Essai
Nouvelle parution
Gérard Gavarry, Le Cinéma de Léaud

Gérard Gavarry, Le Cinéma de Léaud

Publié le par Marc Escola

« Léaud ne tient pas en place. Quand ce ne sont pas les doigts, les mains, les bras ou le corps entier qui bougent, ce sont les yeux qui regardent à droite à gauche, comme essentiellement indisciplinés. Résultat : une image dynamisée et un réjouissant climat de liberté, mais aussi le spectacle d’un personnage/acteur livré à lui-même, sans amarres, courant en permanence le risque d’une sorte de perdition. De là que malgré la vitalité physique et verbale, malgré la malice, la gouaille, le rire (souvent contenu), le sourire (éclatant, juvénile jusque dans le visage devenu vieux), on ressente chez Léaud un fond de détresse. »

Parmi les cinquante-quatre textes du cinéma de Léaud, dix-huit analysent le jeu de l’acteur, vingt-sept textes évoquent chacun un film (Les Quatre Cents Coups, Baisers volés, La Maman et la Putain, etc.), plus précisément une séquence dans le film, choisie parce que Léaud, révélé par François Truffaut, y est exemplairement lui-même, et neuf textes décrivent chacun un souvenir personnel dans la vie de l’auteur, un moment vécu dans la réelle compagnie de Jean-Pierre Léaud. Des Quatre Cents Coups (1959) à La Mort de Louis XlV(2015), les films évoqués se succèdent dans l’ordre chronologique, de même que les souvenirs. Ce parti-pris présente l’avantage d’une mise en perspective simple et claire : l’intemporalité des textes d’analyse traduit la permanence des œuvres ; la chronologie, dans les deux autres types de textes, donne à ressentir le défilement des années et le vieillissement des individus — en particulier l’individu Léaud, bien sûr.

Gérard Gavarry a longtemps vécu parmi ses oncles et tantes d’Afrique de l’Ouest, loin de Paris qui l’a vu naître en 1946 et où il réside aujourd’hui. Ni Noir ni métis ni Blanc mais simultanément Blanc et Noir, dit-il de lui-même, il continue d’entendre le français de France sur fond de paysages, de peuples et d’usages tropicaux, sur fond aussi d’autres langues dont le concert en lui résonne comme étrange et incompris autant qu’heureusement familier.

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Un kaléidoscope nommé Léaud", par David Azoulay (en ligne le 18 juin 2024).

Dans Le cinéma de Léaud, Gérard Gavarry propose une figure de l’acteur en forme d’une succession aléatoire de prises cinématographiques, mêlant extraits de films, réflexions sur le comédien et souvenirs personnels.