La surprise n’a guère inspiré les philosophes. La joie, la colère, la peur oui, mais dans la famille des affects humains, la surprise a été laissée pour compte. C'est que la surprise est un phénomène difficilement assimilable pour la philosophie, qui a pour objectif d’examiner, d’argumenter. Elle génère un effet de sidération, autant physique que moral, puis, une envie irrépressible de l’éliminer à coup de rationalité. Mais n’est-ce pas le cœur de la philosophie que de s’inquiéter ? Dans un essai écrit à la première personne et au féminin qui paraît sous le titre La Surprise. Crise dans la pensée (Seuil), Natalie Depraz prend la mesure de ce concept inexploré, en retraçant l’histoire de la philosophie des affects de manière originale, moins linéaire et moins dialectique. Sont mis à jour tous les manquements des philosophes à l’égard de ce concept : Aristote, Smith, Husserl ou encore Sartre l’ont approchée, mais aucun ne s’y est réellement risqué, se cantonnant à traiter l’étonnement ou l’inattendu. La réflexion se nourrit de la psychanalyse et de l'étude des pathologies mentales, l'autrice proposant des études de cas concrètes sur les notions de choc et de trauma. Elle mêle à sa réflexion conceptuelle un récit très personnel, notamment sur la question du moment de l’annonce de la mort.
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Publié le par Marc Escola