Mettre les conteuses en valeur, en leur consacrant une anthologie qui fait le choix de ne sélectionner que des textes de femmes, répond à l’ambition de rappeler ce que l’histoire du conte de fées doit aux autrices. Mais, simultanément, une autre logique se dessine : l’idée que les scénarios imaginés par les conteuses tiennent, sous une forme symbolique, un discours sur les rapports entre les sexes et sur la condition des femmes. À l’abri du merveilleux et du ludisme féeriques, les conteuses ont en effet pu trouver un terrain favorable pour écrire ce qu’aucune femme ne pouvait dire, mais qu’elles pouvaient tout à fait ressentir et imaginer.
Professeure à l’Université de Nantes, Nathalie Grande est historienne de la littérature. Elle s’intéresse à la question de l’accès des femmes à l’écriture, aux genres qu’elles pratiquent, et à leur place dans l’histoire littéraire. Travaillant sur les liens réciproques entre littérature et société, sur la manière dont la mixité pouvait changer la culture, en particulier à travers l’étude du phénomène galant, elle est spécialiste de la fiction narrative au XVIIe siècle.