sociologique voire ethnocritique. Afin de situer l’écrivaine dans un contexte large et de faire émerger une pratique singulière des supports qu’elle choisit – supports multiples comme l’on sait –, une analyse comparatiste (la réception à l’étranger, les traductions) et transmédiale (la radio, les adaptations cinématographiques, l’illustration) sera vivement encouragée, qui permettra de révéler la conscience profonde des choix opérés par Colette en littérature. Enfin, ce pourra être une confrontation directe ou indirecte de l’œuvre avec les discours sociaux, culturels et artistiques de son temps que Colette brasse, sans avoir l’air d’y toucher, pour s’y conforter ou s’en démarquer. L’esthétique et la poétique de l’œuvre même, qui sont uniques et ont permis à l’écrivaine de traverser le temps, auront la part belle dans la série.

À côté du « Dossier thématique », chaque volume de la série comportera une rubrique « Variétés » – d’un terme affectionné par Colette elle-même, volontiers polysémique et hérité du music-hall et de la revue. S’y rangeront, selon les circonstances de l’actualité scientifique ou éditoriale, des articles distincts de la thématique du dossier ; mais aussi des textes retrouvés ou des documents rares, parfois traduits, et des comptes rendus. Des « Notes d’érudition colettienne » pourront aussi y trouver leur place, puisqu’aussi bien la connaissance de l’œuvre ne cesse de progresser, et ses interprétations de se multiplier. — Guy Ducrey, avec Flavie Fouchard et Corentin Zurlo-Truche

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