Actualité
Appels à contributions
Handicap & Normalité (n°10 de la revue du RIRS)

Handicap & Normalité (n°10 de la revue du RIRS)

Publié le par Eloïse Bidegorry (Source : Hicham Jirari)

Présentation de la revue du RIRS

Etant une tribune interuniversitaire, la revue du RIRS a vu le jour grâce au concours et aux contributions de ses collaborateurs et collaboratrices qui adhèrent à son positionnement académique indépendant. Appelée à paraître régulièrement deux fois par an, à raison d’un numéro par semestre, aux mois de juillet et de février, elle promeut l’édification de la pensée constructive en donnant la parole à des universitaires nationaux et internationaux animés par des valeurs humanistes universelles.

Argumentaire comptant pour le 10e numéro de la revue du RIRS

Etant une tribune interuniversitaire, la revue du RIRS a vu le jour grâce au concours et aux contributions de ses collaborateurs et collaboratrices qui adhèrent à son positionnement académique indépendant. Appelée à paraître régulièrement deux fois par an, à raison d’un numéro par semestre, aux mois de juillet et de février, elle promeut l’édification de la pensée constructive en donnant la parole à des universitaires nationaux et internationaux animés par des valeurs humanistes universelles.

 Tel que nous le connaissons et l’observons aujourd’hui, le monde est régi par des représentations binaires dont les soubassements se situent aux fins fonds des ancrages socioculturels et des conditionnements collectifs. Si l’humanité a su investir dans sa diversité et tirer profit de son évolution, elle a fait, ipso facto, de la vie sur Terre un vaste champ de contrastes où les caractéristiques et les aptitudes de tout un chacun (physiques, cognitives, comportementales, etc.) sont jugées en permanence : positives ou négatives, utiles ou inutiles, adaptées ou inadaptées … normales ou anormales.

Être différent-e, c’est normal ; être ressemblant-e, c’est rassurant ! Mais, être handicapé-e ? 

De toutes les réalités discutables dans une société quelconque, le handicap serait la plus complexe à soulever puisqu’elle traduit des préoccupations poignantes, inhérentes à l’inclusion sociale et à l’exercice de la citoyenneté. La Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées présente celles-ci comme : « des personnes qui présentent des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont l'interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à leur pleine et effective participation à la société sur la base de l'égalité avec les autres » (Nations Unies, 2006). 

La dimension sociétale, clairement évoquée dans cette définition, verse nécessairement dans la problématique de l’altérité du moment que la relation de l’individu à son environnement d’accueil s’expose à ces « diverses barrières ». Ainsi, la perception du semblable, du même et du différent prend de l’ampleur lorsqu’il s’agit de revisiter les frontières entre le "normal", le "pathologique" et l’"anormal". Dans la mesure où cette perception trouverait son essence, par exemple, dans une inférence proverbiale comme « un esprit sain dans un corps sain » (Juvenal), elle pourrait se prêter à plus d’une interprétation : la plus courante aujourd’hui (et séculaire !) en serait l’association de la normalité d’un être vivant à un état physique et mental sain.

Une telle perception semble certes naturelle de par sa logique intrinsèque. Or, cette étiquette risque de muer en norme défendue par un conformisme social derrière lequel pourrait se profiler l’exclusion de tout ce qui est jugé a-normal. Michel Foucault et Georges Canguilhem ont, à ce propos, « accordé une extrême importance aux interrelations du naturel et du culturel, du biologique et du social » (Macherey, 2009) pour comprendre l’alignement à la norme ou l’écart de la norme et les appréhender comme des paradigmes qui mobilisent plusieurs instances (politiques, juridiques, médicales) dans différentes perspectives d’études et d’actions.

Le handicap, à travers ses nombreuses manifestations, est, donc, devenu, depuis la seconde moitié du XXe siècle, une affaire d’institutions, priorisé en fonction de l’histoire des nations et des aires géographiques. En Amérique, en Europe, en Afrique en Asie ou ailleurs, l’approche du handicap est loin d’être simple. Au-delà des protocoles ratifiés à l’échelle internationale, le contrôle, la distribution et l’exploitation des richesses dans le monde préfigure la définition des enjeux stratégiques dans chaque État souverain. Du coup, si c’est une question de Droits de l’Homme avant tout chez les uns, c’est une question de conditions de vie prioritaires chez les autres. 

Bien que l’adoption de réglementations dédiées à la protection et à la promotion des personnes handicapées gagne de plus en plus de terrain, l’accompagnement du handicap n’évolue pas à la même vitesse selon qu’il s’agisse du Nord ou du Sud. Sur le plan sanitaire, un Rapport de l’OMS sur la santé dans le monde indique que « l’Afrique  dispose aujourd’hui de 2,3 personnels de santé pour mille habitants, qui sont d’ailleurs les plus mal payés au monde » et qu’il « faudrait augmenter de 139 % le nombre d’infirmiers, de sages-femmes ou de médecins pour compenser la carence de personnel qui sévit dans trente-six pays d’Afrique » ; alors que l’Europe « en compte 18,9, les Amérique 24,8, [et que] l’Asie du Sud est à 4,3 pour 1000 habitants » (OMS, 2006).

Étant une responsabilité d’ordre publique, le handicap ne concerne pas seulement les autorités gouvernementales. La cellule familiale, la société, les ONG, l’élite intellectuelle, les artistes, les chercheurs, l’école, l’entreprise, les industries, et bien d’autres, forment le cadre d’accueil des personnes handicapées. Ces dernières, contraintes, de façon provisoire ou permanente, à une relation de dépendance, confient à leur entourage non seulement leurs survies, mais également leur droit à une vie digne et normale. Une telle aspiration se nourrit au quotidien de l’échange par les communications verbale et non verbale (paroles, gestes, regards, etc.). Elle devrait aller de pair avec un savoir-vivre et un savoir-apprendre extensibles à un management de vie fondé sur une « intelligence de situation » qui gravite « autour de cinq notions essentielles : l’introspection, la compréhension, l’interaction, la réalisation et la capitalisation » (Autissier, 2009).

Même si la systématisation de ce processus dans la vie courante paraît logique voire évidente, les défis associés au développement durable, les mutations socioéconomiques, les pensées stéréotypées, et bien d’autres facteurs contextuels, auraient tendance à accentuer les ressentis des personnes atteintes de déficience en les handicapant davantage, volontairement ou involontairement par l’exclusion, la marginalisation ou encore la négligence. D’où le rôle majeur de l’organisation sociale au même titre que des instances spécialisées dans la facilitation de l’inclusion et de la reconnaissance : autrement dit, agir médicalement sur la déficience autant que faire se peut tout en veillant à élargir « la norme sociale en vue de refléter la diversité humaine » (Vanderstraeten, 2015).  

Pour y réfléchir, le numéro 10 de la revue du RIRS propose les axes suivants sans prétendre à l’exhaustivité en comptant sur les possibilités de les élargir aux champs de recherche et/ou aux domaines professionnels des soumissionnaires :             

·        Les représentations du handicap dans les littératures du monde
·        Les représentations du handicap dans les arts

·        Le handicap dans la recherche scientifique

·        L’accompagnement du handicap dans le secteur de l’éducation, de l’enseignement et de la formation
·        Le handicap et le secteur industriel
·        L’accompagnement du handicap dans le secteur médicosanitaire
·        Le handicap, la vie active et la RSE
 

Références

Autissier, D. (2009). L’intelligence de situation. Paris : Editions d’Organisation.

Juvénal. Satires. 10, 346-366, trad. Henri Clouard.

Dupont, H. (dir) (2020). L’inclusion ou la fin de la discrimination pour les personnes handicapées : Chimère ou Réalité ? Paris : L’Harmattan.

Macherey, P. (2009). De Canguilhem à Foucault, la force des normes. Paris : La Fabrique.

Nations-Unies, (2006). Convention relative aux droits des personnes handicapées. New York. URL :

https://www.ohchr.org/fr/instruments-mechanisms/instruments/convention-rights-persons-disabilities 

OMS, (2006). Rapport sur la santé dans le monde. Genève.

Michel, V. (2016). L’inclusion sociale des personnes en situation de handicap : l’accompagnement socio-éducatif pour une autonomie de vie en milieu ordinaire à l’aune de l’approche par les capabilités, Haute école de travail social et de la santé Vaud-EESP.

Schmidt, B. (2019). La bonne gouvernance passe par l’inclusion : l’inclusion des personnes handicapées dans les activités de promotion de la bonne gouvernance, GIZ.

Whittle, R. (2005) « EU disability policy and the equal opportunity principle », in Working for an inclusive society, Conférence EDRC, Malte, 15 septembre 2005, http://shura.shu.ac.uk, p. 11. Cité par Vanderstraeten, M. (2015). « II. Définir, c’est exclure : le cas du handicap ». Revue interdisciplinaire d'études juridiques, (Volume 74) (1), 91-108. URL : https://doi.org/10.3917/riej.074.0091

Conditions de soumission

Les propositions d’articles doivent être au format WORD, sous forme de textes dont la longueur est comprise entre 2000 et 10000 caractères (espaces compris) ; toutefois, dans le cas d’articles scientifiques présentés canoniquement suivant le plan : 

1>Cadre théorique / Contexte 

2>Méthodologie 

3>Résultats 

4>Discussion

La longueur seuil est fixée à 20000 caractères (espaces compris).

●  Les articles doivent être assortis de résumés rédigés en français n'excédant pas 350 mots avec 7 mots clés ; les soumissions en arabe ou en anglais doivent être doublées d’un résumé en français n’excédant pas 350 mots avec 7 mots clés également.

●  Toute proposition non conforme à ces modalités ne sera pas prise en compte par le comité de  coordination et ne bénéficiera pas d’un retour par notification.

●   Les articles doivent être saisis en TimesNewRoman 12, sans interligne, justifié ;

●   Format de page : A4, portrait ; marges 2,5 cm en bas, en haut, à droite, à gauche ;

●   Les mots et expressions en langue étrangère doivent être saisis en italique ;

●   Pour les références bibliographiques, les normes de l'APA seront de mise ; pour convertir ses références suivant ces normes, voici un site rapide d’accès : https://www.scribbr.fr/generateur-apa/

●   Les auteurs doivent s'identifier en mentionnant : leurs noms complets, leurs affiliations et leurs    emails ;

●   Les propositions d’articles doivent être envoyées sur l’adresse : reseau.rirs.contact@gmail.com

Les modalités d’évaluation

Les propositions des soumissionnaires seront évaluées en double aveugle par un comité de lecture constitué d’enseignant-e-s chercheur-e-s publié-e-s à l’échelle nationale et internationale. Ces évaluations se feront sur la base d’une grille critériée portant sur les conditions de soumissions déclinées ci-dessus et la  pertinence du fond par rapport à l’argumentaire.

Calendrier prévisionnel

    Lancement de l’appel : 04 septembre 2024

    Dernier délai pour la réception des articles intégraux : 01 janvier 2025

    Envoi des articles et des grilles d’évaluation au comité de lecture : 03 janvier 2025

    Réponses aux soumissionnaires et remise des évaluations du comité de lecture : 12 janvier 2025

    Dernier délai pour recevoir les articles définitifs modifiés : 22 janvier 2025

    Retour des articles au comité de lecture pour validation finale : 24 janvier 2025

    Renvoi définitif des articles au comité de coordination : 02 février 2024

    Mise en forme numérique du 10e numéro par le comité d’édition : 10 février 2024

    Publication du 10e numéro sur ZENODO : 24 février 2024 

 Les numéros précédents de la revue du RIRS sont référenciés sur zenodo.org :

https://zenodo.org/search?page=1&size=20&q=r%C3%A9seau%20interuniversitaire 

 Et sur le site du RIRS : https://www.le-rirs.org/ 

Coordination du numéro 10 de la revue du RIRS

Pr. Hicham Jirari

Université Hassan II - Casablanca 

E-mail : hicham.jirari@fstm.ac.ma

Pr. Aïcha Abdelouahed

Université Mohammed Premier - Oujda 

E-mail : a.abdel-ouahed@ump.ac.ma

Pr. Nabila Bhih

Université Hassan II - Casablanca 

E-mail : nabila.bhih@univh2c.ma  

Pr. Samia Belhaj

Université Sidi Mohammed Ben Abdellah - Fès

E-mail : samiabel5@hotmail.com