Régulièrement, En attendant Nadeau interroge un écrivain par le biais étonnant du « Questionnaire de Bolaño », créé par Emmanuel Bouju, à partir de la dernière interview du grand écrivain chilien donné à Playboy Mexique. Alors que paraît son nouveau livre, Sans valeur (éditions Bayard), c’est au tour de Gaëlle Obiégly de se prêter à l’exercice.
Quel est le premier mot qui vous vient à l’esprit ?
C’est, en même temps que le phénomène, le mot qui le désigne. J’entends du bruit. Le mot « bruit » me vient immédiatement à l’esprit.
Quelle est la différence entre ce mot et le mot « écrivain » ?
Le mot « bruit » ressemble au mot « fruit », euphoniquement et graphiquement. Le mot « écrivain », un peu à crevette ou à écrevisse. Tout dépend de la stature de l’écrivain. Un fruit ou une écrevisse ne répond pas au même genre d’appétit. Le mot « bruit » est ramassé à première vue mais extensible. Vous pouvez le décomposer en deux syllabes. C’est commode pour une poésie. Le mot « écrivain » est sec, lent, stable. Tout comme le mot « aviateur ». […]