Entretien publié sur Acta fabula (juin 2024, vol. 25, n° 6) : « Être (ou ne pas être) un écrivain juif. Entretien avec Nelly Wolf, par Maxime Berges et Justine Brisson »
« Nous n’avons qu’un seul Dieu ! Et nous n’y croyons pas ! » ; « Dieu n’existe pas… et nous sommes son peuple élu ! » : l’humour juif donne ici un modèle pour penser la confusion qui règne en France autour de la notion de judéité littéraire. Car la littérature juive de langue française n’existe pas, et ce livre va vous en parler.
Encore faut-il s’entendre : un écrivain juif de langue française est un écrivain dont la judéité produit des effets dans le champ littéraire francophone. À l’image de sa judéité civique que le citoyen juif négocie dans l’espace politique, la judéité littéraire est confrontée à un large spectre de possibilités, dont le camouflage et l’ostentation constituent les deux extrémités.
En explorant de façon lumineuse et délicate les œuvres d’Albert Cohen et d’Elsa Triolet, d’Anna Langfus et de Bernard Frank, de Romain Gary, Georges Perec, Patrick Modiano, Serge Doubrovsky ou Nathalie Azoulai, cette enquête met en évidence l’empreinte profonde de la littérature juive de langue française sur des formes d’écriture (l’autobiographie) ou des événements de la vie littéraire (les prix Goncourt). Importance de la mémoire, centralité de la Shoah, poids des discriminations, phénomènes d’appropriation et de réappropriation culturelle, de symbiose et de séparatisme : en elle se résument les enjeux et les thèmes essentiels de notre modernité.
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Professeure émérite de l’université de Lille, spécialiste des rapports entre littérature et société, Nelly Wolf a notamment publié Le Roman de la démocratie (2003) et Le Peuple à l’écrit, de Flaubert à Virginie Despentes (2019).
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On peut lire sur laviedesidees..fr un article sur cet ouvrage :
"L’écrire-juif", par Julia Elsky… (en ligne le 30 mai 2024).