par la rédaction d'En-attendant-nadeau.fr (mis en ligne le 7 janvier 2025)
Depuis qu’en 1972 elle a fui le Liban, où elle est née en 1937, pour venir habiter Paris, Vénus Khoury-Ghata a développé son œuvre sur deux modes : le roman et la poésie. La trentaine de titres de poésie, désormais reconnue tant en France qu’à l’étranger, est portée par un élan constant, des notations surprenantes prises sur le vif (notamment du quotidien des femmes) et une narration toujours soutenue par des formulations surgissant du plus profond de l’être. Mis en valeur par la force de ses lectures publiques, ce niveau de qualité a pour une grande part son origine dans une contradiction jamais résolue au cœur de l’écriture. Les prix obtenus, les traductions, n’y changent rien, comme en témoigne la réponse qu’elle a faite à Bernard Mazo dans un entretien datant d’il y a quelques années : « J’ai essayé de donner à la phrase française le rythme, voire la forme de la langue arabe, alors que ces deux langues n’ont rien de commun. Ce qui est beau dans l’une ne l’est pas dans l’autre… J’écrivais dans une langue et louchais vers l’autre avec l’impression de traverser des frontières à chaque phrase, de devoir payer une taxe, un impôt. »